Nous sommes à Londres, le 24 Juin 1717. C’est la Saint Jean d’été, la Saint Jean le Baptiste, le solstice d’été, un jour de fête important à cette époque.
En cette fin de journée, les rues grouillent de monde.
Parmi la foule, un homme semble pressé. Il a environ 45 ans, il porte perruque, il est habillé d’un justaucorps de couleur bistre orné de gros boutons dorés. Un habit sobre et sans grande élégance, déjà un peu vieilli mais qui le distingue du commun comme un gentleman
SOURCE : Site de La Rudyard Kipling Lodge – Conférence donnée par Philippe R. le 14 nov. 2012
Il marche le long de Ludgate Steet et débouche enfin sur la Cathédrale Saint Paul.
Cette nouvelle cathédrale est vraiment une réussite impressionnante. Construite par l’architecte « star » du moment Sir Christopher Wren, elle s’inspire à la fois de Saint Pierre de Rome et de l’église du Val de Grâce de Paris.
Elle vient d’être achevée depuis quelques mois seulement et il faut reconnaitre qu’il s’agit d’une des plus belles réalisations du grand chantier de l’après 1666.
1666, l’année du Grand Incendie de Londres. Un incendie gigantesque qui dura 4 jours qui avala plus de 13 000 maisons et 87 églises ! Un désastre inimaginable qui transforma pendant 40 ans Londres en un immense chantier. Et puisque les constructions en bois étaient désormais prohibées, il faut bien dire que les Bricklayers (poseurs de briques) et les maçons en tirèrent grand profit…
Sir Christopher Wren eut une place prépondérante dans cette reconstruction. Il est partout. Imaginez qu’il aura en charge la reconstruction de plus de 50 églises !
Notre homme au justaucorps bistre a rendez-vous juste à côté de la cathédrale. Là, à la taverne de l’Oie et du Gril (The Goose and Gridiron).
D’un pas décidé, il pénètre dans la salle commune de la Taverne, au rez-de-chaussée. Comme toujours, elle est bondée. Le tavernier reconnait notre homme et le salue. Il lui indique que ses amis sont déjà montés à l’étage. Il monte les escaliers, sans doute jusqu’au 1er étage. Il frappe à la porte…
Cet homme, s’appelle Anthony Sayer. Dans moins d’une heure. Il sera élu par ses pairs Premier Grand Maître de la Grande Loge de Londres et de Westminster…
Nous voici donc à la porte du moment crucial censé être le point de départ de la Franc-Maçonnerie « moderne ».
Mais que s’est-il donc vraiment passé ce 24 Juin 1717 à la Brasserie de l’Oie et du Gril ?
(D’abord est-on bien sûr qu’il s’agisse de notre 24 Juin ? L’Angleterre n’étant pas encore passée au calendrier Grégorien à cette époque, il s’agirait plutôt de notre 4 Juillet actuel.)
En fait, nous n’avons de cet épisode que deux références textuelles à nous mettre sous la dent.
Deux et deux seulement.
Tous les commentaires que l’on peut lire ici et là, de ceux de notre fameux William Preston à ceux des AQC ne sont que des gloses de ces seules références que nous possédions.
La première et la plus importante de ces références est le compte-rendu que nous en fait le Docteur et Révérend James Anderson dans son « Nouveau livre des Constitutions de 1738 ». 1738, soit 21 ans plus tard…
La seconde référence est totalement anecdotique mais doit être citée. Il s’agit d’une publication anonyme « The Complete Free-mason: or Multa Paucis (Beaucoup, en peu de paroles) for Lovers of Secrets » publiée en 1763 ou 1764. Dans un passage très bref, il est dit que six loges étaient représentées et non quatre comme le dit Anderson.
Plutôt que de ne vous livrer que mes commentaires sur le texte de référence d’Anderson, j’ai préféré vous le livrer d’abord dans sa totalité.
Sa traduction en Français, in extenso, est à ma connaissance une première.
Le Nouveau livre des Constitutions. 1738, Dr James Anderson (Traduction française) (1)
« Le Roi George Ier entra dans Londres le 20 Sept. 1714. Et après que la Rebellion fut terminée A. D. 1716, les quelques Loges de Londres se trouvant elles-mêmes négligées par Sir Christopher Wren, pensèrent qu’il était bon de s’unir (thought fit to cement) et d’avoir un Grand Maître comme Centre d’Union et d’Harmonie, voici les Loges qui se réunirent,
1. At the Goose and Gridiron (A l’oie et le Gril) Brasserie à St. Paul’s Church-Yard.
2. At the Crown (A la Couronne) Brasserie à Parker’s Lane près de Drury Lane.
3. At the Apple-Tree (Au Pommier) Taverne sur Charles-street, Covent-Garden.
4. At the Rummer and Grape (A la Coupe et au Raisin) Taverne sur Channel-Row, Westminster.
Celles-ci et quelques autres anciens Frères se réunirent à la dite Apple-Tree, et ayant porté en chaire le plus ancien Maître Maçon (aujourd’hui Maître de Loge) ils constituèrent eux-mêmes une Grande Loge pro Tempore en Due Forme, et dans les meilleurs délais, ranimèrent la Conférence Trimestrielle des Officiers de Loges (and forthwith revived the Quarterly Communication of the Officers of Lodges) (appelée GRANDE LOGE) décidèrent de tenir l’Assemblée Annuelle et Fête et ensuite de choisir un Grand Maître parmi eux, jusqu’à ce qu’ils aient l’Honneur d’avoir un Frère Noble à leur tête.
En conséquence, le Jour de la Saint Jean-Baptiste, la 3ème année du roi George Ier A. D. 1717, l’Assemblée et Fête des Maçons Francs et Acceptés était tenue à la pré-citée Brasserie Goose and Gridiron.
Avant le dîner, le plus ancien Maître (aujourd’hui Maître de Loge) en chaire, proposa une liste de Candidats appropriés ; et les Frères élirent à une majorité de mains levées M. Anthony Sayer, Gentleman, Grand Maître des Maçons (M. Jacob Lamball, Charpentier, Capt. Joseph Elliot, Grands Surveillants) qui fut dans les meilleurs délais investi avec les Insignes de l’Office et du Pouvoir par le dit plus ancien Maître, et installé, fut félicité par l’Assemblée qui lui rendit l’Hommage.
Sayer, Grand Maître, commanda aux Maîtres et Surveillants des Loges de se réunir avec les Grands Officiers chaque Trimestre en Conférence, à l’Endroit qu’il leur désignera dans la convocation envoyée par le Tuileur. »
Il ne faut bien évidemment pas prendre pour argent comptant ce que 21 ans plus tard, le Dr Anderson nous livre de cet événement.
On sait à quel point Anderson, « scribe » de Désaguliers, n’hésitera pas sur bien d’autres points à « arranger » le vérité de façon à faire valoir le projet de la toute nouvelle Grande Loge.
Nous n’auront pas le loisir ici de rentrer dans une étude systématique et très approfondie de ce texte, mais celui ci constituant le seul compte rendu de l’événement que nous possédions, nous nous en servirons de fil conducteur pour essayer de mieux comprendre cette soi-disant naissance de la Franc-Maçonnerie moderne.
« Le Roi George Ier entra dans Londres le 20 Sept. 1714 »
Il s’agit là d’une allégeance manifeste au roi, à la nouvelle dynastie hanovrienne et protestante. Souvenons nous rapidement qu’en ce début de XVIIIème siècle l’Angleterre vit une période charnière. En 1701 le dernier enfant de la princesse héritière Anne meurt. L’Acte de Succession pour écarter tout catholique de la succession au trône désigne pour celle-ci Sophie (femme de l’Électeur de Hanovre, petite-fille de Jacques Ier) ou ses descendants. La Reine Anne meurt en 1714 et c’est donc le fils de Sophie, George, Électeur de Hanovre, qui deviendra roi d’Angleterre.
« Et après que la Rebellion fut terminée »
La rébéllion en question est celle du soulèvement en Écosse des Jacobites, partisans de Jacques Édouard Stuart, fils de Jacques II d’Angleterre et prétendant aux trônes d’Angleterre et d’Écosse.
Une réaction violente contre L’Acte d’Union de 1707 proclamant la fusion des deux royaumes d’Angleterre et d’Écosse en un Royaume-Uni et la suppression du Parlement écossais, mais aussi contre l’Acte de succession dont nous venons de parler.
« A. D. 1716 »
Selon toute vraissemblance, une réunion préparatoire s’est tenue l’année précédente à 1717 (Anderson ne nous donne ni le jour ni le mois). C’est d’aileurs sans doute au cours de cette réunion que les choses se décidèrent vraiment, 1717 n’étant que la mise en application des résolutions prises précédemment…
« les quelques Loges de Londres se trouvant elles-mêmes négligées par Sir Christopher Wren »
Précision apportée par Anderson, sans doute pas innocente, il est dit « The few London Lodges » et non pas « A few London Lodges ». Ce qui tendrait à reconnaître que les Loges n’étaient pas nombreuses à Londres à cette époque, mais surtout à dire que « toutes » étaient concernées, ce que plus tard les Antients réfuteront dans Ahiman Rezon. Sir Christopher Wren est un personnage très célèbre en Angleterre, savant et architecte, il est connu pour son rôle dans la reconstruction de Londres après le grand incendie de 1666 et en particulier pour la conception de la cathédrale Saint-Paul de Londres. C’est aussi l’un des fondateurs de la Royal Society.
Des comptes rendus de cette même Royal Society attestent que Wren a été « adopted » dans la Fraternity of Accepted Masons le 18 Mai 1691. Des comptes rendus de la Loge originellement n°1 (At the Goose and Gridiron) le mentionnent comme « Master of the lodge ». Que penser du fait que Wren aurait « négligé » les maçons ?
On remarquera que les premières Constitutions d’Anderson de 1723 ne mentionnent pas cet épisode de la constitution de la Grande Loge. Aurait-il pu donner cette explication alors que Wren etait toujours vivant ? (Wren décédera justement en 1723.)
« pensèrent qu’il était bon de s’unir (thought fit to cement) et d’avoir un Grand Maître comme Centre d’Union et d’Harmonie »
Anderson ne nous éclaire pas plus ici sur les motivations réelles de ces Loges. S’agit-il pour elles d’une action de survie ? S’agit-il d’obtenir une meilleure reconnaissance, de faire que le métier puisse peser plus et mieux ? Ou s’agit-il d’une « prise de contrôle » préméditée des Loges par quelques acteurs qui ont déjà en tête un projet ?
« voici les Loges qui se réunirent, »
On connaît très peu de choses sur ces 4 loges fondatrices
n°1. At the Goose and Gridiron (A l’oie et le Gril) Brasserie à St. Paul’s Church-Yard.
Cette Loge est donnée pour être la plus ancienne des quatre fondatrices mais elle ne semble pas remonter à plus de 1691. Elle n’a donc que 26 ans en 1717.
Certains supposent qu’elle serait d’origine opérative, en relation avec la construction de la Cathédrale St Paul (1675-1710). Elle porte aujourdhui le nom de « Lodge of Antiquity » (plus noble sans doute que l’Oie et le Gril) et le n°2 sur le tableau des Loges de la GLUA.
n°2. At the Crown (A la Couronne) Brasserie à Parker’s Lane près de Drury Lane.
Cette Loge dont on ne connaît presque rien aurait été fondée en 1712.
Elle n’a joué aucun rôle dans l’histoire Maçonnique et s’est éteinte en 1736.
n°3. At the Apple-Tree (Au Pommier) Taverne sur Charles-street, Covent-Garden.
Aujourd’hui Lodge of Fortitude and Old Cumberland No.12, The Apple-Tree Tavern Lodge No.3 a donné à la Grande Loge son premier Grand Maître, Anthony Sayer, ainsi qu’aussi ses 2 Grands Surveillants, du moins le croit-on.
Certains pensent que cette Loge aurait été plutôt opérative et comptait parmi ses membres des Maçons de métier ainsi que des artisans. n°4. At the Rummer and Grape (A la Coupe et au Raisin) Taverne sur Channel-Row, Westminster.
Aujourd’hui « The Royal Somerset House and Inverness Lodge No.4 »
Sa date de création est inconnue, mais la « Pine’s list of Lodges » de 1729 donne comme date 1712-16.
Contrairement aux autres Loges, celle ci était composée d’une majorité de Maçons « Acceptés » dont 10 nobles. Elle a donné à la Grande Loge son deuxième, son troisième et son quatrième Grand Maître.
C’est la Loge de Désaguliers et c’est sans doute grâce à elle que la Grande Loge connaitra son extraordinaire essor.
Les 3 premières loges comptaient une vingtaine de membres chacune. La n°4 en comptait plus de 70.
On peut s’étonner de la « jeunesse » de ces loges qui, pour 3 d’entre elles venaient à peine d’être constituées (entre 0 et 4 ans). La plus ancienne n’ayant que 26 ans.
« Celles-ci et quelques autres anciens Frères se réunirent à la dite Apple-Tree, et ayant porté en chaire le plus ancien Maître Maçon (aujourd’hui Maître de Loge) ils constituèrent eux-mêmes une Grande Loge pro Tempore en Due Forme, »
On voit bien ici qu’en constituant dès 1716 une Grande Loge pro tempore, le projet était déjà bien défini bien avant 1717.
« ranimèrent la Conférence Trimestrielle des Officiers de Loges (and forthwith revived the Quarterly Communication of the Officers of Lodges) (appelée GRANDE LOGE) »
Nul ne sait à quoi peut bien se rattacher cette « Conférence Trimestrielle des Officiers de Loges appelée GRANDE LOGE » dont on ne trouve nulle part ailleurs quelque mention que ce soit.
« décidèrent de tenir l’Assemblée Annuelle et Fête et ensuite de choisir un Grand Maître parmi eux, jusqu’à ce qu’ils aient l’Honneur d’avoir un Frère Noble à leur tête. »
L’objectif est lâché : « avoir un Frère Noble à leur tête. ».
Il semble donc bien que dès le départ, la loge « At the Rummer and Grape » ait largement influé et qu’un projet était dessiné.
Il leur faudra attendre quatre ans, mais ils finiront par avoir ce noble à leur tête puisqu’en 1721 John Duke of Montagu devint leur grand Maître.
« En conséquence, le Jour de la Saint Jean-Baptiste, la 3ème année du roi George Ier A. D. 1717, l’Assemblée et Fête des Maçons Francs et Acceptés était tenue à la pré-citée Brasserie Goose and Gridiron. »
Le moment est venu de parler un peu de cette fameuse Brasserie The Goose and Gridiron.
D’abord précisons que la taverne est à cette époque en Angleterre l’un des centres de la vie sociale les plus importants. Ici se traitent les affaires, ici se réunit la Justice de paix, ici se réunissent les clubs, très en vogue en ce début de XVIIIème siècle. Durant très longtemps d’ailleurs les loges continueront à se réunir dans des tavernes. On buvait, on mangeait et on fumait en Loge. Voici ce que dit « The Book of Days » de Robert Chambers en 1872 :
« A l’angle Nord-Ouest de la Cathédrale Saint Paul se trouve toujours l’une des enseignes les plus fantaisiste de Londres – « L’Oie et le Gril ». Cette taverne existait déjà bien avant le grand feu de 1666, elle était en ce temps appelée « The Mitre ». Elle est devenue célèbre grâce aux concerts qu’y donnait la Société des Musiciens et à leurs armes montrant une lyre d’Apollon, surmontée par un cygne en écu, quand la maison fut reconstruite, ces insignes furent allègrement changés en une Oie et un Gril et désormais nous avons la démonstration de cette absurdité sur la porte »
On sait aussi que le bâtiment comptait 5 niveaux : 3 étages, un rez de chaussée et une cave. La plus grande salle à manger, au premier étage mesurait seulement… 4,30 m par 6,5 m soit environ 28m2.
On se demande vraiment comment a pu se tenir ici la première Grande Loge. On se doute en tous les cas qu’elle ne devait en fait pas être si grande que ça. En tous les cas guère plus de 20 personnes ont pu y participer.
Voici un détail auquel on n’avait pas pensé et qui réduit tout de suite la portée de l’événement…
« Avant le dîner, le plus ancien Maître (aujourd’hui Maître de Loge) en chaire, proposa une liste de Candidats appropriés ; et les Frères élirent à une majorité de mains levées M. Anthony Sayer, Gentleman, Grand Maître des Maçons (M. Jacob Lamball, Charpentier, Capt. Joseph Elliot, Grands Surveillants) qui fut dans les meilleurs délais investi avec les Insignes de l’Office et du Pouvoir par le dit plus ancien Maître, et installé, fut félicité par l’Assemblée qui lui rendit l’Hommage. »
Nous ne connaissons pas grand chose d’Antony Sayer et nous n’avons à son sujet moins d’information que n’importe lequel de ses successeurs à la tête de la Grande Loge. Nous savons qu’il est né en 1672 et mort Janvier 1742, mais rien n’est vraiment connu de sa vie privée.
Il fut Deuxième Grand Surveillant en 1719
Nous trouvons son nom parmi les membres de la Old King’s Arms Lodge, No. 28, à Londres. Il en sera le tuileur jusqu’à la fin de sa vie…
Nous savons qu’il fut publiquement réprimandé le 28 août 1730 pour avoir pris part à des réunions irrégulières de maçons mécontents contestant l’autorité de la Grande Loge… Nous savons aussi qu’il se trouva souvent en situation difficile et qu’il demanda la charité à la Old King’s Arms Lodge, No. 28 le 21 novembre 1724, le 21 avril, 1730 et le 17 avril, 1741. Il recevra l’appui de cette loge le 2 février 1736 et le 3 mars, 1740. Sa mort est enregistrée dans le compte rendu de la Old King’s Arms Lodge le 6 janvier 1742. Steven Smith, membre de la West Essex Round Table Lodge, No. 9310
dit dans un excellent article de Freemasonry Today daté du 14 décembre 2011 que la vie de Sayer n’a pas été très étudiée parce qu’elle ne correspondait pas aux standards de noblesse que la Franc-Maçonnerie aurait voulu afficher. Et qu’il se pourrait même que Sayer ait en fait été d’origine étrangère (française ?)…
En résumé, que retenir de ceci : 1717 n’est sans doute pas l’acte fondateur de la Maçonnerie moderne comme on voudrait trop facilement le croire (C’est en 1723 avec l’arrivée de Désaguliers que les choses sérieuses commenceront…)
Par contre, nous assistons ici à l’invention du concept de Grande Loge. Et il est bien certain que ceci va changer dès lors bien des chose….
(1) The New Book of Constitutions, by Dr. James Anderson ( 1738). (Texte original en anglais)
King George I enter’d London most magnificently on 20 Sept. 1714. And after the Rebellion was over A. D. 1716, the few Lodges at London finding themselves neglected by Sir Christopher Wren, thought fit to cement under a Grand Master as the Centre of Union and Harmony, viz., the Lodges that met,
1. At the Goose and Gridiron Ale house in St. Paul’s Church-Yard.
2. At the Crown Ale-house in Parker’s Lane near Drury Lane.
3. At the Apple-Tree Tavern in Charles-street, Covent-Garden.
4. At the Rummer and Grape Tavern in Channel-Row, Westminster.
They and some other old Brothers met at the said Apple-Tree, and having put into the chair the oldest Master Mason (now the Master of a Lodge) they constituted themselves a Grand Lodge pro Tempore in Due Form, and forthwith revived the Quarterly Communication of the Officers of Lodges (call’d the GRAND LODGE) resolv’d to hold the Annual Assembly and Feast, and then to chuse a Grand Master from among themselves, till they should have the Honor of a Noble Brother at their Head.
Accordingly, on St. John’s Baptist’s Day, in the 3d year of King George I, A. D. 1717, the ASSEMBLY and Feast of the Free and Accepted Masons was held at the foresaid Goose and Gridiron Ale-house. Before Dinner, the oldest Master Mason (now the Master of a Lodge) in the Chair, proposed a List of proper Candidates; and the Brethren by a majority of Hands elected Mr. Anthony Sayer, Gentleman, Grand Master of Masons (Mr. Jacob Lamball, Carpenter, Capt. Joseph Elliot, Grand Wardens) who being forthwith invested with the Badges of Office and Power by the said oldest Master, and install’d, was duly congratulated by the Assembly who paid him the Homage.
Sayer, Grand Master, commanded the Masters and Wardens of Lodges to meet the Grand Officers every Quarter in Communication, at the Place that he should appoint in the Summons sent by the Tyler.