Remise du prix DROITS DES FEMMES
le 18 novembre 2017
Compte rendu de la journée par la Commission des Droits des Femmes
Remise du Prix par la Grande Maîtresse
Conclusions de la Grande Maîtresse
Compte rendu de la journée par la Commission des Droits des Femmes
A l’initiative de la Commission Nationale des Droits des Femmes de la Grande Loge Féminine de France, une cérémonie de remise du Prix des Droits de Femmes, le premier du genre, a été
organisée.
C’est dans un Temple de la GLFF archi plein (175 femmes et 5 hommes…), en présence d’élues d’associations féministes ou de droits humains et de personnalités, notamment la première
Ministre des droits de LA femme (on disait ainsi à l’époque), Yvette Roudy, que le Prix a été décerné à Eliane Viennot et que le trophée lui a été remis par la Grande Maîtresse MarieThérèse
Besson.
Eliane Viennot est professeure émérite de littérature française à l’université de Saint Etienne et historienne, spécialiste de la Renaissance, membre de l’Institut Universitaire de France, auteure
de France, les femmes et pouvoir, dont les 3 tomes actuellement parus balaient la période de la Renaissance à la révolution. Le 3ème tome, paru en mars dernier est consacré au XVIIe siècle
s’intitule, de façon explicite « ET la modernité fut masculine Elle est également militante « historique » des grands combats féministes pour l’IVG, la parité, la
lutte contre les violences à l’encontre des femmes et les stéréotypes sexistes , à commencer par
la hiérarchie sexuelle inculquée, dès le plus jeune âge, par la dévalorisation ou l’exclusion du
féminin dans la langue.
C’est ce double parcours d’exception qui lui a valu de faire l’unanimité de la Commission des Droits des Femmes et d’être la lauréate du Prix La cérémonie de remise du trophée a été précédée d’une conférence par Réjane Sénac, directrice de recherche CNRS à Sciences Pô et Présidente de la Commission Parité du haut Comité à l’Egalité entre les femmes et les Hommes, instance de consultation auprès du Premier ministre.
Auteure de ¨plusieurs livres, dont le dernier Les non frères au pays de l’égalité, qui s’attaque à ce qu’elle considère être l’illusion égalitaire d’une République dite « fraternelle », dont les non
frères ont été d’emblée exclus, Réjane Sénac, a su, tant par la rigueur de ses concepts que par son humour et la verve de son expression, captiver un auditoire qu’il soit, ou non, en total
accord avec son propos.
La journée, s’est terminée par la signature des ouvrages de la conférencière et de la lauréate, autour d’un verre de l’amitié, permettant ainsi de prolonger les débats et les questionnements,
dans une ambiance très ….sororelle.
Remise du prix par la Grande Maîtresse
Madame la Professeure, Chère Eliane Viennot,
Pour ce Prix d’autant plus symbolique qu’il est remis pour la première fois aujourd’hui, il pouvait s’avérer compliqué de choisir une lauréate, parmi toutes les femmes qui “ par leurs réflexions,
leurs travaux, leur engagement, leurs actions, ont contribué à promouvoir les droits des femmes” pouvaient légitimement prétendre à cette distinction. Car nous partageons, j’en suis sûre, avec vous, la certitude que le prétendu déficit de femmes de talent, de conviction, d’expertise qui expliquerait la persistance de leur relégation professionnelle, politique,
médiatique, ……ou maçonniques, est une fable commode pour justifier l’accaparation masculine de ces espaces.
De fait, les avocates de la cause des femmes font de plus en plus entendre leur voix, ce dont nous nous félicitons. Mais nous voulions également, pour ce premier Prix, ne pas céder aux
stéréotypes des rôles qui ont “naturellement” dévolu aux femmes un engagement militant et opératif, au détriment des réflexions théoriques, des travaux académiques et de la recherche.
C’est en ce sens que votre parcours de pensée et d’action nous est apparu exemplaire. Intellectuelle ET femme engagée. Universitaire ET femme de terrain. Militante féministe ET chercheuse, votre nom s’est très vite imposé.
La Militante, d’abord, et c’est peut être cet aspect de votre parcours qui est le moins connu.
Dans les années 70 vous vous êtes activement engagée dans le Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception (MLAC), qui joua un rôle d’avant-garde décisif dans le combat des femmes pour la maîtrise de leur sexualité et de leur maternité, jusqu’à l’aboutissement législatif porté par Simone Weil.
Ce fut ensuite, en 1978, la création d’une librairie féministe, Carabosses, dans un local qui vousappartenait et que vous aviez mis à disposition pour l’équipe entièrement bénévole qui l’animait.
Puis, dès 1979, vous avez associé à cette librairie un café féminin littéraire, qui permettait d’organiser des rencontres, des débats, des expositions avec des créatrices et « autrices ». Je sais que vous vous êtes attachée à ce terme, le seul qui fût en usage jusqu’à ce que l’Académie française, création ad hoc du cardinal de Richelieu, le bannisse.
Barcarosse, bien plus qu’un simple café fut un lieu emblématique et précurseur d’information pour les femmes en détresse et pour les problèmes de contraception, d’avortement, de violence,
de divorce.
En 1982, votre groupe a édité un « Petit guide féministe de France et d’ailleurs ». C’’est d’ailleurs dans le même arrondissement – le 11ème- que Carabosse et Barcarosse avaient élu
domicile, à l’époque où la Grande Loge féminine de France achetait cette Cité du Couvent où nous réunissons aujourd’hui.
Militante, vous l’avez été aussi, dans l’organisation d’extrême gauche « Révolution » avec d’autres féministes mais vous avez été amenée à faire l’amer constat que la lecture marxiste de
l’exploitation ne remettait nullement en cause l’organisation patriarcale de la société et s’en accommodait même fort bien. Vous avez dû faire vôtre le slogan des féministes de l’époque qu’un « steak de militant est aussi long à cuire qu’un steak de patron » et c’est bien votre engagement féministe qui vous a amenée à rompre avec votre organisation .
Je me dois également de mentionner, en présence ici, de celles qui furent les plus engagées dans la campagne pour la parité2 , que vous en avez également été partie prenante, dans les années 90.
Quant à votre carrière universitaire et de recherche, elle n’est pas moins riche et diverse.
Agrégée de lettres, vous avez enseigné en France et aux USA, entre autres, et vous êtes actuellement professeure de Littérature française à l’Université de Saint-Étienne. Vous avez
consacré votre thèse à Marguerite de Valois et vous êtes spécialisée dans les écrits des femmes politiques de la Renaissance
Vous avez créé deux collections aux Publications de l’Université de Saint-Étienne, l’une destinée aux écrits des femmes de l’Ancien Régime («la cité des dames»), l’autre aux études sur ce champ
de recherche («l’école du genre»).
- Lire la suite du compte-rendu : https://www.glff.org/docs/Prix%20DDF.pdf