L’APPRENTI
Les tracés des tableaux de loge
Couvrent le pavé mosaïque
De symboles qui interrogent,
Et réveillent l’esprit critique.
Ils mènent au centre de l’Idée,
Lèvent les voiles, les mystères ;
Les pierres brutes, les pierres taillées,
Sont les clés de l’imaginaire.
Qu’elles n’oublient pas la carrière,
L’origine des aspérités,
De l’assise frêle et précaire,
Et des faces désaccordées.
Elles sont nées du sein de la terre,
Se retrouvent pour se lever,
Deviennent des vaisseaux de pierre,
Lient le monde profane au sacré ;
Dans le mouvement qu’elles génèrent,
Mettent un terme à la dualité,
Et marient les sens contraires
Sous l’égide de la trinité.
Les outils parlent sans se méprendre,
En silence, à qui les tient,
Ne se lassent pas de surprendre,
Prennent la mesure de la main.
Chacun par le Fil à plomb
Trouve l’équilibre en soi-même,
Les deux faces d’une équation,
Sa solution, son problème.
Le Niveau, le sceau du Travail,
Rectifie les positions,
Vérifie dans tous les détails
L’œuvre d’une vie, notre action.
Juste à l’angle droit de l’Equerre
Un point marque un événement,
La rencontre, en secret, du Frère,
L’Un de l’Autre, un avènement.
Dans la chaîne ouverte ou fermée
Circulent en nous des courants,
Qui nous portent unis, délivrés,
Vers un éternel Orient.
Qui proclame son idéal
Défend aussi des emblèmes ;
La descente du piédestal
Est le premier pas vers soi-même.
Il faudra marcher plus avant
Pour garder l’élan nécessaire,
Et trouver le contentement
Dans des gestes sûrs et sincères.
Le rituel nous ouvre d’étroits
Passages des ombres aux lumières,
Règle le devoir et le droit
De connaître et de se parfaire.
Les rayons passent les fenêtres,
Et prennent le temps d’éclairer
Les colonnes prêtes à renaître,
A se tendre dans l’unité.
Une Tenue, c’est se redresser,
Pour celui qui peine, celle qui sombre,
Notre lumière sait passer
A travers les mailles de l’ombre.
Patrick Carré