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Miscellanea Macionica : Que dire du Rite écossais ancien et accepté ?

Miscellanea Macionica : Que dire du Rite écossais ancien et accepté ?

Voici la question 103 de la Série« MISCELLANEA MACIONICA »  (Miscellanées Maçonniques) tenue par Guy Chassagnard, ancien journaliste professionnel qui, parvenu à l’âge de la retraite, a cessé de traiter l’actualité quotidienne, pour s’adonner à l’étude de la Franc-Maçonnerie et de son histoire.

Miscellanea Macionica : Que dire du Rite écossais ancien et accepté ?

Pour quelles raisons, un rite pourrait-il tout à la fois prétendre être « écossais », « ancien » et « accepté » ? Nous allons, pour répondre à la question, nous efforcer de reconstituer le puzzle de ses origines. En 1730 apparut au sein de la Ma­çonnerie spéculative le titre de Maître Maçon, degré supérieur des loges symboliques. Trois ans plus tard, on relevait en Angleterre l’existence de Scots Masons, ou Maçons Écossais, qui n’a­vaient rien à voir avec les francs-maçons d’Écosse. Dans les années qui suivirent se créèrent des quantités de grades dits « su­pé­rieurs », particulièrement dans la Ma­çonnerie française : Maître Élu (1740), Che­valier de Royal Arche (1743), Maître Parfait, Élu Parfait ou Écossais (1745), etc.

En cette même année 1745 fut constituée, dans la ville de Bordeaux, une première Loge Écossaise, ceci par un certain frère Étienne Morin (1717-1771), originaire du Quercy voisin. Ses membres portèrent d’abord le titre d’Élus Parfaits, avant de rassembler en leur loge d’autres grades, savoir : Maî­tre Se­­­cret, Maître Parfait, Se­crétaire ou Maître par Curiosité, Prévôt et Juge ou Maî­tre Irlandais, Intendant des Bâtiments, Maître Élu, sans oublier – plus tard – celui de Grand Architecte.

La loge bordelaise devait bientôt essaimer à Toulouse, Mont­pel­lier, Marseille Avignon, puis sur les îles de Saint Domin­gue et de la Martinique. En 1752 existait même, à la Nouvelle-Orléans, la première Loge Écossaise jamais créée sur le continent nord-américain.

Négociant de son état, Étienne Morin devait, en 1763, s’éta­blir définitivement à Saint-Domingue, muni d’une pa­tente que lui avaient délivrée à Paris les membres d’un Grand Conseil de la Grande Loge de France ; et, après avoir structuré une Ma­çonnerie de Perfection en onze degrés su­périeurs, préparer la voie à un Ordre des Souverains Prin­ces du Royal Secret, en vingt-deux degrés – qu’il appartenait à son secrétaire et collaborateur hollandais, Henry Andrew Francken (1720-1795), de porter sur le continent dans les colonies an­glaises d’Amé­rique.

En 1767 était ainsi créée à Albany une première Loge de Per­fection ; en 1781, une seconde à Philadelphie ; en 1783, une troisième à Charleston, dans le jeune état de Caroline du Sud. Dans le même temps, près d’une quinzaine de ma­çons américains étaient constitués Princes du Royal Secret. Ce fut à partir de 1793 que le fils d’un héros de l’in­dépendance américaine, venu de France pour régler des ques­tions d’héritage, le comte Auguste de Grasse-Tilly (1765-1845), de­vint membre des ateliers maçonniques de Charleston.

Il fréquenta ainsi les loges symboliques des Grandes Loges rivales des Ma­çons anciens d’York et des Maçons libres et acceptés, la Loge de perfection déjà citée, ainsi qu’un Grand Conseil des Princes de Jérusalem. Constitué lui-même, en 1796, Prince du Royal Secret, Grasse-Tilly devait prendre part cinq ans plus tard à la création d’un Suprême Conseil du 33e degré dont il était fait, officiellement, membre l’année suivante.

Ainsi arrive-t-on à l’assemblage des pièces du puzzle écossais, évoqué précédemment. Regagnant en 1804 la terre natale, après une absence de quinze années, Auguste de Grasse-Tilly rapporta dans ses bagages les rituels de trente degrés rituels d’un rite sans nom, ainsi qu’un titre de Sou­ve­rain Grand Commandeur ad vitam du Suprême Conseil des Îles des Indes occidentales françaises. Dès son arrivée à Pa­ris, il devait sou­cher ses titres, grades et degrés sur les trois degrés sym­boliques d’une Loge Saint-Ale­xan­dre d’Écosse – travail­lant au Rite écossais philosophique – élevée pour la circonstance au rang de Grande Loge Générale Écossaise.

Il n’en fallait pas plus pour établir sur le territoire européen un rite qui fut, bientôt, indif­féremment nommé Rit An­cien, Rit Ancien et Accepté, Ancien Rit Ac­cepté, Ancien Rit écossais accepté, avant que de devenir le Rite écossais an­cien et accepté que nous connaissons aujourd’hui. A noter cette particularité du rite, devenu au rang mondial le plus important des rites de hauts-grades : il ne concerne les degrés symboliques qu’au sein des obédiences françaises ou francophones. Ailleurs, dans le monde, il est seulement un rite de trente degrés supérieurs, ouvert à tous les maçons quelle que soit leur appartenance symbolique.

  Voir  : Aux Sources du Rite écossais ancien et accepté (Guy Chassagnard, Éditions Alphée – Jean-Paul Bertrand, 2005).

© Guy Chassagnard – Tous droits réservés – guy@chassagnard.net





Guy Chassagnard: