À 66 ans, Marc Henry est le grand maître de la Grande Loge de France, obédience franc-maçonne vieille de presque trois cents ans, comptant 33 000 adhérents (les loges sont des associations loi 1901). Une obédience exclusivement masculine qui travaille « à la transformation de l’individu » plutôt qu’à celle de la société, cette seconde tendance restant l’affaire du Grand Orient. Retour sur les questions qui ont été posées, vendredi soir.
Extrait : Le rite ? Il est le même que tous les rites qui existent, « comme le service militaire obligatoire» : « On prend un individu, on le sort de son groupe de référence, on lui fait subir des épreuves et on l’intègre dans un nouveau groupe de référence. »
Le tablier et les gants ? « Le tablier est un vêtement de travail et un franc-maçon est un travailleur. » Les gants blancs sont là pour rappeler la propreté : « Un maçon est supposé garder les mains propres, pures. »
Pour quel but ? « Pour la recherche de la vérité. Un franc-maçon n’accepte aucune entrave, aucune limite dans sa recherche de la vérité. »
Les loges ? Elles sont composées de 14 maîtres maçons au minimum, qui s’y réunissent deux fois par mois. La Grande Loge de France en compte 850. À l’intérieur, on y travaille, on y parle : « On demande à prendre la parole, le vénérable vous la donne. Et vous dites tout ce que vous avez à dire, en terminant par « J’ai dit ». Personne ne vous aura coupé la parole, c’est merveilleux. C’est l’endroit le plus démocratique que je connaisse. »
Qu’est-ce qu’un bon maçon ?, a demandé une dame : « Un homme libre et de bonnes mœurs, ami du riche et du pauvre s’il est vertueux. C’est quelqu’un comme les autres, qui ne commence pas par juger, qui cherche à comprendre le monde dans sa complexité, qui écoute la parole de l’autre et l’accueille. » Et les liens avec l’église ?, a demandé un homme : « Les choses s’apaisent. Les structures bougent en général moins vite que les individus. » Comment faire pour devenir franc-maçon ?, a demandé un jeune homme. « Toute personne est admise parmi nous. Il suffit d’être majeur. » Puis d’être coopté, ou de faire une demande d’adhésion. Tout le monde… sauf les femmes, a fait remarquer une dame. « Je pense le plus grand bien de la mixité », a répondu Marc Henry, puisqu’il existe des obédiences mixtes en France… Et pour sortir de la franc-maçonnerie ? « Il suffit d’envoyer sa lettre de démission, tout simplement. Par contre, ce que vous avez reçu, on ne vous l’enlèvera jamais. »