Cette loge a été classé au Monument historique du Poitou-Charentes (voir l’article « Rochefort : Un temple maçonnique classé au Monument Historique« )
La loge l’Accord Parfait fut fondée en 1776 afin d’accueillir les Frères de la Marine en poste ou en relâche dans les ports, et ainsi établir la différence avec les loges régimentaires plus mobiles. Pierre Simon Paul Flamen en fut le fondateur et au cours de la décennie 1780, celle-ci s’étoffa d’officiers de marine et de fonctionnaires civils. En 1832, cette loge fut frappée d’interdiction par le ministre de l’Intérieur de Louis-Philippe : les Frères se dispersèrent, les biens et le mobilier furent vendus publiquement. Lors de son réveil en 1841, l’Accord Parfait se réunit avant d’acquérir en 1842 et 1843 deux immeubles rue Lafayette à Rochefort, et des travaux indispensables à l’aménagement et la décoration des temples commencèrent. Après le décès en 1847 du Frère Lagaudin, l’Accord Parfait poursuivit seul son travail maçonnique, franchissant ainsi un Second Empire hostile, résistant à la tempête de la Commune et franchissant le siècle avec 130 Frères sur les colonnes. En 1904, suite à un refus de l’Atelier de se plier aux directives du Grand Orient de France, la loge se scinda en deux et la Démocratie fut alors créée. Si certains temples furent profondément endommagés par les troupes d’occupation et refaits à la Libération, celui de Rochefort fut épargné et pour cette raison, constitue l’un des rares exemples subsistants de décors maçonniques du XIXe siècle. L’ancienneté de la loge l’Accord Parfait et la continuité quasi ininterrompue de ses travaux depuis sa fondation en 1776, lui permirent de constituer un véritable fonds culturel ; il est probable que très tôt une bibliothèque maçonnique ait été fondée. L’émancipation de la classe ouvrière fut une préoccupation essentielle pendant toute la seconde moitié du XIXe siècle et le projet d’une bibliothèque populaire fut évoqué dès 1866. Avec 6000 ouvrages reliés inscrits au catalogue de 1934, l’Accord Parfait assuma pendant 3/4 de siècle une oeuvre importante d’accompagnement individuel et d’aide à la promotion sociale de la population ouvrière de la ville-arsenal de Rochefort. Saisis en application des décrets de dissolution, les livres furent vendus à l’encan le 23 novembre 1943, à l’exception du fonds maçonnique qui fut enlevé par les allemands ; un marchand de chaussures rochefortais acquit la totalité des ouvrages pour son fils handicapé, et la restitua spontanément à la Libération. A la Libération, après que le local et les biens mobiliers spoliés pendant l’occupation lui aient ét restitués, la loge fut une des premières de France à reprendre ses activités autour de cinq Frères qui, malgré l’occupation, ont continué à travailler. Depuis, elle poursuit sans interruption ses travaux et regroupe une communauté de près de cinquante membres.
Sources :
- La loge maçonnique de Rochefort va être classée monument historique – Reportage de France 3 Atlantique
- Fonds de l’association loge maçonnique l’Accord Parfait à Rochefort