Renaissance traditionnelle est une revue française trimestrielle d’études maçonniques et symboliques fondée par René Guilly en 1970. Dirigée aujourd’hui par Roger Dachez et Pierre Mollier, elle est éditée sous l’égide de l’Institut maçonnique de France.
Ce numéro 198 de Renaissance Traditionnelle est donc entièrement consacré au grade de l’Arc Royal. Il se situe dans le cycle sur l’origine des hauts grades entamé au début des années 2000 par notre revue. Rappelons-en les principales étapes.
La France et l’Allemagne ont incontestablement été les terres de prédilection des hauts grades au xviiie siècle. Mais l’existence de Scot Masters en Angleterre, attestée dès les années 1730, semblait bien situer en Grande-Bretagne l’apparition du premier « autre grade ». Cependant, à part l’homonymie entre ce Scot Master et le Maître Écossais continental on n’avait aucun élément sur la nature de ce « quatrième grade » anglais et sur ses éventuels liens avec les premiers hauts grades continentaux. Notre fondateur René Désaguliers avait beaucoup travaillé ce dossier et esquissé de fécondes hypothèses mais, faute d’éléments nouveaux, on en restait aux conjectures. Il manquait décidément trop de pièces au puzzle.
Le premier événement majeur fut la découverte du livre d’architecture de « La Loge Écossaise de l’Union » de Berlin dans une collection de documents historiques restitués au Grand Orient de France en 2000 dans le cadre de l’affaire dite des « Archives russes ». Ce registre, dont les plus anciens procès-verbaux remontent à 1742, témoignait de liens réels entre cet atelier cosmopolite de Maître Écossais continental et le milieu maçonnique londonien où s’épanouissait le Scot Master(RT n°131-132). Dans un second temps Jan Snoek, Klaus Bettag et Pierre Noël retrouvaient, dans le si riche fonds Kloss du Grand Orient des Pays-Bas, une copie du rituel de Maître Écossais de la « La Loge Écossaise de l’Union » (RT n°170-171). Copie dont le texte était très cohérent, à la fois avec les quelques allusions au rituel du registre de procès-verbaux et avec les intuitions et hypothèses des historiens anglais quant au Scot Master. Quelques années après, la découverte du manuscrit Copiale(RT n°183) permettait de compléter et d’affiner significativement l’histoire de ce Maître Écossais archaïque dans les Loges des années 1740. On avait donc peut-être « enfin découvert le premier haut grade » ? (RT n°183 et 192). En tout cas, il était frappant de constater combien d’« autres grades » très anciennement attestés comme le Maître Parfait… ou l’Arc Royal empruntaient d’éléments symboliques à cet antique Maître Écossais.
En parallèle, Paul Paoloni reprenait le complexe dossier de la fixation du système de grades de la franc-maçonnerie dans des contributions approfondies qui, notamment, rappellent et remettent en perspective tous les acquis de la recherche maçonnique anglaise en la matière : Quatre grades et cinq mots, voyage dans la première franc-maçonnerie (RT n°175) ; Genèse de la première Maçonnerie anglaise au xviiie siècle (RT n°186) et enfin ses remarquables Notes sur l’essor de la Maçonnerie spéculative dans les îles britanniques et sur le continent. Les nouveaux grades de Maître, Maître écossais et Passé maître. Constitution des rituels (1723-1744) (R.T. n°193). Ces études permettent de fixer des points importants comme l’apparition puis le passage de relais entre le Scot Master et l’Arc Royal. Elles proposent aussi des pistes stimulantes sur de très probables échanges quant aux « autres grades » entre les Maçonneries britannique et française dans les années 1730 et 1740.
C’est avec tout cet arrière-plan qu’il faut aborder la recherche présentée ici sur les premiers rituels français de l’Arc Royal.
Pierre Mollier
Voici quelques extraits gratuits :
- Le grade de « Royale Arche » en France au XVIIIe siècle par Pierre Mollier
FRATERNITE