Pourquoi visiter d’autres loges maçonniques ? Telle est la question à laquelle tente de répondre Jacques Tornay dans l’Edito de la revue maçonnique ALPINA de mai 2009.
Visiter d’autres loges est un peu comme visiter d’autres pays, à plus forte raison lorsqu’elles pratiquent un rituel différent de celui auquel on est habitué. On voit des choses nouvelles, intéressantes, l’horizon s’élargit, mais on est tout de même content de rentrer dans ses pénates maçonniques, de retrouver son atelier avec ses usages et son climat particuliers. Cependant, voir comment cela fonctionne ailleurs et observer des manières de faire dissemblables des nôtres ne devraient pas être le premier motif d’une visite.
D’ailleurs, les différences entre les rites sontelles si importantes que d’aucuns le prétendent ? Si tel était le cas ils ne seraient pas fédérés sous une même enseigne, or nous avons au sein de la Grande Loge Suisse Alpina une pluralité de pratiques et ce qu’elles présentent de commun est évident. Ce qui nous distingue est louable, plus encore ce qui nous rassemble.
À ce point de vue, l’objectif numéro un des visites de loges devrait être la recherche d’une fraternité étendue, plus active et ouverte qu’avant. Cela non parce qu’il convient de le faire en vertu d’un programme mais pour le plaisir de rencontrer des frères, de partager un moment qui nous fortifie tous et approfondit le sens de notre démarche.
Lorsqu’il est désiré, attendu, l’échange fraternel renforce ceux qui le pratiquent. Il établit d’emblée une relation d’écoute qui fonctionnera dans les deux sens, relation qui s’enrichit de sa répétition parce que chacun d’entre nous étant dans un processus d’évolution notre personnalité se renouvelle d’autant. En ce sens les agapes, les parties récréatives, complètent admirablement les travaux dans le temple. Elles permettent la rencontre individuelle sous les meilleurs auspices.
Encore faut-il vouloir donner de soi, sortir de sa réserve, se décentrer, en bref : s’exposer. Rester en retrait, se complaire dans les lieux communs c’est courir le risque de la routine et l’on sait combien cette dernière nuit et à l’amitié et à la vie de l’esprit.
Souvent l’on rentre déçu d’une réunion de société profane, mais gageons que ce n’est jamais le cas d’une soirée passée entre frères car l’aura qui s’en dégage dépasse notre petite personne. Sortir, allez vers les autres, retrouver cet élan naturel que nous avions au cours de nos premières années de franc-maçon, telle devrait être notre disposition et ainsi nos valeurs s’incarneront- elles au mieux.
Jacques Tornay