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Planche Maçonnique : Réflexion sur le pavé mosaïque

Une planche maçonnique offerte par Daniel D. : Réflexion sur le pavé mosaïque

A la gloire du Grand Architecte de l’univers. Vénérable maître, vous tous mes frères, en vos degrés et qualités, j’ai plaisir à vous présenter une réflexion sur le pavé mosaïque, en soulignant aux travers d’exemples fondés et de leurs contradictions naturelles, les dualités et les formes complémentaires de cet outil de travail, de pensée symbolique et d’ornement.

En effet, le pavé mosaïque, également appelé « pavé d’équerre par les anciens », s’avère si riche qu’il regroupe ou qu’il met en mouvement bon nombre de symboles que l’on rencontre dans un Temple Maçonnique, et qui figurent derrière le Frontispice du Temple. (façade principale de l’édifice)

Dans le labyrinthe d’idées creusé par ce signe, il existe des marques distinctives propres à chacun d’entre-nous. Ce qui s’avère blanc pour Michel, s’appréciera en noir dans l’esprit de Paul et des autres… Faut-il être comme Saint Thomas, de tout contrôler avant de croire, ou alors suivre aveuglement les écrits et les dires, même lorsqu’ils se colportent dans notre noble assemblée ?

L’histoire controversée de nos anciens explique que les opératifs posaient souvent ce pavé mosaïque sur le sol des églises, pour reproduire celui du Temple du roi Salomon. Il se raconte que la construction respectait les bases du nombre d’Or, dont la valeur universelle précise : 1,618 033 989 se calcule selon la formule, 1 à la racine carrée de 5 divisé par 2. La Bible précise, dans le premier livre des Rois, que ce temple mesurait soixante coudées de long, vingt de large et vingt cinq de haut. Pour les matheux, une coudée mesure environ 30 cm.

Maîtres de l’art royal et de la géométrie, les constructeurs d’édifices respectaient trois orientations : technique, artistique et religieuse. Ils utilisaient ces dalles noires et blanches pour y projeter dans l’édifice en association avec un fil à plomb, une position du zénith au nadir, ou du déambulatoire au sol, en passant par les différentes élévations de l’ouvrage. Cela soulignait la dimension verticale de la bâtisse « tournée vers Dieu » face à un pavage, plan par définition et posé au sol. La géométrie s’avère bien la 5e des sciences à laquelle un bon compagnon s’applique « préférablement ».

L’association d’un fil à plomb, d’un damier et de la règle graduée détermine les trois dimensions de l’espace : largeur, longueur et hauteur, soit « X Y Z ». L’angle droit des carrés forme un rayon de 45°. Il montre, qu’en suivant cette voie sans cesse tracée, l’homme y trouve son chemin, celui de la rigueur géométrique du maçon opératif d’hier.

L’histoire explique que le travail en loge s’exécutait dans une simple cabane tenue « secrète » et placée du côté le plus éclairé du chantier, on disait également, la fabrique. Un pavé mosaïque dessiné servait de planche à tracer pour définir les plans de l’ouvrage. En référence à ces pratiques anciennes, on y place aujourd’hui différents types de tapis de loge correspondant aux grades représentés dans la F.. M..

A l’issue de la tenue, le plus jeune des apprentis entrés en loge effaçait le sol crayonné, à l’aide d’un sceau d’eau et d’une toile. Il répandait ensuite du sable pour dégager toutes traces issues des travaux, notamment les lignes droites et les perpendiculaires. Nous exécutons aujourd’hui, symboliquement, la même pratique par notre silence hors du Temple.

Faut-il accréditer, mes frères, l’idée que ce pavé mosaïque servait de guide de mesure sur les sols des cathédrales ? Thomas ne le pense pas. Il le classe dans le registre, déjà trop riche, des légendes. En effet, il semble invraisemblable que des maçons puissent manœuvrer sur un sol chargé de détritus d’un chantier, des blocs de pierres dont le plus léger avoisine les cent cinquante kilos. Cela aurait créé de graves dommages au précieux pavage noir et blanc.

La réalité de l’époque s’avère, selon d’autres historiens, différente. La bible explique que le sol du Temple de Salomon, Debir ou Saint des Saints compris, n’était pas recouvert d’un pavé mosaïque, mais de bois de genévrier plaqué d’or. Alex Horne cité dans le dictionnaire de la F.. M.., fait allusion à Moïse en se rapportant au pavage de l’intérieur du tabernacle, dont la méthode d’assemblage fut appelée Mosaïque. Il n’existe pas d’allusion biblique à une telle interprétation.

Et pourtant, les constructeurs de cathédrales utilisaient bien une simulation de pavé mosaïque. Cette technique s’imposait comme la « Clef du Mestier » des compagnons d’antan. Leurs descendants, adeptes du compagnonnage, l’utilisent encore.

Sur un terrain plat, imprégné de charbon de bois écrasé et tassé au rouleau, les opératifs traçaient à l’aide d’un cordeau frotté à la craie, les lignes de la construction. Ce quadrillage, qui représente un plan à l’échelle « 1 », s’applique aussi sur les murs et les charpentes, pour y tracer la position des ouvrants et des madriers. De petits piquets plantés aux intersections de fils tendus, généraient ainsi des quadrillages dans le principe d’alignement du pavé mosaïque.

Dans certains rituels anciens, à la question « Comment servez-vous votre Maître » les compagnons répondaient, « avec le charbon de bois, la craie et l’argile », l’argile servant à tirer des traits.

Retour à la réalité des modernes. Les maçons opératifs ont, dit-on, cédé leur place aux maçons spéculatifs. Le pavé mosaïque a survécu. D’outil géométrique, il se mute en un moyen, ou plutôt un instrument de réflexion symbolique. Le penseur y perçoit des messages.

La force des contraires, celle qui règne au cœur de cette mosaïque, semble dominer le monde. Ce « sans partage » inquiétant à bien des égards, se révèle lorsqu’il se trouve encensé à l’extrême. Il génère pourtant l’équilibre indispensable à la vie. Les peuples civilisés ne s’appuient-ils pas sur ces contradictions, sur un rapport faible / fort – riche / pauvre – malade / bien portant – croyant / athée… pour mettre en évidence d’autres hommes, apparemment mieux lotis ? Initiés nous sommes, certes, mais ne tombons pas dans ce que la justice appelle le délit d’initié.

De ce fatras incohérent de propos, de déclarations des médias contre la F.. M.., naît une volonté : celle d’hommes justes et de leur homogénéité sans cesse recherchée. Le respect de l’autre et son écoute, au travers de la fraternité qui nous unit, s’apprennent bien dans le silence, celui d’un pavé mosaïque qui parle tant…

Force est de constater que ce damier renferme, à lui seul, les règles de l’architecture de l’univers. Il régit nos différences chroniques et les influences incontrôlées qui en découlent.

Terrain de stratégie par prédilection, cette dualité entre le noir et le blanc règne sans partage. Elle me rappelle le plan d’un jeu d’Echecs, un nom arabe qui désigne la mort d’un vieil homme. Simple mort physique certes. Le mental, lui, manœuvre les mathématiques de l’esprit, sans l’aide des chiffres. Il s’évade dans la polarité et les couples d’opposés, là où règnent « l’être et le non être, le bien et le mal, le un et le deux… Nous y sommes.

Mais, méfions-nous, comme Saint Thomas. Le yin et le yang ne s’opposent pas, bien que fondé sur le nombre « 2 ». Le couple, celui formé par deux êtres vivants, se moque bien des chiffres. Mâle et femelle se retrouvent en un « 1 » pur dans l’amour, à l’image du limaçon, un invertébré qui porte ces deux organes reproducteurs.

Ces entités opposées ou complémentaires et impalpables, recèlent des facettes changeantes de la personnalité humaine pour qui seul le « trois » semble capable de venir à bout de toutes formes de dualités. Le dictionnaire des symboles explique bien que chaque nombre se lie à une forme : le trois est un triangle. Cela se constate dans le Temple. Le quatre matérialise le carré. Les quatre côtés de ce dernier nous renvoient dans le pavé mosaïque, sur le nombre deux, fait de l’opposition des couleurs.

En colorimétrie, le noir et le blanc ne sont jamais pris en compte comme des couleurs de la création. Soumis au rayonnement, ou plutôt aux radiations du soleil, le blanc rejette la chaleur alors que le noir la stocke comme un redoutable condensateur thermique.

Ces variantes ne s’expriment pas, physiquement, dans notre temple immergé sous une voûte étoilée. La symbolique s’anime sous l’effet des lumières émises de l’Orient.

Chaque carré du pavé mosaïque étant entouré de couleurs opposées sur quatre de ses côtés, il y a échange thermique. En d’autres mots, le un et le deux issus des deux tons du pavé mosaïque, se retrouvent dans le trois, le cinq ou le sept, selon le niveau du rituel et du tapis de loge posé sur cet enclôt magique. L’échange, celui qui favorise la communion entre les hommes, existe bien dans la chaîne d’union qui se forme autour de ce pavage bicoloré.

Ce noir et ce blanc sont des tonalités qui s’affrontent sans cesse aux véritables couleurs de base : le cyan (bleu), le jaune et le magenta (rouge violacé). Ces tons complémentaires se glissent dans le prisme, celui des vitraux des cathédrales lorsqu’ils sont éclairés, ainsi que dans les lumières de l’arc-en-ciel.

 Les opératifs maîtrisaient bien la spectrométrie, en utilisant les rayons du soleil ou leurs reflets sur la lune qui traversaient leurs vitraux colorés. Ces tonalités harmonieuses, mais sans neutralité, s’avéraient capables de mettre en état de méditation les fidèles, notamment lorsque des forces telluriques, émises par le croisement de cours d’eau souterrain, y associaient des vibrations. Entre nadir et cosmos, ces éléments créaient des atmosphères renforcées par le symbolisme du site, et la stylisation des décors et de la lumière.

 Ce n’est pas le cas du pavé mosaïque qui n’utilise pas de mélange de ton, mais une opposition constante de deux variantes : blanc et noir. La complexité hors limite de l’esprit humain remet cette donnée en cause. Des coloristes démontrent qu’en faisant tourner rapidement un pavé mosaïque sur son centre, le noir et le banc se mélangent artificiellement pour donner vie au gris. La rigidité de ces deux tonalités de base peut donc être prise en défaut, en trompant l’œil et le cerveau. En effet, ces dualités s’expriment au cœur du cerveau de tout un chacun.

 Entrons, avec une question, dans la symbolique de ce pavé mosaïque : Quelle différence neurologique existe-t-il entre une idée limpide, émise par un être logique, et une seconde image, faussement construite, qui tient compte d’une certitude non fondée ?

Aucune mes frères, dans les deux cas, un cerveau affaibli interprète l’information comme juste, preuve que les mirages existent aussi dans les songes. Pour cette raison, nous devons nous méfier des idées préconçues et des certitudes tenaces.

Ce cerveau démontre également que le visible de l’homme, lorsqu’il se matérialise au travers du nombre « 1 » compris dans un seul des carrés du pavé, ne renvoie aucune image concrète de la personnalité. L’invisible, matérialisé par la pensée, ouvre parfois la porte du subjectif. Le rêve, lorsqu’il devient réalité, peut être la résultante de nos anciens conditionnements de profane.

Si les couleurs s’opposent, les mots aussi, comme les anachronismes de l’utilisation du pavé mosaïque par nos anciens. La rhétorique consiste, selon le dictionnaire, à détourner le sens des mots, à les opposer ou à les renforcer. On y parvient par une ellipse, une inversion, un pléonasme, une métaphore, un euphémisme ou une antiphrase… Il s’agit là de figures de pensée, de symbolisme peut-être, tout comme ce texte d’ailleurs…

La Bible, inépuisable réservoir d’informations et de sagesse, raconte que pendant la construction du temple de Salomon, les compagnons tailleurs de pierres n’ont donné aucun coup de marteau dans l’édifice. Leurs outils métalliques n’y avaient pas accès… Laissons donc les coups et les métaux à la porte du Temple pour réfléchir et travailler dans la sérénité que Tradition et Vérité nous propose.

Cette recherche de la vérité, au travers du pavé mosaïque pourrait bien durer des heures. D’ailleurs, les dix minutes qui m’ont été allouées sont largement épuisées. Elles montrent qu’en vertu de nos contradictions trône un inépuisable réservoir de sérénité et de connaissances. Le vôtre mes frères. Ensemble nous pouvons, à force de travail et de fraternité, œuvrer à une nouvelle architecture de l’être humain. J’ai dit.

A.S.: