Laurent Quivogne sera en dédicaces le lundi 30 novembre 2015 entre 17h et 19h au Pouchla, 10 rue Mandar, 75002 Paris dans le quartier Montorgueil, pour son dernier ouvrage « Traversée cathare » paru aux Editions Particulières.
- Laurent Quivogne (voir le blog www.quivogne.net).
Nous avons suivi les signes rouges et blancs des sentiers balisés, mais aussi l’histoire des « bons hommes » et des « bonnes femmes », comme se nommaient eux-mêmes les cathares, dont il ne reste quasiment aucune trace, si ce n’est les châteaux construits par leurs vainqueurs, en lieu et place des villages qui ont été détruits.
Nous avons visité l’absence.
Extrait:
Châteaux cathares ! Qu’est-ce qui nous a poussés, mon épouse Valérie et moi, à partir sur les chemins cathares pour visiter ces ruines haut perchées ? Un rêve d’enfant peut-être, une fascination pour ces forteresses dignes d’un film d’heroic fantasy, juchées au sommet de falaises inaccessibles où l’on imagine des guerriers et guerrières chevauchant des créatures fantastiques. Un rêve aux antipodes de la réalité, comme nous le verrons bientôt, mais qui peut-être, tapi dans ma mémoire me fit répondre à Valérie, lorsqu’elle me demanda où j’aimerais aller cet été : visiter les châteaux cathares.
Ce rêve d’enfant était irréaliste mais même l’expression est fausse ; les cathares n’avaient pas de châteaux et ceux que l’on visite maintenant sont l’œuvre de ceux qui leur ont succédé, construits en partie pour recouvrir la mémoire de ces hérétiques que les Croisés ne se sont pas contentés de tuer : anéantir les vivants, anéantir ceux qui les protégeaient ou même les côtoyaient, anéantir jusqu’aux morts qu’ils ont retirés de leurs sépultures pour effacer tout souvenir, toute trace, comme ont été brulés, et leurs maisons, et leurs livres, et tout ce qu’ils possédaient.
Des châteaux qui ne leur ont pas appartenu, comme rien ne leur appartenait d’ailleurs, puisqu’ils faisaient vœu de pauvreté, qui n’étaient alors pas des châteaux mais des villes fortifiées tenues par leurs protecteurs, catholiques mais se battant contre le pape pour faire droit à la différence. C’est du moins ce que l’histoire en retient même si, à n’en pas douter, la situation fut plus complexe et que des enjeux politiques vinrent se mêler aux bons sentiments.
Même leur nom, cathare, ne leur appartenait pas vraiment, puisqu’il leur fut donné par un moine allemand et qu’ils ne l’utilisèrent jamais eux-mêmes. Ils se disaient bons chrétiens, bons hommes, bonnes femmes. Cathare vient du grec katharos qui signifie pur. Mais il peut y avoir aussi de l’allemand Katze, le chat, par ironie et parce que les cathares représentaient le diable sous la forme d’un chat noir. Nous ne savons même pas aujourd’hui si le nom que nous utilisons pour les désigner n’est pas péjoratif.
Cathare qui signifie pur, donc, que l’on retrouve dans catharsis qui est, dans l’une de ses acceptions, action purificatrice. Tout voyage, toute marche à pied en est une ; ou, plutôt, c’en est une des dimensions. Au contraire de la simple ballade qui dessine une boucle pour revenir au point de départ, sans rien changer si ce n’est se dégourdir les jambes, la marche nous emmène loin du départ ; et même si, par extraordinaire, après quelques jours, la marche nous ramène à notre point de départ, alors ce n’est plus le même point, ce n’est plus le même lieu, parce que nous ne sommes plus les mêmes.