Jacques Fontaine inaugure notre nouvelle rubrique Les illustrissimes blogueurs : « Les empêcheurs de maçonner en rond », avec une série de 3 billets intitulés « Nulle part ailleurs » sur la transmission .
Voici le premier :
NULLE PART AILLEURS 1
Une des principales questions qui se posent aux anciens de la Loge et en particulier au Vénérable et aux Surveillants est la transmission. Au point que l’on a pu maintenir que l’essentiel était le devoir de transmettre ce qui nous a été légué. Sans même trop se soucier du contenu de la transmission. De fait ce que tu imagines passer aux plus jeunes de ton atelier n’est pas nécessairement ce que les autres, les anciens comme toi, croient transmettre. Bien sûr, pas de difficultés pour les valeurs humanistes de l’Ordre, du moins au niveau du discours que nous tenons, nous les anciens en tenue. Facile aussi pour tout ce qui touche le règlement auquel tu as accepté de te soumettre, dans ton serment, sous des prétextes divers : facilité de gestion, confort, obéissance…
Mais tu sais, comme moi, après quelques dizaines d’années d’expérience, que cela, les écrits et les paroles, ne suffisent pas pour transformer un nouvel apprenti(e) en initié(e) accompli(e). Ça se saurait depuis le temps où les divulgations existent. Il y faut bien autre chose qui fait que la transmission s’effectue effectivement, au delà des mots.
Tu l’as deviné, bien sûr, il s’agit de l’exemple que nous donnons aux plus jeunes. Notre maintien, nos attitudes et nos comportements doivent être si évidents dans leur cohérence avec l’idéal maçonnique, que nous sommes imité(e)s au meilleur sens du terme…théoriquement.
En fait nous arrivons là sur des terres mal explorées en Franc-maçonnerie et, sur ce point, nous en sommes encore à manier le coupe-coupe dans la jungle des motivations, de l’exemplarité démontrée et de l’imitation qui, en principe, s’ensuit.
J’aurais donc l’occasion de te proposer de te frayer un chemin dans les broussailles. Les expériences de psychologie sociale m’aideront bien à te fournir des savoir faire, à l’utilité démontrée aujourd’hui.
Un de ces moyens, fort puissant, c’est un un très bon climat de groupe. Le « nous » collectif est facilement employé par les Sœurs, les Frères quand ils évoquent leur Loge. Les conflits, que l’on sait inévitables dans un groupe vivant, se règlent sans casse des susceptibilités. La « frérocité » pour employer ce beau néologisme qui n’est pas de moi, n’est pas de mise, ni pendant la tenue, ni sur les parvis et lors des agapes. Bref la Loge tourne rond. Il suffit donc, dans ce cas, qui n’est pas si rare, loin s’en faut, employer tous les moyens pour maintenir le bon climat. A tout prix éviter qu’il ne dégénère car il n’est pas acquis une bonne fois pour toutes. Tu as certainement en tête des moyens qui rendent le groupe-Loge uni dans le bien-être. Peut être même en mets-tu en œuvre délibérément. J’aurai l’occasion, dans d’autres billets de te proposer quelques savoir faire et savoir être qui t’aideront, si besoin est, à participer au bon climat de ta Loge. En voici un premier que je vois pratiquer dans une de mes Loges. Avec un grand succès. A chaque fois que nous formons la chaîne d’union, après que le Vénérable a déclamé le texte qui est fort beau dans tous les rites, nous entonnons Auld Lang Syne. Tu connais bien ce chant puisque la version française, qui date du XVIIème siècle écossais, s’appelle Ce n’est qu’un au revoir, mes Frères. (Tu chanteras, s’il le faut, Mes Frères, mes Sœurs.)
J’aime mieux te dire que je me sens, à chaque fois, transporté et bouleversé : plus de ressentiment éventuel, plus d’opinion divergente, plus de fatigue. Un même élan pour célébrer la douceur qui nous unit en fraternité. Une voix, un corps.
Il y a belle lurette que l’on sait que nous, humains, fonctionnons d’abord avec nos émotions. Et que leur mise en commun, à l’unisson, est un puissant facteur de cohésion.
C’est ainsi qu’avec un chant, nous faisons d’une pierre deux coups : rassembler les cœurs en un seul élan et procurer à chacun(e) et à tous, l’énergie sur notre belle voie maçonnique.
Jacques Fontaine
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Jacques Fontaine
Jacques Fontaine est né au Grand Orient de France en 1969.Il se consacre à diffuser, par ses conférences, par un séminaire, l’Atelier des Trois Maillets et par une trentaine d’ouvrages, une Franc-maçonnerie de style français qui devient de plus en plus, chaque jour, « une spiritualité pour agir ». Il s’appuie sur les récentes découvertes en psychologie pour caractériser la voie maçonnique et pour proposer les moyens concrets de sa mise en œuvre. Ouvrages de Jacques Fontaine :Page Jacques Fontaine