Miscellanea Macionica : Que retenir du « Livre des Constitutions » du révérend James Anderson ?
« Les Constitutions des Francs-Maçons, contenant l’Histoire, les Obligations, les Règlements, etc., de cette très Ancienne et très Respectable Fraternité – à l’usage des Loges », tel est le titre complet de ce petit ouvrage d’une centaine de pages, rédigé par le révérend James Anderson (1684-1739) à la demande des grands officiers de la Grande Loge de Londres, réunis en septembre 1721, et publié au début de l’année 1723.
Devenu, au fil du temps, la Charte fondamentale de la Franc-Maçonnerie dite « spéculative », ce Livre des Constitutions, comme on l’appelle communément, a connu deux éditions du vivant de son auteur, et trois autres plus tardives destinées à réviser ou compléter son texte original – c’est dans l’édition de 1738 qu’il sera fait mention pour la première fois du troisième grade symbolique de Maître maçon.
L’ouvrage s’ouvre par une partie historique, qui consiste en une histoire légendaire de la Franc-Maçonnerie opérative depuis Adam… Suit une partie disciplinaire comprenant deux sections : la première expose les obligations ou devoirs du franc-maçon, la seconde énonce les règlements généraux de l’Ordre maçonnique. Des chants d’Apprentis et de Compagnons complètent l’ouvrage, qui est supposé constituer une synthèse des anciennes archives des Loges opératives d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande.
On cite souvent, tirées des Constitutions d’Anderson (autre nom donné à l’ouvrage), ces quelques lignes, dont le sens véritable ne cesse d’être recherché, et commenté :
Un Maçon s’oblige, de par sa tenure, d’obéir à la Loi morale ; et s’il comprend bien l’Art, jamais il ne sera un athée stupide, ni un libertin irréligieux. Mais, encore qu’au temps jadis, les Maçons, en chaque pays, dussent être de la religion, quelle qu’elle fût, du pays ou de la nation, on estime aujourd’hui plus expédient de ne les obliger qu’à cette religion par laquelle tous les hommes s’accordent, sauf à garder pour eux-mêmes leurs opinions particulières ; c’est-à-dire d’être bons et loyaux, ou hommes d’honneur et de probité, n’importent les confessions ou les croyances qui les distinguent.
Ainsi, la Maçonnerie devient le centre de l’union et le moyen de concilier une amitié vraie entre des personnes qui auraient dû rester sans cesse éloignées les unes des autres.
Qu’est-ce qu’un Athée stupide, ou un Libertin irréligieux ? Depuis près de trois siècles, les Francs-Maçons n’ont cessé de se poser la question et d’y apporter des réponses plus ou moins satisfaisantes. A moins de disserter sur le fait que l’on pourrait être un un Athée intelligent ou un Libertin religieux.
Quoi qu’il en soit le texte que nous venons de citer a conservé jusqu’à nos jours toute sa valeur ésotérique. N’a-t-il pas ainsi inspiré les auteurs de l’actuel rituel d’Apprenti du Grand Orient de France, ainsi rédigé :
Le Vénérable Maître – Mes Frères, un Franc- Maçon du Grand Orient de France doit avoir toujours présents à l’esprit les principes capitaux de notre Ordre.
Les Constitutions d’Anderson précisent que la Franc-Maçonnerie a été fondée pour réunir les hautes valeurs morales qui, sans elle, auraient continué de s’ignorer, et pour être le Centre de l’Union.
La Franc-Maçonnerie a pour mission de préparer la Concorde Universelle ; elle doit donc améliorer à la fois l’homme et la société.
A l’accomplissement de sa mission, le Grand Orient de France n’admet aucune entrave.
On ne peut s’empêcher de relever dans les Constitutions d’Anderson de multiples erreurs, volontaires ou involontaires, de genre, de lieu et de date. Mais sans elles, que connaîtrions-nous des premiers temps de la Franc-Maçonnerie spéculative ?…
Pour en savoir plus, consulter : Les Anciens Devoirs (Guy Chassagnard, Éditions Pascal Galodé, 2014).
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