Voici la question 122 de la Série« MISCELLANEA MACIONICA » (Miscellanées Maçonniques) tenue par Guy Chassagnard, ancien journaliste professionnel qui, parvenu à l’âge de la retraite, a cessé de traiter l’actualité quotidienne, pour s’adonner à l’étude de la Franc-Maçonnerie et de son histoire.
Miscellanea Macionica : Questions maçonniques éparses (3)
Qu’appelle-t-on la Voûte étoilée ?
Cette appellation caractérise le plafond du temple maçonnique, généralement peint en bleu foncé et décoré de taches dorées ou lumineuses figurant les étoiles de la voie lactée. Il s’agit symboliquement du ciel d’un temple inachevé, mais infini, qui s’étend de l’orient à l’occident, et du septentrion au midi.
Fermé au monde profane, le temple maçonnique, qui figure sans doute celui que Maître Hiram ne put achever lui-même, est ainsi ouvert au monde céleste où règnent la spiritualité et l’esprit. Vue dans une semi-obscurité, la voûte étoilée doit permettre de faire prendre conscience de la nature infinie de régions inaccessibles à l’homme, et ramener le frère à plus d’humilité.
Que dire du Pavé mosaïque ?
Il s’agit d’un espace rectangulaire, composé en damier de carreaux alternativement noirs et blancs ; il symbolise l’union étroite qui doit régner en loge entre les francs-maçons. Réduit souvent aux dimensions d’un tableau de loge, le pavé mosaïque s’étend symboliquement sur toute la surface du temple maçonnique.
C’est un lieu de passage rappelant la dualité des contraires – le bien et le mal, le corps et l’esprit, la lumière et les ténèbres, la vie et la mort. Au Rite français, tel qu’il est pratiqué au Grand Orient, le pavé mosaïque est souvent le seul ornement symbolique et décoratif figurant au centre du temple maçonnique.
Il est dominé par un fil à plomb issu de la voûté étoilée évoquant la célèbre maxime d’Hermès trismégiste selon laquelle « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ».
Que signifie « blackbouler » un candidat ?
Terme maçonnique franco-anglais signifiant : rejeter par voie de boules noires (black : noir). Les différents scrutins marquant l’acceptation d’un candidat profane en Franc-Maçonnerie se font par l’emploi de boules blanches (en faveur) et noires (en opposition). Il faut que le candidat obtienne un quota déterminé de boules blanches pour espérer être admis à l’initiation.
Dans les premiers temps de la Franc-Maçonnerie, il ne fallait pas une seule boule noire dans le scrutin ; selon les Constitutions d’Anderson (1723), « aucun homme ne peut être initié comme frère, ou admis comme frère dans une Loge particulière, sans le consentement unanime de tous les membres de cette Loge ».
Quelle différence fait-on entre une Cotisation et une Capitation ?
Selon le « Dictionnaire de l’Académie française » de 1762, une cotisation est une « action de cotiser ou une imposition faite par cote » (entendez convention), tandis qu’une capitation est une « taxe acquittée par tête » (en considération de son rang ou de son appartenance).
Ce qui revient à dire que le franc-maçon paye à sa Loge une « Cotisation » et que la Loge verse à l’obédience, pour chacun de ses membres, une « Capitation ». Le montant de la cotisation est librement fixé par les membres de la loge, mais le montant de la capitation est imposé à celle-ci.
Si la première paraît souvent – trop – élevée au franc-maçon c’est que les loges et les obédiences, de par leurs méthodes de recrutement et leurs activités, ne peuvent prétendre à la moindre subvention publique, et doivent, de ce fait, dépendre de leurs seules ressources.
Quelle est la signification du Nombre « 33 » ?
Krishna est mort à 33 ans. Le mot « Dieu » est mentionné 33 fois dans la Genèse, tandis que le Nouveau Testament recense 33 « croix » et 33 « diable ». David a régné 33 ans sur Jérusalem. Joseph a épousé Marie à 33 ans.
Le Christ a fait 33 miracles, avant de mourir à 33 ans.
L’Église catholique s’est dotée de 33 docteurs. La basilique Saint-Pierre compte 33 chapelles.
Dans sa Divine Comédie, Dante a consacré 33 chants au purgatoire et 33 autres au ciel. Créé à l’image de son créateur, le corps humain compte 33 vertèbres.
De là à penser que c’est avec des intentions ésotériques, sinon kabbalistiques, déterminées, que les fondateurs du Rite écossais ancien et accepté ont décidé, un jour de 1801, de doter celui-ci de 33 grades, ceci à Charleston, ville américaine proche du 33e parallèle…
Ce qui a permis, plus tard, à Harry Truman, titulaire du 33e degré, de devenir le 33e président des États-Unis.
Bref, le nombre 33 représente, dit-on, le plus haut degré de conscience spirituelle de la part de l’être humain.
Qu’en est-il des Loges « souveraines » ?
Le « monde » maçonnique se répartit en trois sortes de loges symboliques : les loges « régulières », les loges « irrégulières » et les loges « libres » ou « souveraines ». Explications :
Les loges régulières appartiennent à des Grandes Loges elles mêmes régulières ; parce que reconnues par la Grande Loge Unie d’Angleterre, qui s’est, elle-même, érigée en Grande Loge Mère universelle…
Les loges irrégulières appartiennent à des obédiences, Grandes Loges ou Grands Orients, non reconnus ; la GLUA ne reconnaissant qu’une seule obédience par pays ou état. Les loges libres ou souveraines – qu’on appelait jadis « clandestines » – n’appartiennent à aucune obédience ; ceci pour des raisons de choix délibéré ou suite à l’exclusion d’une obédience.
Comme, dans le monde maçonnnique aussi bien que profane, l’union fait la force, une cinquantaine de loges libres ou souveraines, implantées en France, ont constitué, en 2010, une Fédération des Loges Libres et Souveraines (FLLS) destinée à « promouvoir, faire connaitre et relier entre elles, les Loges maçonniques indépendantes » ; ladite Fédération, qui se veut virtuelle, regroupe également une vingtaine de loges situées à l’étranger.
Qu’entend-on par « Maçonnerie adonhiramite » ?
Il s’agit d’un régime (ou rite) maçonnique qui est surtout connu par la présentation qu’en a faite Louis Guillemain de Saint-Victor, dans différents ouvrages dont un Recueil précieux de la Maçonnerie Adonhiramite, publié en deux volumes en 1786-1787 chez Philarète, rue de l’équerre à l’aplomb.
Ce régime comptait, s’il a jamais existé, treize grades dont ceux de Chevalier de Rose-Croix et de Noachite ou Chevalier Prussien. Il n’en demeure pas moins que Guillemain de Saint-Victor, dont on se sait rien, est souvent cité dans les livres d’histoire maçonnique.
© Guy Chassagnard – 2016