Qu’est-ce qu’un conte ? Une histoire qui commence traditionnellement par « Il était une fois… », entendue plutôt que lue, qui remonte à l’aube des temps, dont l’auteur n’est qu’un passeur, qui a lieu en un autre monde et apporte au nôtre un mystère que seule l’innocence sait entendre.
Les contes se narrèrent à voix haute ou basse et se transmirent entre génération de bouche à oreille, depuis l’enfance de l’humanité jusqu’aux enfants d’aujourd’hui. La trame de chacun s’est infléchie aux époques et aux apports des conteurs. Des auteurs en inventèrent, mais surtout proposèrent des receuils de contes immémoriaux. Comme les mythes, ce sont des récits vivants.
Les classifications des études littéraires distinguent les contes des mythes, qui narrent les origines, des légendes et saga, qui étoffent une réalité historique, des romans, reposant sur l’écriture et la construction, et de bien d’autres formes de récits. On a cru distinguer dans les contes une suite de séquences spécifiques (les épreuves du ou des protagonistes, le duel du bien et du mal, l’issue édifiante) mais bien des contes échappent à ces déterminations.
Et peut-être même le conte, qui a poussé dans la savane, dans le désert, sur les hauts pics de glace, en tous continents, relatés par des conteurs de métiers comme par presque toutes les mères et tous les pères qui vécurent, a ceci de particulier qu’il échappe aux règles.
Il est le plus souvent court.
Il ne dispense pas nécessairement de morale.
Mais il étonne et rend présent au monde un secret que chacun a pu oublier au fond de lui. Il restore l’humilité de ne pas savoir et rallume au fond des yeux le feu d’une interrogation fertile et désintéressée. Il émerveille. Il fait béer et laisse béat.
Aussi peut-être seul un conteur, comme Henri Gougaud, peut-il dresser le portrait du conte. A son sujet, il écrit : « Les contes m’ont nourri toute ma vie, ils m’ont fait ce que je suis. Comment ont-ils fait ? Je l’ignore, c’est leur secret. ». Et à leur sujet : « Je sais, pour les avoir fréquentés toute ma vie, que les contes sont des vieillards immémoriaux et bienveillants. Ils connaissent la musique du cœur du monde. Ils répondent toujours à nos questions, pour peu qu’ils soient interrogés avec cette innocence dont ils sont eux-mêmes pétris »
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