Dans son nouvel ouvrage à paraitre début septembre 2022, le spécialiste de la franc-maçonnerie en Lorraine, Jack Chollet, raconte l’histoire du célèbre couvent nancéien de nonnes de la Visitation, aujourd’hui le lycée Poincaré, qui abritait une loge maçonnique militaire.
Nancy : une loge maçonnique au lycée Poincaré – un article de France 3 Région Grand Est
Passionné d’Histoire, Jack Chollet s’attache à faire des recherches sur les francs-maçons lorrains des siècles passés et à faire connaître leurs existences de façon authentique et inédite. Son dernier ouvrage traite du couvent de la Visitation de Nancy où se réunissaient au milieu du 18e siècle des francs-maçons militaires.
« C’est l’histoire d’un couvent nancéien dans une Lorraine très catholique avec des religieuses qui sont issues de milieux huppés, de grandes familles lorraines qui y envoient leurs filles ou qui y sont placées », raconte l’auteur. « Les aînées de ces familles étaient souvent mariées à des hommes illustres, à qui il fallait payer d’importantes dotes. Comme suite logique, les dernières étaient placées au couvent. »
Vers 1745, la mère supérieure Louise-Françoise de Rosen, une ancienne luthérienne alsacienne qui avait été placée au couvent de la Visitation dans sa jeunesse, reçoit une missive d’un membre de sa famille. Son neveu, le chevalier Eléonor Félix de Rosen lui demande l’autorisation d’utiliser les locaux du couvent pour y installer une loge maçonnique. Avant de mourir, la tante répondra favorablement à la demande de son neveu de pratiquer des tenues maçonniques dans le monastère.
« On constate donc que c’est avant 1746, date de son décès, que ce fait aurait pu se produire et qu’il aurait été le point de départ d’une tolérance prorogée par les autres supérieures du monastère », écrit l’historien. « Or, on apprend tout de même que l’immédiate religieuse qui lui succède à la tête du monastère, n’est autre que sa nièce Marie-Anne Sophie de Rottembourg qui aurait émis une certaine réticence à poursuivre cette collaboration jugée sulfureuse. » Il ajoute : « Mais, comme l’apport financier des francs-maçons n’était pas négligeable dans le contexte de l’époque où les religieuses avaient beaucoup de difficultés à faire vivre la communauté, la nièce aurait continué à recevoir les francs-maçons et peut-être encore bien après durant les supériorats des révérendes suivantes. »
Cette loge ne durera pas, mais en revanche, vers les années 1780, un membre d’une autre famille alsacienne très puissante, Gérard de Rénevald, qui a sa sœur religieuse au couvent de la Visitation, souhaitera créer une nouvelle chapelle. Comme il est également franc-maçon, il va œuvrer à obtenir des fonds. En tant que ministre de Louis XVI, beaucoup de bienfaiteurs vont participer comme les princesses Adélaïde et Victoire, qui sont les petites filles de Stanislas, Marie Antoinette et puis évident les francs-maçons par l’intermédiaire des Rénevald.
« Alors bien sûr, c’est moyennant la possibilité de mettre des symboles maçonniques dans la chapelle », conclut Jack Chollet. « Effectivement, il y a des symboles qu’on dit être maçonniques, mais c’est très difficile car les symboles maçonniques sont souvent très proches des symboles de la catholicité : il y a des colonnes, des chiffres du cosmos, des étoiles à cinq branches, le chiffre six de la création, le chiffre dix de la Connaissance qu’on retrouve dans les quatre-cent-quatre-vingt motifs dans le dôme de la chapelle. »
Jack Chollet sera présent au Livre sur la Place les vendredi 9 et samedi 10 septembre 2022 pour dédicacer et parler de son dernier ouvrage ainsi que de ses livres précédents.