Miscellanea Macionica : Pourquoi et comment s’intéresser au Symbolisme des Nombres ?
Voici la question 106 de la Série« MISCELLANEA MACIONICA » (Miscellanées Maçonniques) tenue par Guy Chassagnard, ancien journaliste professionnel qui, parvenu à l’âge de la retraite, a cessé de traiter l’actualité quotidienne, pour s’adonner à l’étude de la Franc-Maçonnerie et de son histoire.
Miscellanea Macionica : Pourquoi et comment s’intéresser au Symbolisme des Nombres ?
Un. – Nombre premier ; premier des nombres. Un est l’expression de l’unité, le début de toutes choses, mais aussi leur propre fin. Un s’oppose à la diversité, à la multiplicité et pourtant il en est toujours l’élément constitutif. C’est le symbole de l’homme debout : seul être jouissant de la faculté de se dresser, donc de modifier la normalité et la tradition ; de l’homme actif, associé au Grand Œuvre de la création. Un est principe, révélation, être mystique ; il est Dieu… Selon les Constitutions du pasteur James Anderson (1723) la Franc-Maçonnerie est « le centre d’union [Un, Unité], le moyen de nouer une véritable amitié parmi des personnes qui eussent dû demeurer perpétuellement éloignées ».
Deux. – C’est Un plus Un : la première manifestation de la multiplicité des nombres, des êtres et des choses. Symbole d’opposition, de conflit mais aussi de réflexion Deux est le nombre de toutes les ambivalences. Il est le créateur mais encore la créature, le bien et le mal, le blanc et le noir, le masculin et le féminin, le soleil et la lune, la matière et l’esprit. Deux symbolise le dualisme sur lequel repose toute dialectique, tout effort, tout mouvement. Selon un dicton populaire : « Jamais deux sans trois ».
Trois. – Tout se fait par trois en Franc-Maçonnerie. Trois frères forment une loge régulière, trois officiers la dirigent, trois lumières l’éclairent, trois bijoux distinctifs la décorent, trois coups marquent l’ordre du commandement, trois questions caractérisent l’Apprenti, trois pas marquent sa marche, trois ans constituent son âge, enfin trois degrés jalonnent la voie initiatique. Graphiquement, le nombre trois est représenté par un triangle. On ne s’étonnera donc pas de la présence d’un delta lumineux ou rayonnant dans le temple maçonnique.
Quatre. – Nombre fondamental à vocation multiple : c’est 1o+o3, 2o+o2, ou 3o+o1. Il symbolise le terrestre, la totalité du créé et du révélé. Il est encore la globalité de l’universalité. On connaît les quatre saisons, les quatre points cardinaux, les quatre phases de la lune, les quatre coins du carré, les quatre âges du monde, les quatre vents, les quatre bras de la croix, les quatre évangélistes, enfin les quatre lettres hébraïques du nom ineffable de Dieu. En résumé, quatre est le nombre par lequel toute chose a été faite, tant dans le macrocosme que dans le microcosme. Il est, de ce fait, la Loi, l’ordre, la justice, la réalisation.
Cinq. – Le nombre cinq est attaché au grade de Compagnon. Au cours de sa réception à ce grade, l’Apprenti va effectuer cinq voyages et découvrir au cours de ceux-ci : les cinq sens (vue, ouïe, toucher, goût, odorat), les cinq ordres architecturaux (dorique, ionique, corinthien, toscan et composite), les cinq grands initiés (Moïse, Pythagore, Socrate, Koung-Fou-Tseu, Jésus), l’étoile flamboyante aux cinq branches et aux cinq concepts (géométrie, génération, gravitation, génie, gnose). Le nombre cinq se retrouve dans les cinq pas du Compagnon, dans les cinq battements de mains de sa batterie, dans les cinq ans de son âge. En matière de symbolisme, le cinq est la somme du premier nombre pair et du premier nombre impair qui le suit. Il est le milieu des neuf premiers nombres. Il est signe d’union, d’harmonie et d’équilibre ; il est figuration de l’homme (bras étendus, jambes écartées, dans un cercle) ; symbole de l’ordre et de la perfection.
Six. – Le nombre Six représente le macrocosme dans sa perfection. On le représente graphiquement par un hexagramme dont les deux triangles qui le composent sont équilatéraux. Le triangle pointant vers le haut représente l’être humain dans son triple aspect, physique, psychique et mental ; l’autre tend à l’unification de cette tridimensionnalité avec le pouvoir divin. C’est le symbole concret de la Table d’Hermès, laquelle porte ces mots connus : « Ce qui est en-haut est comme ce qui est en-bas. »
Sept. - Selon la Bible, il a fallu sept ans à Salomon pour construire la maison de l’Éternel. Il faut nécessairement sept maçons pour rendre une loge juste et parfaite. Les ouvriers du Grand Œuvre acquièrent la force par l’étude des sept symboles initiatiques. Sept est le nombre de l’harmonie, de la fécondité, de la croissance. Il est amour, beauté, vertu, bonté, pureté. Sept correspond aux sept jours de la semaine, aux sept notes de l’octave musicale, aux sept couleurs du prisme, aux sept degrés de la perfection, aux sept sciences libérales, aux sept planètes, aux sept sphères célestes.
Huit. – C’est le symbole du monde manifesté, à l’instar de la roue à huit rayons, le lotus à huit pétales, les huit gardiens des huit directions de l’espace ; le symbole encore de l’équilibre du monde. D’une certaine façon, huit est le nombre de la perfection.
Neuf. – Nombre sacré. De quelque façon qu’on le multiplie, le résultat qui est obtenu se marque par deux chiffres ou nombres dont la somme fait neuf :
9 x 2 font 18 1 + 8 font 9
9 x 3 font 27 2 + 7 font 9
9 x 9 font 81 8 + 1 font 9
Dix. – Somme de 1 + 2 + 3 + 4, Dix est le nombre parfait ; il symbolise la totalité, l’achèvement et la perfection. L’homme possède dix doigts ; l’Être suprême a fixé à dix ses commandements. Contrairement à Un, qui est normalement représenté par un cercle contenant un point en son centre, Dix est graphiquement figuré par le cercle alchimique portant en son sein une roue formée de huit branches égales ; il peut aussi être représenté par un carré contenant un cercle.
Zéro. – Symbole numéral qui représente le vide, l’inexistant. On ne lui attache aucun symbolisme particulier en Franc-Maçonnerie. Zéro est la personne qui n’a de valeur que par délégation, l’objet qui, par sa position, confère à d’autres la valeur requise. Sa seule finalité est de multiplier par dix ce qui est placé à son côté.
• Voir : Le Dictionnaire des Symboles (Robert Laffont, Bouquins, 1969) ; Le Dictionnaire des Symboles maçonniques (Jean Ferré, Éditions du Rocher, 1997).
© Guy Chassagnard (2016)
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