Tu pensais que pour vivre et mener son destin
Il fallait tout combattre, et dès le grand matin
S’armer contre les autres pour faire son chemin
Ecarter sans férir les obstacles têtus
Afin de réussir, à être toujours vêtus
A être toujours pourvu de tout le nécessaire
Grimper toujours plus haut, s’agiter dans le faire
Chercher dans l’apparence de quoi se satisfaire
Et regarder de haut les autres se défaire
Et puis un jour, hasard, regarder le miroir
D’un regard pénétrant ; un jour enfin se voir
Chargé d’obscurités, cherchant pourquoi, ce pas !
Vers un chemin nouveau pourtant vide d’appâts
Perdu dans ce grand vide creusé par nous même
Nous voilà sans repère, étonné, presque blême
D’avoir perdu ce temps, oublieux, gaspilleur
D’avoir cherché le rien conduisant au malheur
Possédant, possédé, vivant dans la surface
Accordant attention à ce semblant d’espace.
Et puis ce long silence comme une traversée
Et puis ce bel envol véritable percée
Trouant la nuit stérile d’une vie enfermée
Cette porte entr’ouverte à nos pas malhabiles
Alourdis des métaux et de pensées fragiles
Etourdi d’être neuf, un instant recréé
Un nouvel univers dont on sent la montée
Donne à la pensée une nouvelle piste
Au centre de laquelle en véritable artiste
Nous devons travailler, prudemment, ardemment
A nous construire nous- mêmes, cherchant précisément
L’outil le plus propice, à cette œuvre incessante.
Nous ne sommes plus seul pour cette tâche urgente
Une main prend la notre et dans nous, ce qui pense
Se tourne enfin vers l’autre, dont le regard s’anime
Sur le même chemin. Sur ce chemin d’estime
Qui s’éclaire lentement au prix des espérances.
Dans le jour déclaré d’un Orient immense
La lumière nous espère, nous espérons en elle
La rejoindre est le but, en y restant fidèle
Nos infidèles yeux sont enfin décillés
Mais il faut prendre garde à ne pas oublier
Qu’a chaque instant qui passe, notre âme sera traîtresse
A l’affût des instincts, de nos viles faiblesses.
Sous le ciel étoilé quelque chose palpite !
Quelque chose de grand, qu’il faut que l’on médite
L’infini s’ouvre enfin à notre espoir fidèle
Attacher à créer en nos cœur un modèle
Ecartant de nos voies les roides certitudes
Eloignant de nos pas les vaines habitudes
La tête enfin dressée vers le tout, ciel immense
Nous devinons derrière les nuées qui s’avancent
Une raison de plus de poursuivre nos pas
De penser que l’avoir ne nous regarde pas
Que c’est l’être qui compte et qui doit tout donner
Pour qu’il puisse renaître sans tout abandonner
L’autre me reconnaît, c’est par lui que j’existe
Le moi est haïssable, si longtemps il persiste
Mon frère regardons nous en paix et en confiance
Faisons des trois lumières une intime alliance
Qu’en nos cœurs apaisés, éclairés sans défiance
Naisse un lieu où la paix, la sagesse se fiancent
Que l’amour enfin couronne cet édifice
Que l’amour ne soit jamais un vain artifice
Qu’il rayonne de nous, quelques soient nos douleurs
Et qu’avec tous nos Frères nous soyons cœur à cœur.
Source : http://reea.kazeo.com