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TROIS SIÈCLES D’ANTI-MAÇONNERIE EN ITALIE (partie 2)- CONTRIBUTION DE VABADUS

Après, TROIS SIÈCLES D’ANTIMAÇONNERIE EN ITALIE – Partie 1 – LE BARRAGE DU CASTOR, voici la suite :

TROIS SIÈCLES D’ANTIMAÇONNERIE EN ITALIE

Partie 2

La Grande Loge d’Italie a publié sur son site, une histoire de l’antimaçonnisme en Italie en listant tous les faits les plus significatifs d’attaque contre la Franc-Maçonnnerie. Cet article vise à sensibiliser les Maçons italiens, dans un contexte actuel où l’antimaçonnisme dans le pays sévit fortement. Il montre également que ce sont près de trois siècles d’antimaçonnisme qui ont marqué l’Italie et d’autres pays européens qui ont en commun des racines chrétiennes. Il montre  également qu’en fait l’Èglise catholique est  dans le temps et dans l’espace la première force antimaçonnique.

Nous avons repris une grande partie des faits cités par la GLDI en répartissant les données sur deux articles. Le premier article déjà publié s’intéressait aux évènements survenus entre 1725 et 1944.

Nous avons  respecté l’ordre chronologique des faits tel que présenté par  la GLDI dans son texte que vous pouvez découvrir sur le site de l’obédience http://www.granloggia.it/page/antimassoneria

Nous  poursuivons ci-dessous cette présentation à partir de l’année 1945.

ÉVÈNEMENTS ANTIMAÇONNIQUES SURVENUES DE1945 À 2008

-1945: L’évêque  de Marsico et Potenza définit dans un document officiel que la maçonnerie est traitre à la Patrie et ennemie de l’Église

-1947 – 1948: S’étudie à l’Université du Sacré Cœur de Milan Matura le projet de lancer un référendum pour mettre la maçonnerie hors la loi.

-1948: Dans la Roumanie communiste la maçonnerie est interdite par la loi et les Frères les plus en vue sont arrêtés.

-1949: Idelfonso Schuster, Archevêque de Milan considère la Maçonnerie, ensemble au spiritisme, au communisme, et au protestantisme, comme le plus grand péril pour la conscience.

-1968: Le périodique de la  CSL (Confédération des Syndicats Libres) “Mondo Domani” publie sous la signature de Giuseppe Chiarini une longue série d’articles antimaçonniques avec pour certains articles une liste des adhérents.

-1978: L’Espresso publie les noms de  452  Vénérables  Maîtres italiens.

-1981 (printemps): Explose l’affaire de la « P2 ». A Castiglion Fibocchi (ville de résidence de Lucio Gelli) est obtenue la liste de 1500 noms d’inscrits à la Loge de Licio Gelli.

-1981(Septembre): S’installe la Commission parlementaire d’enquête sur la Loge  P2.

– 1982: Est lancée la  Loi 17 qui déclare dissoute la loge P2 en raison de l’article 18 de la Constitution. 

1983 (Janvier): Nouveau Code du Droit Canon qui ne fait plus référence à l’excommunication des maçons.

– 1983: La Fondation Gramsci organise à Florence : « Aspects de la présence maçonnique à Florence ».

-1983 : Est promulguée une Loi régionale de la Toscane qui prévoit l’obligation de déclarer l’inscription à toute association quelle qu’elle soit.

-1983 (Novembre): La Sacrée Congrégation pour la Doctrine de la Foi précise : “reste pour autant sans changement la sentence négative de l’Église sur la maçonnerie […] et qui veut que les Chrétiens  adhérents à la maçonnerie tombent en péché mortel et ne peuvent accéder aux sacrements «.

-1984 (12 Juillet): La Commission P2 termine ses travaux. Les actes sont publiés en 106 tomes de 117.113 pages.

-1985 – 1989: Exposé de l’avocat Montorsi de la  Procure de Bologne sur les présentes interférences des maçons (autour de  50) dans la vie publique citadine. L’enquête conduite par Libero Mancuso se conclue en acquittement général.

– 1990: Rapport Racheli au Conseil supérieur de la Magistrature : La Maçonnerie peut représenter un danger pour les institutions.

-1992 – 1992: Petite anthologie de la presse périodique sur la Maçonnerie Cordova:

(Sont cités des extraits d’articles “Avvenimenti”, “Il Giornale »“La Stampa « “L’Unità” « “Il Manifesto « » “L’Indipendente” ; tous ces articles accusent la Maçonnerie de toutes les turpitudes plus ou moins criminelles et les maçons « d’être partout ».”

-1994: La Loge P2 est acquittée de l’accusation d’avoir comploté contre le Pays

-1995: Est publié le llvre de Guarino, L’Italie de la honte.

Passage caractéristique : «Les autres  P2, noms et loges cachés jusqu’à ce jour, région par région. Milliers de maçons insoupçonnables,  des maçons  politiciens, militaires, journalistes, acteurs, avocats, fonctionnaires de l’État, médecins. Tous de haut niveau. La liste des maçons sous peu en procès, la dénonciation  du juge de Agostino Cordova». (note personnelle : ce procureur de Palmi  fut chargé d’une enquête sur la Maçonnerie italienne qui, au bout de 8 années, ne donna lieu à aucune inculpation)

-1995 (8 Juin): Délibération de la Province de Florence : “Ne peuvent être nommé comme représentants de la Province les personnes appartenant et affiliés à des associations secrètes de toutes  natures et aux loges maçonniques.

IV. DUEMILA

2001 (2 Août): Le Tribunal européen condamne à l’unanimité l’Éta italien au paiement d’une amende de 10.000.000 de lire pour avoir  consenti  le maintien de la loi 24/96 de la Région Marche, violant l’article 11 de la Convention européenne des droits de l’homme et de la liberté  fondamentale d’association. La cour retient que “La liberté d’association revêt une telle importance qu’elle ne peut subir aucune limitation”.

– 2007 : D’une  révélation  de l’intermédiaire d’affaires Massimo Pizza (note personnelle : Pizza est alors accusé de corruption) a lancé l’enquête du Substitut du Procureur  de la République  de Potenza Henry John Woodoock qui demande à  103 préfectures d’avoir les listes des adhérents  des loges maçonniques. L’enquête est encore en cours, la presse parle  d’une implication de loges dévoyées.

– 2008: La Procure de la République de Livourne ouvre une enquête sur la gestion de “Porto 2000”. Un tel cadre requiert  les listes des livournais adhérents à la maçonnerie. Le “Corriere di Livorno” publie de telles listes, mais  précise que les affiliés à la  Gran Loggia d’Italia ne sont pas impliqués  dans l’enquête en cours.

– 2008 (17 Juin): En Sicile a commencé une enquête dans laquelle certains impliqués sont accusés de faire retarder les procès contre certains boss de la mafia. Comme parmi les enquêtés il y a deux présumés maçons, l’enquête est baptisée  “Hiram”.

– 2008 (17 Juin): Déclaration du Sénateur du Parti Démocrate Giuseppa Lumia: “Il existe un rapport capillaire entre la mafia et les secteurs de la maçonnerie, mais chaque fois que l’on cherche ce fait, il y a dans notre pays,  même dans les médias, une étrange conjuration du silence, y compris de la part des politiques ». Les mafias sont fortes par leur capacité à tisser des rapports avec les autres centres de pouvoir, et parmi ceux-ci les loges cachées et dévoyées. La prochaine commission antimafia devra enquêter avec courage et rigueur sur ces liens qui ne sont certes pas récents, mais qui ont vraiment mal été affrontés ».

Ø      2008 (26 Juin): L’Onorevole. Antonio Di Pietro, interviewé par  Klaus Davi de “Klauscondicio” déclare: “Il existe une Maçonnerie blanche, connue, qui a des principes libres et une histoire. Mais il existe aussi une autre, installée dans le temps, qui fait un usage instrumentalisé des associations pour faire carrière, jeux de pouvoir, contrôle de la politique et de l’information. Dans ces années se sont construites tant de P2 : une nous l’avons connue. Tant d’autres ne nous sont pas connues et agissent tous les jours ».

2008 (28 Juillet ) Ferdinando Rossi du Mouvement Politique des Citoyens dans un communiqué affirme : « On devrait parler de ce problème : la finance et la maçonnerie. Cette dernière est l’organisation qui a en main les partis, qui fait gagner  et qui crée des accords avec la criminalité organisée. Mais les partis ne le font pas car ils sont eux aussi compromis ».

– 2008 (Septembre) : le mensuel “La voce delle voci”, publie la première partie  d’une liste de “26.410 adhérents aux loges maçonniques », ville par ville.  

– 2008 (Octobre) : la publication de la liste des adhérents aux loges maçonniques se poursuit au nom de la « liberté de la presse ».

– 2008 (Novembre): troisième  « tranche » de la liste des adhérents aux loges maçonniques. La revue considère la maçonnerie comme un péril.

(note personnelle : nous possédons une liste contenant des dizaines de milliers d’identités de maçons italiens comme nous possédons des listes d’identités de maçons français, ces fichiers étaient  assez facilement accessibles par n’importe qui sur la toile).

LES IRRADIATIONS NOCIVES DU VATICAN VISANT LES MAÇONS

On perçoit à travers les faits relatés ci-dessus que des attaques antimaçonniques dans cet état démocratique qu’est l’Italie proviennent des corps constitués. Le principe du secret d’appartenance est fortement mis en cause et l’affaire de la Loge P2 a bien entendu pollué la situation.

La liberté d’association est au cœur du problème pour les maçons italiens, liberté  fort heureusement défendue par la Cour européenne qui a rappelé à l’Italie que « cette liberté d’association a une telle importance qu’elle ne peut subir aucune limitation ». La situation italienne montre donc qu’il y bien une forme de « totalitarisme » d’État et des corps intermédiaires, presse comprise, qui se maintient après la période fasciste. C’est un harcèlement moral s’attaquant à leurs libertés fondamentales et à leur existence sur un plan juridique.

La première spécificité italienne c’est qu’il n’y a pas dans les esprits une idéologie dominante d’extrême gauche ou d’extrême droite y compris islamo- fasciste qui serait la souche de l’antimaçonnisme. La seule idéologie dominante souche de  l’antimaçonnisme vient du Vatican.

L’Église influence la vie politique et sociale de l’italie. Sachez par exemple que la loi sur l’avortement a été acquise dans ce pays en 1981 mais actuellement, sur injonction de l’Église,  70% des médecins obstétriciens refusent de pratiquer l’IVG.

Le Vatican a toujours soutenu en Italie et ailleurs,  les pouvoirs totalitaires quand ils affirmaient les sources chrétiennes du pays  et s’attaquaient aux maçons en les désignant comme « l’ENFER ». Elle continue cette propagande et cela fonctionne dans toutes les couches de la population et des pouvoirs. Depuis 300 ans il n’y a jamais eu de bulles papales condamnant les mafieux qui ont accompli durant cette période, des dizaines  de milliers de meurtres. Mais il y a eu plus de 20  condamnations de la FM. Cela m’a inspiré quelques vers :

Monsieur le Pontife Souverain

Remplacez ce sixième commandement

Précepte apostolique et romain

Devenu péché véniel avec le temps

Remplacez le par cette  formule

Qui claque comme un coup de poing

En cohérence avec vos bulles

« Franc-Maçon tu ne seras point »

UNE VOLONTÉ D’ANÉANTIR LA FRANC-MAÇONNERIE ITALIENNE

L’affaire de la loge P2 a lancé une nouvelle forme d’antimaçonnisme  fait d’accusation de collusion systématique entre FM et Mafia. C’est la seconde spécificité  italienne.

La Mafia est une organisation secrète, pratiquant l’omerta et l’entrisme dans toutes les sphères de la société. L’accusation de collusion systémique avec les loges où l’on pratique le secret était inévitable et rend la position des maçons difficile en Italie. En effet la Constitution précise dans son article 18 : « Les citoyens ont le droit de s’associer librement, sans autorisation, dans des buts que la loi pénale n’interdit pas aux individus. Sont interdites les associations secrètes et celles qui poursuivent, même indirectement, des buts politiques au moyen d’organisations de caractère militaire. »

Avec un tel article et avec un milieu mafieux répandu dans le pays les accusations : « maçonnerie = société secrète » + « mafia = organisation secrète»,  sont un moyen facile d’antimaçonnisme. Cette persécution s’exprime  de façon  de plus en plus virulente.

Certes on ne peut nier qu’en France comme en Italie l’entrisme des affairistes dans les loges soit une réalité. J’ai trouvé sur le Momasite  ce proverbe que le site présente comme une boutade de Daniel Ligou :

« Tutti è Massoni non sono farabutti ma tutti i farabutti possono essere Massoni« (Tous les maçons ne sont pas des gredins mais tous les gredins peuvent être maçons).

Mais en Italie on affirmera que  les mafiosi polluent les Loges par affairisme et pour comploter leurs actions criminelles. Pour certains analystes il y a possiblement quelques « zones grises » en Calabre et Sicile avec  de réelles capillarités, mais non constatées réellement.

L’animateur du blog « 357 et plus » a consacré plusieurs articles sur la situation actuelle de la maçonnerie italienne montrant les attaques  subies  par les Loges du fait des accusations  de collusions supposées avec la mafia. À lire   :http://357.hautetfort.com/archive/2017/04/03/le-clin-d-oeil-du-grand-orient-d-italie-a-3-5-7-et-plus.html

Ces  articles  ont été, à ce jour, parmi les premiers à alerter  les maçons français sur l’antimaçonnisme italien en vue « d’anéantir  la franc-maçonnerie » comme le dit le Grand Maître Stéfano Bisi du G.O d’Italie.

Dans les articles Il est notamment écrit :

« En octobre dernier, Mme Rosy Bindi, présidente de la très active commission parlementaire chargée de la lutte contre la mafia, avait d’ailleurs demandé en vain au Grand Orient d’Italie qu’il fournisse la liste complète de ses membres. Le Grand Maître Bisi avait évidemment refusé d’accéder à cette demande au nom du respect de la liberté d’association et de la vie privée. »

« La commission parlementaire a donné cet ordre en dehors de toute procédure judiciaire alors même que les prétendus liens entre la mafia calabraise et la franc-maçonnerie n’ont jamais pu être établis. »

« Aux dernières nouvelles, le Grand Orient d’Italie a saisi la justice pour contester la légalité de la demande de la commission parlementaire. »

Le blog fait état par aileurs, d’un article intitulé « Abolissons la Franc-Maçonnerie » du célèbre hebdomadaire L’Espresso qui  a entrainé immédiatement une réaction énergique du Grand Maître Stefano Bisi du Grand Orient d’Italie affirmant notamment :

« L’idée de chasse à l’homme est toujours confortée par la demande par la Commission anti-Mafia de produire les listes de maçons, par la tentative :vulgaire et anti-juridique de ne pas nous remettre les documents de l’enquête Cordova archivée en 2000 et par l’attention morbide des médias. Mais les francs-maçons du Grand Orient d’Italie ont réussi à surmonter bien d’autres épreuves et à ne pas s’incliner devant les fascistes et défaitistes qui complotent toujours dans l’ombre. Maintenant, face à cette nouvelle tentative maladroite de discréditer la franc-maçonnerie et de l’anéantir, elle sera prête à se battre partout car elle ne porte pas atteinte à la plus grande loi de notre Constitution : le droit de la penser librement, droit qui est depuis trois cents ans le point de repère des francs-maçon. Nous ne nous laisserons pas intimider et influencer par quiconque. »

FACE À DANGER, LES OBÉDIENCES FRANÇAISES N’AFFIRMENT PAS LEUR SOLIDARITÉ AUX MAÇONS ITALIENS ! POURQUOI ?


 

A.S.:

View Comments (1)

  • En effet bonne question.C'est le plus probablement parce que les FM français ne connaissent pas la FM italienne et
    que les Obédiences françaises ne les estiment pas assez nombreux pour être importants.
    C'est d'autant plus regrettable que les FM italiens ont affaire à un Vatican acharné à leur perte et qu'ils leur faut beaucoup de courage pour résister.