Le jour se lève à peine. Sur le parvis de Notre-Dame réchauffé par les premières lueurs matinales, ils sont déjà une vingtaine à patienter. Quelques habitués se reconnaissent et discutent. Tous viennent assister à la première des cinq messes du jour. La plupart sont retraités, d’autres travaillent dans le quartier et profitent de l’occasion pour venir prier avant de se rendre au bureau. Il est 7 h 45 précises quand le portail Sainte-Anne, le plus ancien de la cathédrale, s’entrouvre.Dans l’entrebâillement où l’on devine déjà la grandeur des voûtes éclairées, Joachim Irudayanathan apparaît, un énorme trousseau de clés à la main.
Unique résident de Notre-Dame, Joachim est surnommé, à raison, le gardien de la cathédrale. Chaque jour, l’une de ses responsabilités consiste à ouvrir et fermer l’un des bâtiments les plus fréquentés au monde – on estime le nombre de visiteurs annuel à plus de 20 millions sur le parvis et 14 millions à l’intérieur (plus que le Louvre, la tour Eiffel ou même la Grande Muraille de Chine). Joachim connaît chaque membre du personnel de la cathédrale, des architectes aux organistes en passant par les équipes d’entretien, et il n’y a pas une seule porte de ce bâtiment de 4 800 mètres carrés qui ne lui résiste. Quand on lui demande s’il aime son métier, il répond avec un sourire timide, empreint d’humilité. «Il y a vingt-huit ans maintenant que je travaille ici, d’abord comme sacristain, puis comme gardien depuis neuf ans, raconte-t-il avec sa bonhomie naturelle. Après tout ce temps, l’émotion de garder un tel lieu est toujours la même.»
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