L’existence d’un parcours initiatique au travers du jeu de l’oie… Sur le plan symbolique l’oie renvoie à un animal qui annonce le danger. Ce mot aurait les mêmes racines que « oreille » et « entendre »…
TITRE : S’éloigner des terres habitées : Tourner autour de soi. 51 stations du jeu de l’oie revisitées
AUTEUR : François Bonnot
EDITEUR : Dervy
RESUME : Au matin de sa vie, l’homme inclinera d’avantage pour la tente du nomade que pour les murs de la sédentarité, Sa fougue juvénile fera merveille et emportera l’adhésion, même si parfois elle lui fait frôler l’abîme. De sentiers effilés en larges avenues, il connaîtra la brûlure du midi, puis les odeurs de foins dans les soirs prolongés de juin. Il croisera sur sa route l’humanité multiple et bigarrée, la caravane des êtres en mouvement. On l’appellera, le «marcheur de l’oie».
Sous couvert de divertissement aimable, le jeu de l’oie devait, à l’origine, cartographier un territoire aventureux : celui où l’on joue son destin sur le mode symbolique, comme en simulé, avant un engagement véritable. Le marcheur de l’oie, ce héros en construction, visitera en effet bientôt les lieux de passage obligés de toute vie humaine. Il s’édifiera ainsi pièce à pièce, soumis aux visions qui fécondent ou victime de celles qui foudroient. Il tentera sans relâche de mener à terme ses buts de vie, case après case, avec les profits ou les déconvenues inhérents à chaque étape. Ainsi vont «les gens de la voie», ceux qui toujours désirent du sens tout en tournant autour d’eux-mêmes.
Critique de « Nouvelles Clés « : Dans l’esprit des plus grands visionnaires, la création du monde serait un grand jeu. Souvent, dans ce jeu, notre situation a été celle de simples pions. Normal, nous ne connaissions pas les règles ! Mais les choses peuvent changer. Il suffit de passer du stade de marionnette de soi-même à celui de joueur conscient. Nous n’avons d’ailleurs peut-être pas le choix. Proche de la toute puissance, l’Homo sapiens sapiens (celui qui sait qu’il sait) apprend peu à peu combien, dans le jeu de la création, c’est aussi lui qui crée. Un statut de toute évidence beaucoup plus amusant, quoique non sans responsabilité… Aujourd’hui, grâce aux recherches en psychologie, nous savons que nous sommes en grande partie créateurs de nos états d’âme, de notre santé et des orientations de notre vie. Dans un ordre plus complexe, l’étude de l’infiniment petit par la physique quantique montre qu’il existe un lien permanent entre l’intention de l’observateur et l’objet observé. Certains observateurs vont plus loin et pensent qu’il y a une interaction ininterrompue entre la conscience et l’univers matériel, dont nous sommes tous co-créateurs.
En réalité, ces idées ne sont pas nouvelles. Depuis l’aube de l’humanité, des sages les ont exprimées sous des formes diverses. Pour les enseigner autour d’eux, l’une des techniques les plus anciennes est le jeu. Il y eut toutes sortes de jeux d’initiation au fil des âges. Beaucoup de ces jeux étaient transmis de maîtres à disciples et restaient « solis sacerdotibus », réservés aux initiés. Vous savez sans doute que le Tarot de Marseille est l’un des grands jeux initiatiques parvenus jusqu’à nous. Mais on sait moins qu’il en est de même du Jeu de l’oie… Nous révéler cette clé ancienne est l’objectif du livre S’éloigner des terres habitées de François Bonnot, qui est l’une des belles surprises du Club Nouvelles Clés de ce mois d’octobre.
Le jeu de l’oie n’est en effet pas seulement un jeu de société anodin et convivial, que l’on peut pratiquer en famille, notamment avec les plus petits. Conçu sous la forme d’un labyrinthe, avec ses soixante-trois cases, ses obstacles et ses coups de chance, il est en quelque sorte à l’image de la vie, avec ses hauts et ses bas. Si l’on en croit François Bonnot, il fut certainement inventé pour servir d’instrument divinatoire. Son côté ludique est apparu progressivement, alors que disparaissait en même temps la signification symbolique des cases. Riche d’un immense savoir ésotérique, cet ouvrage nous propose de revenir à la source, en restaurant les cases où l’allégorie d’origine a été perdue – ou infantilisée -, et en redonnant à chacune d’elles sa signification profonde. Ainsi revisité, le jeu de l’oie retrouve sa véritable fonction. Et le parcours peut alors être compris comme un chemin d’accomplissement de soi. Il suffit de lancer les dés et de lire, au gré des étapes, les divers messages rencontrés. La poule, le puits, le pont, l’oie, la mort… livrent enfin leurs secrets !
François Bonnot, est né en 1942 à Limoges, Après des études de lettres modernes à l’université de Genève où il suit les cours de George Steiner et Jean Starobinski, il ne cesse d’explorer et de chercher du «sens» dans les textes de spiritualité du legs universel. En même temps qu’une pratique assidue des arts plastiques (sculpture), il consacre une grande partie de son temps à l’écriture.