Vœux 2018 de Philippe FOUSSIER  Grand Maître du Grand Orient de France

Ce qui a toujours caractérisé le Grand Orient de France, c’est de savoir conjuguer la dimension initiatique de la démarche du francmaçon avec son implication dans les combats pour l’émancipation  : celui pour la République, pour la laïcité, pour le progrès social et l’égalité des droits, celui pour l’école publique, pour la justice et la dignité humaine, pour la solidarité internationale.

Depuis le XVIIIe siècle, cet engagement a été caractérisé par la construction d’une utopie que nous savons à jamais inachevée. Cette utopie, c’est la République universelle que nous bâtissons et vivons en loge et que nous souhaitons voir étendre à l’humanité toute entière. Dans nos Loges, il n’y a ni blanc ni noir, ni croyant ni athée, ni patron
ni ouvrier, ni riche ni pauvre, il n’y a que des hommes et des femmes libres et égaux en droit qui, en pratiquant cette liberté et cette égalité, établissent entre eux des rapports de fraternité.

L’universalisme est leur boussole, il postule que tous les hommes et toutes les femmes doivent bénécier d’une égale dignité, de droits égaux quels que soient leurs héritages biologiques, ethniques ou sociaux.

En 2018 sera célébré le 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Elle sera pour nous l’occasion de marteler notre attachement à l’universalisme.

Ce sera aussi le 170e anniversaire de l’abolition de l’esclavage par la IIe République. Inspirons nous du combat jadis mené par Victor Schœlcher, qui fut un combat pour l’universalisme contre ceux qui veulent séparer les êtres humains à raison de leur couleur de peau, ceux qui prétendent qu’il existe des races humaines.

Nous avons, à l’issue de cette année de célébration du tricentenaire de la franc-maçonnerie moderne, l’ambition d’être d’abord le conservatoire de ce progrès hérité du Siècle des Lumières, qui contient et illustre les principes d’humanisme et d’universalisme. Nous avons en effet le devoir de le conserver pour le transmettre. D’autant que, de toute part, ses adversaires relèvent la tête. Ils « essentialisent » sans cesse, ils pratiquent l’assignation identitaire permanente.

Et alors que Victor Schœlcher avait précisément banni la ségrégation raciale, voilà que de nouveaux racistes viennent la raviver en ce début de XXIe siècle. Comme si la xénophobie n’était déjà pas
suffisamment revendiquée.

Face à ces obsessions identitaires, les francs-maçons opposent la revendication égalitaire. Contre le repli, contre la fermeture, contre une société de communautés juxtaposées, les francs-maçons défendront toujours ce qui rassemble les hommes, ils rappelleront sans cesse que ce qui les unit est infiniment plus important que ce qui les
différencie, que ce qui les sépare.

Ces courants obsédés par la race, les origines, les liens du sang, l’ethnie et la couleur de peau appellent la mobilisation énergique et combative de ce que nous sommes ardemment : des républicains universalistes qui continueront sans relâche à abattre les murs entre les êtres humains.

Ce combat pour l’universalisme est la tâche urgente à laquelle les francs-maçons, au-delà de leurs sensibilités et de leurs approches, doivent se consacrer. Jamais nous ne céderons au fatalisme, à la résignation et au pessimisme. Rappelons cette phrase de Victor Schœlcher en 1848 : « La République n‘entend plus faire de distinction dans la famille humaine ». Soyons à la hauteur de ce combat.

Oui, l’humanisme de combat est plus que jamais d’actualité.

Meilleurs vœux à tous !

Philippe Foussier, Grand Maître du Grand Orient de France