Voici la contribution de Vabadus à notre nouvelle rubrique « loge libre et insoumise »
Vous connaissez probablement Vabadus par ses nombreux articles sur le blog de « La Maçonne » qui visent à la Liberté d’expression et d’une façon plus générale défendent les valeurs humanistes de la Franc-Maçonnerie.
LE PRÉSIDENT DE NOTRE RÉPUBLIQUE LAÏQUE
NE DEVRAIT PAS DIRE ÇA…
EST-CE QUE LE PRÉSIDENT DE GAULLE AURAIT DIT ÇA … ?
Est-ce que le président de Gaulle aurait dit -« L’antisionisme est la forme réinventée de l’antisémitisme » comme l’a dit le Président Macron ?
L’Express.fr a rapporté le16/07/2017, les propos du Président Macron tenus lors de la cérémonie marquant le 75e anniversaire de la rafle du Vel d’hiv.
« Au cours d’une cérémonie émouvante commémorant la rafle du Vel d’Hiv, Emmanuel Macron a déclaré qu’il ne céderait « rien aux messages de haine, (…) à l’antisionisme car il est la forme réinventée de l’antisémitisme ». Une phrase qui a suscité les applaudissements dans l’assemblée. « Ce sont toutes ces haines qui se fondent sur ce que l’on est, sur d’où l’on vient, sur ce que l’on croit que nous devons combattre », a-t-il poursuivi.
Soixante -quinze ans après cet épisode tragique de l’histoire française, le président français avait invité Benjamin Netanyahu à participer à cette cérémonie. » fin de citation.
Manuel Valls avait tenu des propos similaires à ceux du Président ce qui montre que ces responsables gouvernementaux sont loin de savoir raison garder. Un Président de la République française n’a pas le droit de dire que : « l’antisionisme est le forme réinventée de l’antisémitisme » car il est le garant de la liberté d’opinion et d’expression de tous les français. Or cette affirmation est une OPINION, et elle n’est pas répréhensible par la Loi. C’est une opinion POLITIQUE qui a la même valeur que celle qui consiste à dire « je suis sioniste ». Cette opinion qui est répandue sur un plan international et cela depuis de très nombreuses décennies. Le Président n’a pas le droit d’affirmer que cette opinion est porteuse de haine car c’est une accusation gravée lancée contre ceux qui s’affirment antisionistes,
Cette note n’a pas pour but de débattre du bien fondé de l’antisionisme mais de montrer que c’est une réalité dans l’espace et dans le temps qui n’a pas a être condamnée moralement par un gouvernement français en l’assimilant globalement à l’antisémitisme.
LES PRÉSIDENTS FRANÇAIS, L’ANTISIONISME ET L’ANTISÉMITISME
En novembre 1967 le Président de Gaulle lors d’une conférence de presse avait déclaré « que beaucoup se demandaient si les Juifs, jusqu’alors dispersés, mais qui étaient restés ce qu’ils avaient été de tout temps, c’est-à-dire un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur, n’en viennent, une fois rassemblés dans le site de leur ancienne grandeur, à changer en ambition ardente et conquérante les souhaits très émouvants qu’ils formaient depuis dix-neuf siècles : l’an prochain à Jérusalem »
Raymond Aron à défaut de traiter le Général d’antisémite affirma que par ses propos, de Gaulle « ouvrait la voie à l’antisémitisme ».
En 1992 le Président Mitterrand décida de se rendre à la cérémonie du Vel’ d’Hiv’ après avoir déclaré que l’État français n’était pour rien dans la rafle de 1942. Comme le raconte Le Monde « Pour la première fois, un président de la République y assistait, au milieu d’autres personnalités officielles. Pourtant, à son arrivée, il fut hué par une partie de l’assistance. On entendit crier : « Mitterrand à Vichy ! ». Robert Badinter prit le micro et cria de rage : « Vous m’avez fait honte ! Vous m’avez fait honte en pensant à ce qui s’est fait là, vous m’avez fait honte ! […] Taisez-vous ! ».
Le président déposa sa gerbe, mais il ne parla pas.
Il aggrava même son refus en faisant déposer une gerbe sur la tombe de Pétain le 11 novembre suivant, au nom de la République française. »
En 2012, le Président Hollande déclara lors du 70e anniversaire de la rafle du Vel d’Hiv : « L’antisémitisme n’est pas une opinion, c’est une abjection. Pour cela, il doit d’abord être regardé en face. Il doit être nommé et reconnu pour ce qu’il est. Partout où il se déploie, il sera démasqué et puni ».
Ses propos classiques ne remettent pas en cause la Laïcité 1905.
On voit donc toutes les variantes d’expression de responsables français sur des sujets hypersensibles où la communauté juive est immédiatement réactive.
Mais aucun Président n’avait affirmé de relation directe entre antisionisme et antisémitisme comme cela a été fait par le Emmanuel Macron.
APERÇU DE L’ANTISIONISME EN FRANCE
Regards sur le passé
C’est à la fin XIX siècle que s’encre le mouvement sioniste d’essence religieuse et particulièrement au premier congrès sioniste qui a lieu en Suisse, en août 1897 et qui marque le tournant du mouvement qui devient officiellement « sioniste-politique». À la fin du XIXe siècle et au tout début du XXe siècle, une majorité des juifs orthodoxes n’adhèrent pas au sionisme, voire lui est hostile pour des raisons théologiques. C’est le début de l’antisionisme. Ce type de réaction ressemble fort à la naissance de l’antimaçonnisme avec la première bulle papale qui suit de quelques années la naissance de la FM spéculative en 1717.
L’antisionisme va se développer et prendre différentes expressions dans le temps et dans de nombreux pays, Israël compris. On peut, en Europe, retenir que la première forme d’antisionisme est contemporaine de la naissance du sionisme car des dans leur organe la Civiltà Cattolica. En conséquences la France, fille ainée de l’Èglise, va subir progressivement ce type de propagande que les ultras catholiques vont muter en « complot judéo-maçonnique » et qui vont en même temps renforcer l’antisémitisme. C’est à partir de la conquête et de l’occupation des territoires palestiniens que l’antimaçonnisme va prendre une autre forme plus politique qui a toujours cours en France en 2017.
Antisionisme et antisémitisme en France au XXIe siècle
Comment poser le problème ? Dans un article de l’OBS PLUS publié le 25/09/ 2012, Pascal Boniface, Directeur de l’IRIS analyse la situation ainsi
« Antisémitisme et antisionisme : une confusion malsaine qu’il faut dissiper
« OBS. « L’antisémitisme se définit comme le racisme à l’encontre des juifs. L’antisionisme, comme l’opposition au « mouvement politique et religieux visant à l’établissement puis à la consolidation d’un Etat juif en Palestine ». Or un amalgame est parfois fait – voire entretenu ? – entre ces deux termes. Pour Pascal Boniface, directeur de l’Iris, cette confusion doit cesser. »
PASCAL BONIFACE « Lors des vœux adressés aux responsables communautaires pour le nouvel an juif dimanche 23 septembre à la Grande synagogue de la victoire, Manuel Valls a dénoncé « un nouvel antisémitisme qui se cache derrière un antisionisme de façade » qui, selon lui, aurait pris racine dans notre pays. Le ministre de l’Intérieur a mis le doigt sur une réalité. Mais il en a occulté une partie.
Une confusion lourde de sous-entendus
Il est vrai que dans certains discours, le terme de « sioniste » a remplacé le terme de « juif » pour des raisons qui n’ont rien de saines. Afin d’échapper à la législation qui pénalise les propos antisémites, certains entretiennent une confusion volontaire entre juifs et sionistes, espérant échapper aux foudres de la loi en utilisant le second terme à la place du premier. On ne parle plus de complot juif mais de complot sioniste. Le terme sioniste est devenu péjoratif, disqualifiant et même injurieux. On entend même parfois « sionnard ». Cette confusion est lourde de sous-entendus, de confusion intellectuelle et de conséquences politiques.
On peut être sioniste et favorable à la reconnaissance des droits du peuple palestinien
On peut être sioniste sans être favorable à l’occupation des Territoires occupés palestiniens. Abraham Burg est aussi sioniste qu’Avigdor Liebermann. Ils sont à l’opposé sur l’échiquier politique de la conception de l’État d’Israël, de son insertion dans la région et des relations que l’État d’Israël doit entretenir avec les Palestiniens et les autres peuples arabes. Avigdor Liebermann, même s’il représente une option politique plus importante que celle d’Abraham Burg, n’est pas le dépositaire légitime du sionisme. Abraham Burg l’est tout autant, si ce n’est plus.
On peut être sioniste et favorable à la reconnaissance des droits du peuple palestinien. On peut également être favorable à la reconnaissance de ces droits, estimer que les Palestiniens subissent depuis trop longtemps des injustices, mais reconnaître à l’État d’Israël le droit d’exister dans des frontières sûres et reconnues.
Il y a une confusion malsaine entre sionisme et hostilité à la reconnaissance des droits du peuple palestinien. Or ils ne sont pas incompatibles. Cette confusion doit cesser.
Manuel Valls a raison sur ce point. Mais il ne fait que la moitié du chemin.
Une façon d’importer le conflit israélo-palestinien
Car de nombreux responsables institutionnels et intellectuels juifs français qui exhortent tous les juifs à être inconditionnellement solidaires du gouvernement d’Israël ont une grande part de responsabilité dans cette confusion. L’accusation récurrente d’antisémitisme opposée à ceux qui ne font qu’émettre une critique politique du gouvernement israélien crée un amalgame tout aussi funeste et contribue à l’importation du conflit israélo-palestinien en France.
Il aurait été pertinent que le ministre de l’Intérieur fasse également ce rappel. De même qu’il est légitime de condamner les appels à la haine anti-juif, il ne serait pas malvenu de cesser d’ignorer les messages haineux qui sont émis par les plus inconditionnels supporters de l’actuel gouvernement israélien sur les réseaux sociaux et parfois même les radios communautaires.
Comment par exemple justifier l’inexplicable impunité de la Ligue de Défense juive, régulièrement mise en cause pour des actes de violences à l’égard de personnes qui n’ont pour seul défaut de se déclarer solidaires de la cause palestinienne et dont beaucoup sont par ailleurs juifs ?
L’accusation du « deux poids, deux mesures », est délétère pour le vouloir vivre-ensemble dans notre société. Elle gagnerait à être combattue dans les faits. Il y a sur ce point encore du chemin à faire. » fin de citation
QUELS SONT LES PARTIS POLITIQUES ANTISIONISTES ?
Si l’on admet que le CRIF est représentatif de l’opinion la plus répandue dans la communauté juive française, la réponse à la question a été fournie à un journal de gauche israélien par son Président et dévoilée par le site de France 24 dans un article le 28 avril 2012, avant les élections présidentielles
« Le président du Crif craint l’influence d’une gauche « antisioniste »
Dans le quotidien israélien « Haaretz », le président du Crif s’inquiète en cas de victoire de François Hollande à la présidentielle de l’influence que pourraient avoir l’extrême gauche et les Verts, des partis « hostiles » à l’État hébreu, selon lui.
L’ANTISIONISME D’UN PARTI D’EXTRÊME GAUCHE
Puisque le Président du CRIF désigne l’extrême gauche comme force antisioniste, il nous semble utile de présenter le point de vue de l’une de ses composantes, le NPA qui s’appelait antérieurement LCR. Or la LCR a toujours été antisioniste depuis sa création par Alain Krivine qui fut ainsi le premier candidat juif aux élections présidentielles en 1969 à être antisioniste.
NPA a réagi le 18 juillet 2017 aux propos du Président Macron par un article intitulé « Antisionisme = antisémitisme ? Les scandaleux amalgames de Macron » Notre presse: Hebdo L’Anticapitaliste – 393 (20/07/2017)- extraits :
« La critique du sionisme est la critique d’une idéologie et d’une politique fondées sur une vision ethno-raciale des rapports sociaux qui a conduit l’État d’Israël à institutionnaliser les discriminations et l’oppression subies par les Palestiniens au moyen de lois accordant des droits spécifiques (et supérieurs) aux Juifs. Ainsi, critiquer le sionisme et les structures discriminatoires de l’État d’Israël, ce n’est pas faire preuve de racisme mais, bien au contraire, refuser la légitimation de mécanismes institutionnels de hiérarchisation raciale.
L’antisionisme n’a donc rien à voir avec la haine des Juifs, quand bien même certains courants et individus antisémites prennent prétexte du sort de peuple palestinien pour alimenter leur rhétorique nauséabonde. Qui plus est, en assimilant, d’une part, opposition au sionisme et, d’autre part, antisémitisme, Macron favorise en réalité l’amalgame qu’il prétend combattre. Il se place en effet sur le même terrain que la vermine antisémite : celui de la confusion volontaire entre « juif », « sioniste » et « israélien ».
https://npa2009.org/actualite/politique/antisionisme-antisemitisme-les-scandaleux-amalgames-de-macron
PEUT-ON ÊTRE JUIF, ANTISIONISTE ET LA CIBLE DES ULTRAS?
La réponse est oui et il y a un site ultra sioniste français pour le montrer « Europe Israël News », qui organisait un concours pour classer les juifs antisionistes les plus dangereux pour Israël ; il fallait donner trois noms :
Un lecteur donne des noms dans un commentaire : « Il faut dénoncer ces juifs qui posent problème, si ce n’est que pour les juifs eux-mêmes. J’en ai relevé que quelque uns et non des moindres :
»Charles EN journaliste, Claude AS journaliste Maurice SZ journaliste, Esther B députée, Daniel C B homme politique, etc. «
NB .Nous avons masqué les noms car une telle démarche ciblée porteuse de haine, est de celles qui ont précédé l’action meurtrière d’Ygal Amir.
Le nom d’Albert Einstein aurait été donné s’il était encore vivant pour avoir dit « ‘Je préférerais de beaucoup qu’un accord raisonnable ait lieu avec les Arabes sur le principe de vivre ensemble dans la paix plutôt que d’assister à la création d’un Etat hébreu. Mis à part certaines considérations d’ordre pratique, la conscience que j’ai de la nature fondamentale du judaïsme s’oppose à l’idée d’un Etat hébreu, avec des frontières, une armée et une certaine puissance temporelle, même la plus modeste. Ma crainte est que le judaïsme ne subisse des dommages de l’intérieur »’
UN PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE NE DEVRAIT PAS DIRE ÇA
Dans son discours aux évêques au Palais du Latran le 20 décembre 2007 le Président Nicolas Sarkozy, le jour où il avait été reçu par le Pape avec le comique JM Bigard, disait ceci, près avoir rappelé « la profondeur de l’inscription du christianisme dans notre histoire et dans notre culture » :
« Et puis je veux dire également que, s’il existe incontestablement une morale humaine indépendante de la morale religieuse, la République a intérêt à ce qu’il existe aussi une réflexion morale inspirée de convictions religieuses. D’abord parce que la morale laïque risque toujours de s’épuiser quand elle n’est pas adossée à une espérance qui comble l’aspiration à l’infini. Ensuite et surtout parce qu’une morale dépourvue de liens avec la transcendance est davantage exposée aux contingences historiques et finalement à la facilité. »
« Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le curé ou le pasteur » Un Président de la République ne devrait pas dire ça !
Le Collectif national laïque comprenant notamment le GODF, Le Droit Humain, la GLMU, la GLMF, la GLCS ont réagi par communiqué sur deux faits suivants :
1°aux propos du Président lors du récent colloque organisé pour les 500 ans de la Réforme portant sur la bioéthique, la fin de vie et la PMA (dont l’ouverture à toutes les femmes est une promesse de campagne) : « La manière que j’aurai d’aborder ces débats ne sera en rien de vous dire que le politique a une prééminence sur vous et qu’une loi pourrait trancher ou fermer un débat qui n’est pas mûr ».
Un Président n’a pas le droit de dire que le « Politique » est subordonné aux volontés et oukases des Églises dans l’adoption d’une Loi.
En matière de PMA notre article sur ce blog du 8/11/2017, avait alerté sur le renvoi aux calendes grecques de la programmation de la loi sur « La PMA pour toutes », ce dont s’était félicitée Ludovine de La Rochère cheffe de LMPT.
2° l’annonce par le Ministre de l’Intérieur de la mise en place auprès de lui d’une instance « informelle » interconfessionnelle, qui va, c’est certain, supplanter le Comité de la Laïcité, organisme officiel qui assiste le Gouvernement dans son action visant au respect du principe de laïcité.
À la laïcité « ouverte » prônée par le Président Sarkozy succède la LAÏCITÉ INCLUSIVE du Président de la République. Emmanuel Macron qui a suivi l’enseignement de son « Maître », le philosophe et protestant Paul Ricoeur, devrait s’inspirer de ce qu’il disait en 1939 définissait ainsi la laïcité : « La neutralité nécessaire de l’État en matière philosophique et religieuse », garantie de « la liberté de conscience ». Ainsi un Président doit posséder une sage philosophie politique en matière de laïcité différenciant l’État de la tyrannie spirituelle des communautarismes. La neutralité de l’État s’oppose à l’impérialisme qui est la tentation de toute mystique portée par les ultras des communautarismes, racistes, religieux ou nationalistes,
À l’exemple des obédiences citées ci-dessus, les maçons devraient se montrer vigilants face à cette dérive vers une laïcité inclusive inspirant un gouvernement qui introduit ainsi le champ religieux, les représentants et les exigences communautaristes dans la conception des lois et le fonctionnement de l’État. Cela se fait en contradiction avec l’article 2 de la Loi de 1905 qui indique que « La République ne reconnaît… aucun culte.»
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Dans mon article je me fais le défenseur (modeste) de la Laïcité et la Liberté d'expression et les commentaires qui ont suivi montrent que cette Liberté mérite bien d'être protégée. D'autant que l'angle d'attaque de ceux qui m'insultent porte sur l'assimilation de l'antisionisme à l'antisémitisme. Alors, et c'est cocasse, ne savent-ils pas qu'il y a des Députés israèliens qui sont antisionistes et donc cette liberté d'expression qui est possible à la Knesset serait imposssible en France !!
L'absurdité de telles accusations a été mise en valeur par Daniel Salvatore Schiffer, philosophe, lui-même juif, dans un article à découvrir : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/592971-stephane-hessel-taxe-d-antisemitisme-une-insulte-galvaudee-et-contre-productive.html
Dans cet article le philosophe dit notamment ceci à propos de ces ultras sionistes :
"D’autant que j’y osais effectivement la question qui fâche, taboue à leurs yeux : est-il encore permis aujourd’hui de critiquer publiquement la politique menée par tel ou tel gouvernement israélien lorsque l’on considère, à tort ou à raison, qu’il outrepasse la légalité internationale ou qu’il ne respecte pas le droit humanitaire, comme le font, par exemple, un Stéphane Hessel, un Edgar Morin ou un Alain Badiou, sans se voir automatiquement, et de manière souvent abusive, traité d’antisémite ?
Cette interrogation vaut aussi par ailleurs pour Michel Onfray, lequel, lui aussi, s’est vu tout récemment accusé d’antisémitisme, pour avoir fait l’éloge du dernier essai de Jean Soler, "Qui est Dieu ?", en même temps qu’il s’en prenait ouvertement là, par-delà ses trop faciles amalgames, aux trois grands monothéismes, dont, précisément, le judaïsme.
Ils font en effet un usage si excessif et si généralisé, si répétitif et si hâtif, de l’outrageant qualificatif d’"antisémite" qu’ils finissent, tant celui-ci s’avère ainsi galvaudé et néfaste, par le vider de tout sens et lui ôter toute pertinence. Pis, ils le rendent, par ce désastreux et très dommageable effet de boomerang, aussi inefficace qu’inopérant, voire contreproductif et même inespéré aux yeux mêmes de leurs séculaires ennemis : ce qui, en plus du caractère particulièrement aberrant de pareille insulte à l’encontre de notre mémoire la plus sacrée, équivaut, comble du paradoxe, à une deuxième – criminelle et infamante – mort de nos propres pères en cette abominable nuit de l’humanité que fut la Shoah. Et cela, désormais, nous ne le permettrons plus : qu’on se le dise une bonne fois pour toutes !
D’autant que, s’il est vrai que nous sommes tous – juifs, chrétiens, musulmans – des fils d’Abraham, pour reprendre les termes mêmes du monothéisme biblique, vouloir faire alors du peuple juif le "peuple élu" de Dieu, au détriment des deux autres, revient forcément, en toute logique, à se rendre ainsi coupable, plus paradoxalement encore, d’une autre espèce, mais non moins condamnable sur le plan moral et humain, d’antisémitisme : un antisémitisme, celui-là, quasiment, à l’exception des Juifs, universel !
Dieu serait-il donc, en favorisant de manière aussi inéquitable et flagrante l’un de ses propres groupes d’enfants, un mauvais père ?
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La liberté d'expression et la liberté d'opinion sont choses sacrées, qu'il est de notre absolu devoir de défendre et de protéger. Vabadus peut donc penser et exprimer ce qu'il veut.
Il a le droit d'émettre un pont de vue dont nous avons le droit de considérer qu'il est antisémite autant qu'antisioniste.
Prendre en exemple les quelques députés du parlement israélien qui affichent des convictions antisionistes, - sous réserve de bien comprendre ce que cela signifie dans leur bouche et pourquoi ils émettent ce point de vue - c'est rendre hommage à la démocratie de l'état dans lequel ils ont pu se faire élire alors qu'ils en dénoncent l'un des fondements. Ces députés sont l'expression d'un courant religieux que l'on qualifierait chez nous d'extrémiste, qui rejette l’Etat d’Israël – la souveraineté des hommes – parce qu'il choisit la souveraineté de l’Eternel, qui seule selon ce courant est juste et peut être une source de bonheur et de paix pour l’humanité. Là encore, c'est leur droit de penser ainsi.
Quant à la notion de "peuple élu", Vabadus démontre son ignorance profonde du sens du message biblique.
L'Ancien Testament montre à quel point cette "élection" implique plus de responsabilités et de sacrifices. C'est ce qu'énonce le prophète Amos 3:2): « C'est vous seuls que J'ai distingués entre toutes les familles de la terre, c'est pourquoi Je vous demande compte de toutes vos fautes. »
L'élection du peuple juif n'implique en aucune manière une quelconque supériorité sur les autres nations, et son sens est uniquement celui de la responsabilité de conserver et transmettre un message de paix. Il s'agit là d'un fardeau, une mission difficile et primordiale, et non de la moindre signification de supériorité
L'erreur volontaire relayée par Vabadus est bien en réalité une forme supplémentaire de calomnie antisémite, La signification biblique véritable du peuple élu est donc d'ordre inverse à l'accusation antisémite : rester humble et responsable d'un message d'amour universel.
Un véritable Franc-Maçon ne devrait rien y trouver à redire...
L’antisionisme s’oppose à l’établissement puis à la consolidation d’un État juif en Palestine. Je ne vois pas pour quelle raison les juifs n’auraient pas le droit d’établir puis de consolider un État juif en Palestine… Un État Palestinien peut, doit pouvoir, prospérer à côté d'Israël (qui n'est pas un État juif au sens strict du terme même si le projet politique existe) et Israël peut, doit pouvoir, prospérer à côté d'un État Palestinien. Dans l'antisionisme, cela n'est pas possible. Et ça c'est hautement regrettable.
L’antisionisme s'oppose à l’établissement puis à la consolidation d’un État juif en Palestine. Je ne vois pas pour quelle raison les juifs n'auraient pas le droit d'établir puis de consolider un État juif en Palestine... Enfin si, j'en vois une de raison et elle est haineuse, hystériquement haineuse. Merci à Boniface de l'avoir rappelé malgré lui... Les masques tombent...
Vadabus s'était déjà largement disqualifié par des propos extrémistes, des affirmations infondées, des amalgames douteux, qui n'ont sans doute d'autre origine que sa rancœur d'avoir été viré de l'obédience à laquelle il appartenait, déjà pour des attitudes du même ordre. C'est lui faire beaucoup d'honneur que de lui offrir - come à sa consoeur "La maçonne" elle aussi en rupture de loge - les colonnes d'un blog par ailleurs de fort bonne tenue.
Certes la critique est en soi chose vertueuse, mais à la seule condition d'être parfaitement fondée.
Une fois de plus, cette diatribe vis-à-vis du Président de la République pêche par approximations et déformations de la réalité.
Pour n'en prendre que deux exemples, révélateurs : lorsqu'on cite la Loi de 1905 sur la séparation des églises et de l'Etat, il faut le faire convenablement. Il faut aussi se souvenir du contexte dans lequel cette loi fût adoptée, à l'initiative du député républicain-socialiste Aristide Briand, qui prônait une laïcité sans excès. L'article 1er de cette loi est simple et explicite : "La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l'intérêt de l'ordre public.". L'article 2, cité de manière tronquée par Vadabus, énonce que la République ne finance aucun culte, exception faite des services d'aumônerie.
Autre exemple de manipulation ou à tout le moins de rédaction fautive : on nous parle d'un "Comité de la Laïcité". Une telle institution n'a jamais existé au sein de l'appareil d'Etat. Ce qui existe, et fonctionne fort bien, c'est l'Observatoire de la Laïcité", présidé par Jean-Louis Bianco. Sa mission est d'assister le Gouvernement dans son action visant au respect du principe de laïcité en France.
Elle ne se superpose pas avec celle d'une instance réunissant les représentants des différentes religions ou spiritualités.
Sur le fond enfin, la relation entre antisionisme et antisémitisme, il faut simplement relire ce qu'écrivait Martin Luther King, qu'on ne peut suspecter d'avoir été juif ni israélien...
Pour le pasteur baptiste et Prix Nobel assassiné en 1968 :
« L'antisioniste signifie de manière inhérente antisémite et il en sera toujours ainsi (...) Il devrait être si facile de comprendre, de soutenir le droit du Peuple Juif à vivre sur l'antique Terre d'Israël. Tous les hommes de bonne volonté se réjouiront de la réalisation de la promesse de Dieu, que son Peuple retourne dans la joie sur la terre qui lui a été volée. C'est cela le Sionisme, rien de plus, rien de moins. »
« Et qu'est l'antisionisme ? C'est le déni au peuple juif d'un droit fondamental que nous accordons librement à toutes les nations de la terre : celui de posséder son propre État. C'est de la discrimination envers les Juifs, mon ami, parce qu'ils sont Juifs. En un mot, c'est de l'antisémitisme. »
Vadabus est antisémite et antimaçon, sans faire d'amalgame bien sûr ... Ou peut avoir la varicelle et un bouton sur le nez sans qu'il y ait (nécessairement) de relation entre les deux.
C'est son droit, mais il doit l'assumer pleinement et accepter d'être reconnu comme tel.