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MORT, OÙ EST TA VICTOIRE ?

Jérôme Touzalin est un dramaturge,membre du Conseil de l’Ordre, de la Grande Loge Traditionnelle et Moderne de France.

« Mort, où est ta victoire ?»

                     Ils étaient là, les Marielle, les Anémone, les Rochefort, les Noiret, les Reggiani, les Jouvet, les Signoret, les Morgan… bon, on ne va pas tous les citer, il faudrait y ajouter les peintres, les romanciers, les philosophes, les musiciens, les chanteurs, les hommes politique, ils sont si nombreux, tous bien là, installés dans notre tête, dans notre vie cérébrale, comme une famille, présence indélébile « sur l’écran noir de nos nuits blanches » comme le chantait Nougaro. 

Ils étaient là, et s’ils ne sont plus, pourtant on réalise que bien souvent on les croise plus fréquemment dans notre pensée que certains de nos parents dans la réalité. 

Toutes ces femmes, ces hommes, disparus, qui ne cessent d’habiter notre univers mental, aussi solides que les monuments les plus illustres du monde… aussi inamovibles que la « statue d’Eugène Sue », du fameux télégramme, de Montand, là, sur la place devant laquelle on passe tous les jours en allant au travail… « et qui nous regarde ».

On pense à Blier, à Ventura, comme à d’autres moments on pense à la Tour Eiffel, à l’Arc de triomphe ou à la pyramide de Gizeh, et voilà que monte la voix Parigote d’Arletty, que bougonne Michel Simon ou que s’emporte Gabin… aussi vivants que papa et maman.

Un jour, dans la même promenade, on visite le Louvre, la Sainte Chapelle et, rentré chez soi, on se met une rétrospective Brel ou Ferré, en attendant de faire une petite partie de cartes avec Raimu ou de relire Victor Hugo ; c’est notre vie tout cela, c’est son décor, son ciel, sa musique, son pain et son vin quotidien.

Mais tout est périssable, on le sait, les monuments s’enflamment et s’écroulent, les corps deviennent malades et s’effondrent ; ce qui était réalité de marbre, de chair et d’os devient souvenir, mais cela compte-t-il ? 

Car il est un monde qui n’est pas périssable lui, c’est celui de l’imaginaire, ce monde reste debout, intact ; l’impalpable devient plus résistant que la pierre. Le virtuel plus indestructible que l’airain, le vide déborde d’un monde devenu éternel.

Les absents n’ont rien perdu de la matérialité du temps où ils étaient constitués de chair et de sang, la pellicule défile et de Funès et Bourvil continuent de faire les pitres dans notre tête, c’est comme s’ils s’agitaient, bien vivants encore, sur la scène d’un théâtre plein à craquer de spectateurs ravis. C’est comme si l’on entendait tousser Molière lors des ultimes représentations du Malade Imaginaire… ou s’élever les ricanements de Voltaire.

Présence inexpugnable des morts ! le fil du temps les arrime solidement à notre mémoire, on les croise, on les écoute, tout juste si on ne leur parle pas… tout juste ! Il y a des jours, quand Ventura se remémore « Lulu la Nantaise », on l’interrompt pour lui raconter notre « Lulu » à nous.

L’imaginaire résiste aux flammes… une cathédrale brûle, elle sera restaurée, mais elle ne sera définitivement plus la même ! Il ne faut pas se leurrer ! on regardera une forme qui ressemblera à l’ancienne, mais ce sera une forme constituée de pierres d’aujourd’hui, d’ardoises d’aujourd’hui, une cathédrale Canada-dry… tandis que notre famille imaginaire résiste au feu, à l’eau, résiste à tous les drames, pas besoin d’aller chercher des pierres dans des carrières profondes ou des bois rares dans des forêts millénaires.

« Que sont nos amis devenus, que nous avons de si près tenus » se lamentait le poète Rutebeuf… Le vent les a peut-être ôtés, mais dans notre tête, point de vent, ils sont toujours là… point de tempêtes dans ces latitudes.

Notre tête est l’univers vivant de tous les morts… proches ou lointains. Rien ne se perd, rien ne se crée, rien ne se transforme, ils demeurent.

Cette puissance évocatrice du lien intemporel est puissamment développée chez nous, francs-maçons… On connaît cette attache sans rupture entre le passé et le présent, entre les paroles endormies et nos mémoires en éveil, pères lointains et enfants d’aujourd’hui confondus dans la même temporalité, entremêlant authentiques figures ou légendes, elles-mêmes si bien pensées qu’elles en deviennent plus vraies que vraies… Hiram, Salomon, Anderson, Desaguliers, Ramsay, et combien d’autres, assis à nos côtés, sur nos colonnes quotidiennes… en y ajoutant tous les frères que nous avons croisés et qui ont, avant nous, rejoint l’orient éternel et dont la voix caresse encore nos oreilles.

La chaîne d’union nous rassemble à jamais dans cet univers qui se joue du temps. 

Baudelaire, autre grand mort toujours vivant écrivait :                                      

« La Nature est un temple où de vivants piliers

Laissent parfois sortir de confuses paroles ;

L’homme y passe à travers des forêts de symboles, 

Qui l’observent avec des regards familiers. »

Alors, oui, ce temple symbolique dans lequel nous vivons, dans lequel nous nous rapprochons en fraternité, laisse échapper une confuse parole, une étrange question : la mort, la mort, existe-t-elle vraiment ?

J’ai dit.

Jérôme Touzalin

A.S.:

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  • Eh bien Amis Francs-maçons de tout temps l'homme a lutté contre cette angoisse de la Mort ?..... C'est pour cela que l'infini est inscrit en lui l'homme est inscrit dans le plan Divin de l'Infini et c'est pour cela qu'il cherche sans cesse son Dieu une quette inépuisable qui l'a fait aller de la mythologie grecque à la fin des Dieux laissant place à ce monothéisme très dur et implacable parfois..... Un Ancien Testament certes inquiétant parfois (en raison de l'intolérance de ce Dieu qui détruit tout sur son passage démolissant des civilisations très avancées au temps de l'Egypte rien n'a pu s'effacer et on sait que les amis FM ont perduré des connaissances datant de ces beaux moments glorieux passés en Egypte il se mêle à cette foi cette recherche constante la quête du bonheur