Voici la question 62 de la Série« MISCELLANEA MACIONICA » (Miscellanées Maçonniques) tenue par Guy Chassagnard, ancien journaliste professionnel qui, parvenu à l’âge de la retraite, a cessé de traiter l’actualité quotidienne, pour s’adonner à l’étude de la Franc-Maçonnerie et de son histoire.
Miscellanea Macionica : Où trouver des Écossais d’Écosse ?
Il faut bien se rendre à l’évidence : si l’Écosse a pu jouer un rôle important dans la préservation de la Maçonnerie opérative de l’époque post-médiévale, ou préserver des documents la concernant, elle n’a pris semble-t-il aucune part dans le développement des grades ou des Rites dits « écossais ». Que, selon James Anderson, « les rois d’Écosse aient beaucoup encouragé l’Art Royal depuis les temps les plus reculés », ou que, d’après André-Michel, chevalier de Ramsay, les croisés, à leur retour de Palestine, « aient créé une étroite alliance avec les Écossais », ne modifie en aucune façon la réalité des faits : l’Écossisme n’est pas « écossais ». Et pour écarter toute contestation possible, rappelons l’opinion émise par Robert Stratheam Lindsay, qui fut en son temps Grand Secrétaire Général du Suprême Conseil d’Écosse :
L’Écosse n’étant pas le berceau ni des grades du rite, ni du rite [écossais ancien et accepté] en tant que système, d’où vient que ce dernier ait été qualifié « d’Écossais » ? La réponse est que vingt-cinq de ses grades ont été empruntés à un type français de Maçonnerie des « Hauts Grades » beaucoup plus ancien, apparu seulement en France au milieu du XVIIIe siècle et qui, à sa naissance, invoqua son antiquité pour justifier ses prétentions, que la Maçonnerie spéculative de France, vieille seulement d’une quinzaine d’années, ne pouvait elle-même justifier.
Conséquemment, il fut prétendu que ces hauts-grades étaient parvenus en France par l’Écosse, ce pourquoi ils furent dénommés familièrement « écossais ». Les huit autres grades du rite, qui lui ont été incorporés dans l’hémisphère occidental, furent tirés de sources variées, toutes familières en cette région, et comme ceux qui élaborèrent le rite les jugeaient convenables pour y figurer à côté des vingt-cinq grades écossais français, sans nuire à la ligne générale de l’ensemble, ce dernier fut étiqueté pour indiquer le type de sa Maçonnerie.
L’opinion de Paul Naudon n’était guère différente, lorsque celui-ci écrivait :
En l’état actuel des études et malgré tous les documents produits, le mystère [de l’Écossisme] est loin d’être éclairci.
Le point sur lequel la plupart des auteurs sont d’accord aujourd’hui est de ne plus rechercher en Écosse même les centres d’éclosion et de développement de l’Écossisme, en tant que systèmes de hauts grades.
Les sources directes de ces courants ont été déterminés du moins dans leurs grandes lignes, en France d’abord, en Allemagne et en Amérique ensuite. Mais « quid » du germe, de l’impulsion originelle.
Rite écossais ancien et accepté,
Rite écossais rectifié,
Grand Écossais de Saint-André d’Écosse,
Écossais Trinitaire ou Prince de Mercy,
Sublime Écossais de la Jérusalem Céleste,
Grand Élu de la Voûte Sacrée de Jacques VI d’Écosse,
Maître Écossais de Saint-André,
Maître Écossais…
Maître Écossais, nous voilà parvenu à la source de l’Écossisme, à l’origine de la terminologie. Avant le Maître Écossais, l’Écosse n’était rien ; avec lui elle devint terre maçonnique, symbole de grades supérieurs et sublimes, clef ésotérique de multiples mystères transmis de bouche à oreille depuis plus de deux siècles.
Vivent donc l’Écossisme et les Écossais !
• Voir : Le Rite écossais pour l’Écosse (Robert S. Lindsay, 1961). Histoire, Rituels et Tuileur des Hauts-Grades maçonniques (Paul Naudon, Dervy, 1993). Aux Sources du Rite écossais ancien et accepté (Guy Chassagnard, Éditions Alphée – J.P. Bertrand, 2008).
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