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Miscellanea Macionica : Que regarde l’Œil qui voit tout ?

Depuis le dimanche 05 janvier 2014, je vous invite à retrouver une rubrique régulière de Questions-Réponses intitulée « MISCELLANEA MACIONICA » (Miscellanées Maçonniques) tenue par Guy Chassagnard, ancien journaliste professionnel qui, parvenu à l’âge de la retraite, a cessé de traiter l’actualité quotidienne, pour s’adonner à l’étude de la Franc-Maçonnerie et de son histoire.

Voici la Question 12 de la Série Miscellanea Macionica.

QUESTION  N°  12 :  Que regarde l’Œil qui voit tout ?

De l’Égypte ancienne, bien avant que les auteurs de l’Ancien Testament n’aient écrit leurs premières lignes. L’Œil qui voit tout, c’est d’abord l’Œil d’Horus, encore appelé Œil Oujdat (complet). Remontons rapidement l’histoire.

Jaloux de son frère, Seth tue Osiris qu’il dépèce en morceaux ; mais Isis, l’épouse du pharaon, parvient à reconstituer son corps et à lui redonner vie, le temps de concevoir Horus. Plus tard, au cours d’un combat pour le pouvoir, Seth arrache l’œil gauche d’Horus. D’où l’intervention du dieu Thot pour restituer au fils d’Osiris son intégrité physique.

L’Œil d’Horus devient alors le symbole de la victoire du bien sur le mal – que représente Seth. Les égyptiens le représentent par un dessin stylisé mêlant l’œil du faucon et l’œil humain. Symbole de la vie, de l’intégrité, de la chance, de la victoire de la lumière sur les ténèbres, l’Œil d’Horus figure sur des médaillons, des sculptures, des peintures tout au long de l’antiquité égyptienne ; il définit la nature sacrée du pharaon. Pour avoir une meilleure vision des mers, les marins le figurent à la proue de leurs bâteaux.

Si les juifs ignorent Horus et son œil mythique, n’accordant d’intérêt qu’« aux yeux de l’Éternel sur les justes » (Psaume 34), les Grecs font du fils d’Osiris Harpocrate, un dieu enfant aux vertus aussi nombreuses qu’indéfinies. Les chrétiens, quant à eux, laisseront passer les siècles avant d’associer par un même graphisme un triangle et un Œil qui voit tout, encore dit Omniscient.

C’est au cours de la période médiévale, et plus particulièrement au XVIIe siècle que ce symbole s’introduit dans les cathédrales et autres édifices religieux de l’Église catholique romaine ; il est ainsi présent dans les cathédrales d’Aix-la-Chapelle et de Chartres, dans l’église Saint-Roch de Paris ou la chapelle royale de Versailles. Sous une forme bien différente de celle de l’Œil d’Horus ; il s’agit d’un triangle équilatéral enfermant un œil sans cil ni paupière, regardant dans les yeux celui qui le regarde. Des nuages, des rayons de lumière mettent en valeur l’illustration.

Le triangle est comme il se doit symbole de la trinité, l’œil est celui de l’Être suprême surveillant sa création. Face au croyant, le triangle montre la porte de la Jérusalem céleste et la communion de l’homme avec son Dieu.

Quand on évoque l’Œil qui voit tout, on ne peut s’empêcher de penser aux dernières lignes d’un poème de Victor Hugo (La Conscience) contant les derniers instants de Caïn, meurtrier de son frère :

Quand il se fut assis sur sa chaise dans l’ombre

Et qu’on eut sur son front fermé le souterrain,

L’œil était dans la tombe et regardait Caïn.

A noter que dans un usage profane, le peintre Jean-Jacques Le Barbier a placé – en 1789 – un delta lumineux contenant l’Œil qui voit tout dans son illustration de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, entre la Monarchie, qui tient les chaînes brisées de la tyrannie, et le Génie de la Nation, qui brandit le sceptre du pouvoir.

• Pour plus d’information, consulter : Le Dictionnaire des Symboles, de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant (R. Laffont, 1969), ainsi que tout manuel scolaire portant sur l’antiquité égyptienne.

© Guy Chassagnard – Tous droits réservés – guy@chassagnard.net

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