MISCELLANÉES MAÇONNIQUES par Guy Chassagnard
En franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant que de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, notre frère Guy Chassagnard met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et… dans les textes ; en quarante et quelques années de pratique maçonnique. Ceci selon un principe qui lui est cher : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître.
Chronique 172
1754 – Martinès de Pasqually
Martinès (Martinez) de Pasqually, qui s’est paré, dans sa vie, de plusieurs identités, est né entre… 1710 et 1727 (!), au Portugal, en Espagne, à Grenoble, ou encore ailleurs ; qui sait ? On a parfois dit de lui, sans avancer de preuves, qu’il était d’origine juive et espagnole.
En vérité, on ne connaît rien de sa vie avant l’année 1754, durant laquelle il entreprend une carrière de théurge et de thaumaturge, en même temps qu’il structure un futur Ordre des Chevaliers-Maçons Coëns de l’Univers. Il semble qu’il ait, précédemment, été officier au service du roi d’Espagne.
Pour faire court, car il est difficile de faire long en ce qui le concerne, Martinès de Pasqually, qui se fait encore appeler Jacques de Lyocon, ou Joachin Latour de la Case, fonde en 1754 un Chapitre de Juges Écossais à Montpellier.
Il s’affilie, en 1761, à la loge La Française, à l’orient de Bordeaux, au sein de laquelle il fonde son premier Temple Coën. En 1766, il est à Paris où il crée un autre temple avec l’aide de Bacon de la Chevalerie et Jean-Baptiste Willermoz. En 1767, il établit un Tribunal souverain appelé à régir l’Ordre des Élus Coëns. En 1768, il fait la connaissance de Louis Claude de Saint-Martin dont il fera bientôt son secrétaire.
Dans les années qui suivent, on rencontre Martinès de Pasqually à Lyon, Avignon, Marseille, Narbonne ou Toulouse, où les adeptes de la théurgie lui réservent le meilleur accueil et partagent ses convictions sur la « réintégration des êtres ».
Il y multiplie les temples Coëns et distribue, dit-on, généreusement les hauts grades (!) de son Ordre ; avant de quitter soudain la France pour l’île de Saint-Domingue – y régler une question de legs – où il décèdera en 1774. La mort du maître entraînera la disparition rapide de l’Ordre.
© Guy Chassagnard – Auteur de :
- La Franc-Maçonnerie en Question (DERVY, 2017),
- –Les Constitutions d’Anderson (1723) et la Maçonnerie disséquée (1730) (DERVY, 2018),
- –Le Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie (SEGNAT, 2016).
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