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Qui choisir ?…

Un Shogun avait trois fils extraordinaires.

Il était inquiet car il avançait en âge et n’avait pas encore pu se décider pour désigner celui de ses trois fils qui lui succéderait.

Alors il fit appel au Sage, afin qu’il teste les capacités de ses fils pour choisir le plus fort.

Le Sage fit s’éloigner les trois jeunes hommes, et installa une cruche remplie d’eau en équilibre sur le dessus de la porte d’entrée entrouverte du jardin .

Il appela le premier des trois fils.

Lorsqu’il poussa la porte pour pénétrer dans le jardin, est arrivé ce qui devait arriver :

la cruche tomba tout droit sur sa tête. Celui-ci, vif comme l’éclair, dégaina son sabre et fracassa la cruche avant qu’elle ne l’atteigne.

Impressionné par tant de vitesse, le Sage acquiesça de la tête et lui demanda d’attendre dans le salon à l’intérieur de la maison.

Il installa une nouvelle cruche comme la précédente et appela ensuite le second fils.

Lorsque le second fils poussa la porte pour pénétrer dans le jardin, la cruche tomba tout droit sur lui. Vif comme l’éclair, il attrapa la cruche dans ses bras avant qu’elle ne lui fende le crâne.

Impressionné par tant de vitesse et heureux d’économiser une cruche, le Sage acquiesça de la tête et lui demanda à d’attendre dans le salon avec son frère.

Il réinstalla la cruche sur la porte et appela ensuite le dernier des trois fils.

Lorsque le troisième fils poussa la porte pour pénétrer dans le jardin, la cruche tomba tout droit sur lui, comme pour ses deux frères. Il s’écarta pour éviter la cruche qui se fracassa

par terre en répandant toute l’eau sur le sol pavé.

Le Sage acquiesça de la tête et lui demanda d’attendre dans le salon avec ses frères.

Le Shogun, très content de l’aide du Sage, vint le rejoindre en applaudissant, enthousiaste, et en s’exclamant que le premier de ses trois fils, était assurément taillé pour la tâche de Shogun tant sa rapidité et son adresse étaient avérées.

Le Sage ne dit rien.

Le Shogun interloqué, réfléchit quelques instants, et comprit que son premier fils avait, certes, cassé la cruche avant qu’elle ne le blesse, mais aurait tué un ami qui se serait amusé à lui faire une farce…

Le Shogun demanda alors au sage s’il aurait raison de confier la tâche de Shogun à son deuxième fils, parce qu’il avait bien réagi en ouvrant les bras pour attraper la cruche.

Le Sage ne dit rien.

Le Shogun réfléchit encore au désaveux du sage, et comprit que son deuxième fils avait certes attrapé la cruche avant qu’elle ne se casse, mais aurait été tué par un ennemi qui se serait caché pour l’agresser…

Le Sage esquissa un sourire, et dit :

Tu as finalement bien compris que la meilleure attitude a été choisie par ton troisième fils :

– n’ayant pas le temps de savoir si ce qui lui tombait dessus était ami ou ennemi,

– il s’est promptement écarté pour se mettre hors d’un éventuel danger

– sans pour autant  influencer le devenir de ce qu’il ne connaissait pas.

A.S.: