Voici la question 118 de la Série« MISCELLANEA MACIONICA » (Miscellanées Maçonniques) tenue par Guy Chassagnard, ancien journaliste professionnel qui, parvenu à l’âge de la retraite, a cessé de traiter l’actualité quotidienne, pour s’adonner à l’étude de la Franc-Maçonnerie et de son histoire.
Miscellanea Macionica : Questions maçonniques éparses !
Quel était le nom de l’Architecte de Salomon ?
– Maître Hiram !…, répondront d’une seule voix la majeure partie des Maîtres maçons, qui ont retenu les enseignements de leur élévation au troisième degré. Pourtant il est d’autres noms. Il suffit, pour s’en convaincre, de se reporter à quelques textes plus ou moins anciens.
Dans notre copie personnelle de la Bible Segond, celui qui n’est alors que fondeur se nomme Hiram (Livre I des Rois) et Huram-Abi (Livre II des Chroniques).
Dans la Bible du roi Jacques (King James, 1611), il est Hiram et Huram mon père. Il est encore : Hiram mon père dans la Vulgate (405), Huram mon père dans la Bible de Genève (1669), Maître Hiram dans la Bible Crampon (1923), Hoûram son père dans la Bible Chouraqui (1977) ; après avoir été Hiram et Huram dans les Constitutions d’Anderson (1723).
Au Rite Français, le fondeur, promu au rang de Maître, est Hiram ; au Rite écossais ancien et accepté, Hiram et Maître Hiram ; au Rite écossais rectifié et au Rite émulation, Hiram Abif.
Qui était jadis Frère Servant ?
Le Frère Servant a depuis longtemps disparu des loges. Il était, aux XVIIIe et XIXe siècle, à l’époque profane des maîtres et des domestiques, homme de peine, domestique, concierge, portier, assurant l’entretien et le service de la loge. Des musiciens étaient recrutés pour l’exercice de leurs talents en matière d’animation musicale, d’où leur nom : Frères à Talents.
Frères Servants et à Talents n’avaient pas à payer de frais d’admission ou de cotisation, mais ne pouvaient, en principe dépasser le grade d’Apprenti – assurant leur discrétion dans le monde profane.
Qui étaient jadis les Carbonari et les Bons Cousins ?
Le Carbonarisme apparaît au début du XIXe siècle, dans l’Italie morcelée soumise à la loi de l’empire autrichien. Il s’agit d’une société secrète, à motivations politiques révolutionnaires, faisant usage de rites et de rituels forestiers. Les Carbonari sont groupés localement en « ventes » s’ignorant les unes et les autres, mais dépendant toutes, selon un système pyramidal, d’une même Haute Vente, farouchement opposée aux pouvoirs en place et à l’Église catholique.
Le Carbonarisme devient Charbonnerie en France à la fin de l’empire, rassemblant des républicains et des bonapartistes hostiles à la restauration des Bourbons. Il s’implique dans divers complots anti-royalistes et connaît son heure de gloire dans l’Affaire des quatre sergents de La Rochelle, à laquelle semble avoir été mêlé le marquis de La Fayette. Tant en Italie qu’en France, le Carbonarisme disparaîtra avec l’avènement économique de l’industrialisation.
On ne saurait, malgré les apparences, établir le moindre lien direct entre les Carbonari et les francs-maçons, malgré le fait que ses pratiques, et ses mystères rituéliques, aient pu enthousiasmer certains membres du courant égyptien de Memphis et de Misraïm.
Y aurait-il, en Franc-Maçonnerie, plusieurs sortes de Maîtres ?
Aux temps passés de la Maçonnerie opérative, quand les tailleurs de pierre avaient par leur savoir technique la préséance sur les maçons de pose, on recensait trois sortes de Maîtres :
– Le Maître d’ouvrage, propriétaire de l’ouvrage, ou commanditaire des travaux.
– Le Maître d’œuvre, assistant du précédent, chargé de la bonne exécution des travaux.
– Le Maître de chantier, ou de loge, chargé de la conduite des travaux ; chef et responsable du travail des Compagnons et des Apprentis, bien qu’étant Compagnon lui-même.
La Franc-Maçonnerie spéculative a conservé le titre de Maître, mais en lui donnant des significations nouvelles :
– Est Maître Maçon, le franc-maçon qui a été jugé digne d’accéder au troisième degré symbolique. Les Hauts-Grades permettent d’acquérir, notamment, les titres de Maître Secret, Maître Élu, Maître Architecte.
– Est Vénérable Maître, le Maître maçon qui a été élu par les autres Maîtres de la Loge pour en assurer, pendant un à trois ans, la direction.
– Est Grand Maître, le Maître maçon qui a été porté à la direction de l’obédience pour une durée d’une à trois années.
A quoi sert la Coupe des libations ?
Nous sommes dans le cours de la cérémonie d’initiation. La Coupe des libations (un verre à pied rempli d’eau…) est tendue au récipiendaire qui se présente les yeux bandés. On lui demande de boire « un peu ». Pendant qu’il prête serment, le frère Expert verse discrètement dans la coupe un peu d’aloès.
– Acte est pris de votre serment, dit le Vénérable Maître, maintenant buvez tout !
Le récipiendaire s’exécute.
Explication donnée par le Vénérable Maître : Que ce breuvage, devenu amer, soit pour vous, Monsieur, le symbole de l’amertume et du remords que laisserait dans votre cœur le parjure qui aurait souillé vos lèvres, si vous manquiez à une parole aussi solennellement donnée.
© Guy Chassagnard – 2016