Voici un article relatif aux « Loges de Saint Jean » découvert sur le site « Dissertations Gratuites »
« Les loges de Saint Jean
Dans les rituels maçonnique, il est écrit :
– « Comment s’appelle votre loge ? – La loge de Saint Jean
En effet, Les loges dites bleues sont également appelées « Loges de Saint Jean »
La tradition maçonnique impose un à deux banquets d’Ordre par an, aux solstices célébrant la Saint Jean d’été et la Saint Jean d’hiver.Pourquoi ? Pourquoi St Jean ?Pour tenter de répondre, en partie du moins, à cette question, nous allons nous appuyer sur des sources établies, religieuses, chrétiennes et canoniques.
Tous les symboles que nous allons évoquer ici sont bien antérieurs au christianisme.
Nous allons donc nous appuyer sur des symboles religieux divers, certes, mais pas seulement. Nous ferons aussi des déductions, parfois très personnelles. Enfin, nous allons tenter de démontrer que les deux St Jean, puisqu’il s’agit de deux personnages, de deux concepts complémentaires, sont les deux sommets d’un triangle, le Triangle de l’Initiation.
Faisons, pour cela, un classique pas de 3, un bond dans le temps de 2.000 ans.
PROLOGUE
Zacharie est un vieillard, un prêtre Hébreu dont la femme est réputée stérile.
Une nuit, l’ange Gabriel annonce à Zacharie qu’il aura un fils, et qu’il devra le prénommer Jean. Zacharie ne prête pas l’oreille aux assertions de l’ange et il en perd les facultés, et de parler et d’entendre. Il en perd la parole et l’ouïe. Symboliquement, il perd la Parole de Dieu.
Rebondissement !
Quelques mois plus tard, la femme de Zacharie lui donne un fils. L’entourage du prêtre veut nommer le nouveau né Zacharie, comme lui, le père. C’est alors que Zacharie retrouve la Parole. Il impose le nom de Jean.
Ainsi, Jean le fils a fait retrouver la Parole au Père. Par Jean s’impose le Verbe, le Logos, le Souffle, la Lumière.
Jean a grandi.
Il est le cousin de Jésus. Ce Jésus que nous reconnaissons pour tel !
Jean est appelé … Jean le Baptiste car … il baptise. Il baptise au bord du Jourdain. Baptiser n’est pas un acte anodin. C’est même une hérésie en Palestine à cette époque.
Si le rituel du baptême est très mal vu chez les Hébreux, il est pratiqué depuis fort longtemps à la fois, en Mésopotamie, et en Egypte. Il y a 5.500 ans, les premiers rois égyptiens (les rois scorpions) évoquent ainsi la naissance du monde : Au début, une vaste étendue d’eau : L’horizontalité. Sous la ligne d’eau, le marasme, le chaos. A l’horizon apparait la colline primordiale : L’axe du monde, le point central autour duquel le sacré s’organise. L’axe qui permet de s’élever. S’élever au dessus du marasme. C’est l’ordo ab chaos.
(Le hiéroglyphe qui se traduit par « horizon » représente deux collines avec, entre elles, un trait : le niveau de l’eau. Certains auteurs y voient l’origine de nos colonnes J&B)
Donc, Jean baptise.
Non pas en versant quelques gouttes d’eau sur un front ou en plongeant une main profane dans une bassine d’eau. Non. Lui immerge complètement le profane dans le Jourdain, en deçà de l’horizontalité. L’immersion, c’est la mort, l’ensevelissement, le chaos, les enfers, le monde profane. Puis il fait se dresser le profane hors de l’eau, telle la colline primordiale. Le nouvel initié émerge du néant. Il naît à la Lumière. Il est midi plein. Le soleil est au zénith.
Aujourd’hui et ce, depuis des lustres, Jean le Baptiste est fêté au solstice d’été, à la date symbolique de sa naissance, aux feux dits de la saint Jean, où l’on danse autour du feu. Ces danses circulaires, c’est la roue, tel un mandala, c’est le mouvement cyclique, c’est la vie. L’emblème du baptiste est le coq. Ce coq qui annonce la lumière jusque dans les cabinets de réflexion. On dit de Jean qu’il est le prophète qui prêche dans le désert, tel le verbe qui se manifeste dans le chaos de la Genèse. C’est l’eau qui jaillit dans le désert. C’est le feu primordial, la lumière qui luit dans les ténèbres.
Jean baptise.
Baptiser, nous venons de le voir, a une haute valeur symbolique. Mais baptiser a une autre valeur, non moins symbolique.
Baptiser, c’est aussi donner un nom. Un nom qui pourra ultérieurement évoquer en l’absence. Pouvoir évoquer par le nom, c’est donner vie…
Les mêmes Mésopotamiens et Egyptiens dont je vous parlais à l’instant avaient un nom usuel, connu de tous et un « nom de baptême » qu’ils gardaient caché.
Connaître le nom de baptême, le vrai nom, c’était avoir un pouvoir certain sur celui qui le porte.
Le Créateur, par le Verbe, a créé, comme son nom l’indique. C’est sans doute en raison de cette puissance de l’évocation verbale que le nom de Dieu, le dieu immatériel, ne peut être prononcé.
En effet, connaître le nom de Dieu, le prononcer, l’évoquer et l’invoquer reviendrait à avoir le pouvoir de le créer, lui, l’incréé. Ce serait, alors, et le destituer, et se substituer à lui.
Lorsqu’il baptise, Jean le Baptiste est l’initiant. Il baptise dans la plaine, en bas. Il est le niveau. Il aplanit le chemin. Il induit l’évolution spirituelle en devenir. Il permet la verticalisation potentielle. Il est le catalyseur. Il est le passeur.
SCENE 1
Qui Jean le Baptiste, baptise t-il ? Qui initie t-il ? Il initie Jésus. Jésus le Profane. Jésus le Profane devient ainsi Jésus l’Initié. Jésus l’Apprenti.
Pour en finir avec Jean le Baptiste, disons qu’il aura une fin tristement symbolique. Décapité par Hérode Antipas, ses restes seront éparpillés. Ses disciples tenteront ensuite de rassembler ce qui est épars. On voit ici la similitude avec la légende d’Isis et d’Horus, le fils de la Veuve.
SCENE 2 ! voire … LA CENE
Jésus voyage. Des disciples se joignent à lui. Il prend le pain. Il rompt le pain. Il le partage. C’est le temps du compagnonnage.
Parmi ses disciples, un autre Jean. Jean le jeune dit plus tard Jean l’Evangéliste. On dit de lui qu’il est le préféré de Jésus. Ce dernier l’appelle « fils de la lumière » ou « fils du tonnerre » tel ZEUS maîtrisant les éclairs de feu, celui qui tient le maillet, celui qui ordonne, garant de la sagesse.
SCENE 3
On représente souvent Jean l’Evangéliste sur des hauteurs ; sur le mont Thabor, sur le mont des Oliviers ou sur le Golgotha. C’est qu’il symbolise l’ascension spirituelle accomplie, le retour à l’un dont il témoignera.
Il est la perpendiculaire.
Rappelons qu’il sera le seul apôtre à assister à la crucifixion.
Le soleil est bas, au Nadir. Il est minuit. Symboliquement, Jésus meurt sur le Golgotha pour renaître à la lumière primordiale. Jean l’Evangéliste est là. Il en est à la fois le catalyseur, le passeur mais aussi le témoin.
Jésus ressuscite. Il était né à la Noël, au solstice d’hiver. Il renaît à la St Jean d’hiver tel Mithra, le sol invictus, le soleil invaincu. Saint Jean d’hiver, Saint Jean d’été, Saint Jean d’hiver. Le cycle est achevé, le temps s’arrête. Jésus devient immortel.
Pourquoi Zacharie voulait appeler son fils Jean ? Oui, Pourquoi le Baptiste et l’Evangéliste se nomment-ils Jean ?
Etudions ce nom sous l’éclairage de l’étymologie :
L’origine en est le verbe sanskrit « JAN » qui signifie « faire naître ». Cette racine est parvenue jusqu’à nous pour donner le mot « JOUR ». Au génitif, « JAN » se décline en « DIV » qui donnera DIVin, DEUS, dieu ou DIES, le jour. Le rapport évident entre la lumière et le concept de dieu … se fait jour.
JAN – Faire naître – Amener à la Lumière.
L’évolution linguistique de cette racine indienne vers l’hébreu ancien a donné « JEA », « JEO » ou « YEA » « YEO ». Elle s’y traduit par « dieu de lumière ». Ainsi, on trouve YAVE, JEOVAH pour évoquer le nom du créateur. Citons encore YESHUA, YUSSA ou YESSU, celui que nous appelons Jésus.
Jean, le prénom, vient donc de JEHO sous la forme « JEHO HANNAN » en hébreu, JOKANNAN en araméen, que l’on peut traduire littéralement par « celui à qui, celui qui fait naître, a donné la lumière »
JEHO HANNAN, Jean. JEHO SHUA, Jésus. JEHO VAV, Dieu.
De nombreux mythes antiques ont emprunté cette racine. Ainsi on trouve EANUS chez les phéniciens ou bien encore, chez les babyloniens OANNES sorti des eaux par trois fois pour enseigner aux hommes. C’est le « dieu du commencement et de la fin », le « dieu de l’entrée et de la sortie ». C’est le point de passage.
A Rome, JEHANUS ou JANUS est le « dieu suprême créateur par les eaux, engendrant l’esprit de lumière ». Qualifié de « chronotator », il est le « maître du temps et de l’éternité ». Maitres du temps, nous le sommes nous aussi, qui affirmons sans sourciller qu’il est « midi plein » quelle que soit l’heure profane.
JANUS est celui qui ouvre les portes. JANA, la porte en latin. Maitre du temps, JANUS ouvre la porte de l’année. JANUS, JANVIER. Il détient la clé de la porte du ciel, de la spiritualité. Il est le maitre du passage d’un état à un autre. Son effigie est une tête à deux faces adossées. Janus contrôle ainsi l’avant et l’après. A Rome, il était fêté au solstice d’hiver. Tout comme Mithra avant que la naissance de Jésus s’y substitue.
Le cri du coq retentit dans le silence, annonçant la Lumière. Jean baptise. Il introduit le profane dans la voie initiatique. De l’horizontalité naît la verticalité. axis mundi. Du Profane naît le Sacré. Le divin renaît en l’homme. L’autre Jean, l’Evangéliste, marque le stade ultime du parcours initiatique. Par lui, l’Homme s’élève au divin. L’emblème de Jean l’Evangéliste se confond avec celui de Jésus, de Zeus et avec celui de l’initié : Cet emblème est l’aigle, celui qui renaît de ses cendres pour s’élever très haut à la spiritualité.
En maçonnerie, on représente souvent un aigle à deux têtes. Deux têtes, tel Janus bicéphale ou bien encore tels Jean et Jean. Bipolarité. Jean qui rit. Jean qui pleure. Pavé mosaïque. Jean est l’Avant. Jean est l’Après. Quant à Jésus, il est le « pendant ». Ne dit-on pas de lui qu’il est « le présent éternel ». Le temps est arrêté. Et « Le T(V( dirige en tout temps dans sa loge »
Jésus meurt et ressuscite, il renaît. Il a 33 ans. 33. Nombre symbolique s’il en est. L’Initié a atteint le 33° degré. Le serpent de la connaissance, la Kundalini indienne, est lové à la racine du rachis. Il nait du sacrum, du sacré, siège de la vie mais aussi de la fonction humaine la moins noble. L’axe du monde ne prend t-il pas ses racines dans les enfers ?
Le serpent de la Connaissance se déroule, parcourant une à une les 33 vertèbres jusqu’au cerveau ; siège de la spiritualité, jusqu’au crâne ; la porte, le Golgotha, la mort, les enfers. Ce qui est en haut est en bas. Le cycle. Le retour à l’un.
Les écrits attribués à Jean l’Evangéliste rappellent à l’homme son origine et sa destinée divines. Ils l’invitent à réintégrer sa perfection première. Ainsi, l’Homme, par l’Initiation, peut Renaître à la quête spirituelle puis accéder à la Lumière de la Connaissance. Nous ne sommes pas loin de suivre cette logique. St Irénée disait « La lumière s’est faite homme afin que l’Homme puisse devenir Lumière »
Les 2 Jean et Jésus déjà s’opposaient aux Sanhédrin du Temple de Jérusalem, à ces docteurs de la Loi, Loi basée sur le Verbe et sur le Livre Sacré. Nos 3 compères pensaient certainement entendre, non le Verbe mais des paroles vidées de leur sens, des mots émis par ces adorateurs, non du livre mais de l’encre. Délire interprétatif ?
Le message des 3 Jeho n’était-il pas déjà celui du rite français : ne plus courber l’échine sous le dogme. Redresser le serpent sur la croix. Aller en Hommes libres vers la Lumière.—
A la lumière … certes blafarde … à la lueur donc de cet exposé, il apparaît que l’expression « loge de saint Jean » symbolise les loges initiatiques, celles où l’on reçoit la Lumière. De Jean le Baptiste, l’horizontalité, de Jean l’Evangéliste, la verticalité, on peut déduire la croix (Jésus en serait la troisième dimension). Le centre, le point d’origine en serait la Lumière principielle.
Ces 2 Jean, ces jumeaux, ces deux phares, ces passeurs et témoins, ne marquent-ils pas les extrêmes du parcours initiatique. Ils rendent témoignage de et à la Lumière.
Evoquer ces deux Jean, ces deux JEHO sans évoquer à son tour le troisième homme, le troisième JEHO, n’a pas de sens. A eux trois, ils forment un delta, un triangle de Lumière.
Jean l’Evangéliste. Le soleil n’est pas mort. La lune en témoigne ; Elle qui, dans les ténèbres, reflète la lumière solaire. Le Maître des Cérémonies, dans son ballet majestueux, nous montre le chemin. Le premier chandelier s’embrase.
Jean le Baptiste. « Il faut que je diminue pour qu’il grandisse »
Oscillant cycliquement dans un présent perpétuel, le 3° JEHO éclaire les travaux maçonniques. Quant à l’initié cherchant, constitué à son tour Maçon par le Maître de la Loge, il lui reste, outils en main, à trouver sa place sur le tableau de Loge.
Merci pour cette excellence présentation des deux Jean, et de leurs fonctions symboliques. C’est à la fois juste et utile.
Je suis moins convaincu par l’épluchage du nom Jean. Il faut garder raison en étymologie. S’attarder à chaque lettre n’aboutit qu’à des insignifiances ou des apories.
Par exemple, le premier mot en deux lettres du Prologue de Jean, én, avec un epsilon et un nu, signifie en grec à la fois »dans, dedans » et le chiffre « un ». On fait quoi avec çà, avec la méthode d’épluchage ?
Quoiqu’il en soit, merci pour votre regard