Statler et Waldorf sont deux personnages bien-aimés de la série télévisée « Les Muppets ». Vous ne connaissez pas leurs noms, je parie ? Ils sont surtout connus pour leur habitude de chahuter et de faire des remarques sarcastiques sur les performances de l’émission depuis leurs sièges au balcon.
À 35 ans, mais après 16 ans dans l’Art, dont 10 en tant que Maître Installé – lorsqu’ils sont assis à l’Est, ces deux personnages nous rappellent qu’il faut laisser passer ceux qui arrivent. Apprendre, faire des erreurs, grandir et m’apprendre quelque chose.
Imaginez un enfant enthousiaste et les yeux écarquillés qui monte pour la première fois sur un skateboard. Il vacille, chancelle et, très probablement, tombe. Mais, résilient et enthousiaste, il remonte immédiatement sur le skateboard, améliorant lentement mais sûrement ses compétences.
Telle est la scène vibrante que Jordan Peterson décrit dans sa onzième règle de vie : « Ne dérangez pas les enfants lorsqu’ils font du skateboard ». C’est un appel à trouver un équilibre entre la protection et la liberté de faire des erreurs et d’en tirer des leçons. Il s’agit de la valeur de la résilience, de la prise de risque et de l’autonomie nécessaire pour découvrir par essais et erreurs.
L’enfant peut être une métaphore pour un nouveau franc-maçon ou un frère qui s’engage pour la première fois dans une fonction progressiste. Il peut aussi être une allégorie de notre « enfant intérieur », qui, à mesure que nous vieillissons, est continuellement réprimé.
Mais aussi, pour nous, en Franc-Maçonnerie, cette règle résonne à plusieurs niveaux.
La science progressive de la franc-maçonnerie
La franc-maçonnerie est souvent considérée comme une science progressiste. Elle encourage une croissance progressive des connaissances à travers une série de degrés, symbolisant la compréhension progressive par le franc-maçon des significations profondes de la vie.
Parallèlement, le fonctionnement d’une loge suit un système de « poste progressif ». Ce système voit chaque franc-maçon qui occupe un poste progressif gravir chaque année des échelons de responsabilité croissante. Comme un enfant sur son skateboard, maîtrisant progressivement des manœuvres plus complexes, un franc-maçon, lui aussi, perfectionne progressivement ses compétences et sa compréhension, pour finalement accéder au rôle de Maître de la Loge.
Mais ce cheminement vers la progression ne se limite pas à l’accession à la fonction la plus élevée. Il s’agit d’un cheminement continu vers l’amélioration personnelle, d’une quête incessante de connaissances et d’un engagement durable envers nos principes maçonniques.
La douleur de la complaisance
Malheureusement, comme un skateur expert qui arrête d’apprendre de nouvelles figures, les francs-maçons peuvent eux aussi être victimes de la stagnation, en particulier après avoir servi en tant que maître.
Surnommé le « syndrome du maître passé ».
C’est lorsque les maîtres du passé résistent au changement, étouffent les voix plus jeunes et sous-estiment l’amélioration personnelle continue.
C’est comme un skateur expérimenté qui monopolise le parc, refusant de donner aux nouveaux une chance d’apprendre et de grandir.
Cette stagnation peut étouffer l’esprit progressiste de la Franc-Maçonnerie, jetant un voile sur la loge et décourageant les nouveaux membres de repousser leurs limites et de prendre des risques. Comme le parent surprotecteur qui empêche son enfant de tomber et d’apprendre en faisant du skateboard, les anciens maîtres autoritaires peuvent par inadvertance freiner l’esprit dynamique d’exploration et de croissance au sein de la loge.
La nécessité du skatepark
Alors, pourquoi devrions-nous tenir compte de la règle de Peterson dans nos loges et bien sûr dans notre vie quotidienne ?
Tout comme un enfant a besoin de la liberté de faire du skateboard, de tomber, d’apprendre, nous devons encourager la prise de risque, la curiosité et la résilience dans notre parcours maçonnique et dans notre vie.
Nos lodges sont destinés à être des skateparks – des espaces de croissance individuelle et de progrès collectif.
Ils offrent un environnement favorable aux membres pour prendre des risques calculés, essayer de nouvelles choses et apprendre du succès comme de l’échec.
Tout comme les skateurs s’entraident pour apprendre de nouvelles figures ou pour aider un camarade tombé au sol à se relever, en tant que francs-maçons, nous sommes également là pour nous conseiller, nous soutenir et nous faire part de nos commentaires constructifs. Cette dynamique encourage non seulement le développement personnel, mais renforce également les liens entre les membres, favorisant une fraternité unie dans sa quête d’amélioration personnelle et d’entraide. Et, tout comme un skatepark, une loge ne se définit pas par la stagnation – c’est une entité vivante et évolutive, remodelée et redéfinie par les actions et les progrès de ses membres.
Cultiver cet esprit permet d’éviter la stagnation et d’assurer un dévouement continu aux principes maçonniques d’amélioration personnelle et d’acquisition de connaissances. Cela donne aux nouveaux francs-maçons la liberté d’innover, de contribuer et de progresser – pas seulement dans leur fonction, mais dans leur compréhension de la vie et de ses mystères.
Étapes de la candidature
Voici comment nous pouvons appliquer la règle de Peterson pour éviter la complaisance et promouvoir une croissance continue au sein de nos loges et de nos vies.
- Encourager la prise de risques :
cela peut impliquer de prendre un nouveau rôle dans la loge, d’apprendre une nouvelle responsabilité ou de chercher à progresser dans un ordre annexe tel que la Mark, l’Arche royale ou le Rite écossais.
Ces actions impliquent toutes un certain niveau de risque, car elles nécessitent d’acquérir de nouvelles compétences, d’assumer de nouvelles responsabilités et de sortir potentiellement de sa zone de confort. - Favoriser la croissance personnelle :
La franc-maçonnerie encourage par nature la croissance personnelle, mais les individus peuvent activement la poursuivre en recherchant une compréhension plus approfondie des symboles et des enseignements maçonniques, en s’engageant dans la recherche maçonnique ou en participant à des programmes d’éducation maçonnique.
Les anciens maîtres peuvent rechercher une croissance supplémentaire en assumant des rôles tels que Grand Inspecteur des Travaux de District (DGIW) ou en participant à l’équipe cérémonielle. - Résister au contrôle excessif :
Dans le contexte de la direction d’une loge, résister au contrôle excessif peut impliquer de laisser aux nouveaux dirigeants la liberté de prendre des décisions et de diriger selon leur propre style, même si cela diffère des pratiques passées.
Cela peut également signifier encourager un dialogue ouvert et le partage d’idées au sein de la loge, plutôt que de laisser quelques personnes dominer les processus de prise de décision. - Relever les défis :
Apprendre une nouvelle charge, diriger une loge ou progresser dans un ordre annexe sont autant de défis qui peuvent conduire à la croissance.
Même le fait de gérer des désaccords ou des conflits au sein d’une loge peut être une opportunité de croissance, si on l’aborde avec un esprit ouvert et un engagement envers la fraternité et l’unité.
Conclusion
Être franc-maçon, c’est être un étudiant perpétuel de la vie, un peu comme un enfant sur un skateboard, apprenant, s’améliorant et grandissant continuellement.
Nous devons nourrir l’esprit du skateboarder au sein de nos loges, en laissant la résilience, le courage et la curiosité nous pousser vers l’avant dans notre parcours progressiste.
Après tout, notre chemin n’est-il pas celui de devenir une meilleure version de nous-mêmes, un tour, une chute, un succès à la fois ?