« La Tribune de Tours » a publié le 18 février 2010 un article intitulé « Malaise chez les francs-maçons tourangeaux » i fait état des problèmes qui ont secoué et qui secoue actuellement la Grande Loge Nationale Française et plus particulièrement la Province du Val de Loire.
Article « état des lieux » de la Franc-Maçonnerie « Régulière »….
(Merci à Patrick pour cette information)
Source : http://www.tribune-tours.fr/Societe/Malaise-chez-les-francs-macons-tourangeaux.html
Quand la riche et puissante Grande Loge nationale française (GLNF) – deuxième obédience maçonnique du pays, derrière le grand Orient de France, avec ses 42 000 initiés revendiqués et son implantation privilégiée dans les milieux économiques – tousse, c’est toute la maçonnerie qui s’enrhume. Et à Tours, ville aux omniprésentes et très réelles influences maçonnes, la dissolution de la Province du Val de Loire (55 loges et 1 400 initiés) assortie de la mise en sommeil de huit loges tourangelles à la suite d’une sanction décidée par François Stifani, Grand maître de la Grande Loge nationale française – et avocat de profession – a stupéfait les maçons, leurs amis et a fait naître un embarras. A Tours, la GLNF – plusieurs centaines d’initiés revendiqués – dispose de quelques bastions : Chambre de Commerce et d’Industrie, tribunal de commerce, CHU, magistrature, grandes entreprises, syndicats patronaux et restaurateurs… Et tout cela finit par faire du bruit. En effet, jamais dans l’histoire de la GLNF, une décision de cette gravité n’avait été prise.
C’est que le mouvement de fronde qui traverse la GLNF trouve des échos dans la presse et sur Internet avec des opposants qui s’expriment sur un blog, « le myosotis ligérien ». Le coeur de la contestation est à Tours et c’est le Grand Maître de la GLNF qui est visé. « Je suis entré dans un ordre initiatique, pas chez Cosa Nostra », grognait récemment un maçon de la GLNF. La fronde ouverte par quelques Grands Maîtres provinciaux à l’encontre de François Stifani est violente, profonde ! Premiers vrais grincements de dents quand, le 5 mars dernier, le Grand Maître de la GLNF élu en 2007 pour un mandat de trois ans fait adopter par le Souverain Grand Comité une modification des statuts qui l’autorise à rester en place deux années de plus… Depuis son élection en 2007 contre la volonté de Jean Murat, professeur de chirurgie au CHU de Tours, autorité maçonnique incontestée, et auteur de nombreux livres sur le sujet, l’autoritarisme de François Stifani dérange. En décembre dernier, nouveau coup de théâtre, à Paris, rue Christine-de-Pisan, au siège de la GLNF, en Souverain Grand Comité, une vingtaine de maçons se livrent à une attaque en règle du GM contre les usages maçonniques. Les « mutins » enlèvent leur tablier. François Stifani, est accusé : deux millions d’euros utilisés pour acheter un appartement à Paris destiné à recevoir des VIP, appartement qui héberge une proche du GM, recours aux conseils d’un cabinet fantôme qui compte en son sein une femme, un haut-fonctionnaire et un psychologue renommé, usage intempestif de gardes du corps. Bref, à entendre les « mutins », le GM aurait pété les plombs et mettrait en oeuvre une politique personnelle… C’est que François Stifani, un proche de Brice Hortefeux, le ministre de l’Intérieur, veut faire de la GLNF la première obédience de France en nombre d’initiés. Il utilise la puissance financière de l’ordre (budget annoncé, 16 millions d’euros), augmente le montant des cotisations… Et surtout il entend poursuivre une politique active de recrutement. Face au mouvement de révolte, le GM est resté fidèle à lui-même : il a suspendu plusieurs grands maîtres provinciaux. Le responsable de la Province du Val-de-Loire a été « démissionné » pour être remplacé par Christophe Corre, un garagiste du Loiret, qui s’est tout de suite avéré incapable d’apaiser la bourrasque qui couvait sous les tabliers. A Tours, il y a quelques semaines, une réunion entre francs-maçons de la GLNF a failli tourner au pugilat. Avec au final : la dissolution « administrative » de la province. De quoi se donner le temps de rebâtir une nouvelle hiérarchie sans pour autant suspendre le travail des loges. « Il faut comprendre », explique un Grand officier national membre de la GLNF, qui tient à garder l’anonymat, « entrer à la GLNF, c’est entrer dans un ordre initiatique. Le pouvoir vient d’en haut. Nous ne sommes pas là pour voter. Notre obédience n’a rien de démocratique. Si l’on ne respecte pas la règle, c’est comme en sport, il y a une sanction ». Les « dissidents » des loges mises en sommeil qui avaient menacé de faire sécession et demandent un audit des comptes de l’obédience proposent même de vouloir importer au sein de la GLNF les usages « démocratiques » en vigueur au sein du Grand Orient où les loges sont des associations indépendantes et tous les responsables désignés par le biais d’un processus électif. Hérésie suprême. « La position de la GLNF n’a pas varié d’un iota depuis 100 ans », analyse Jean-Paul Dupinay, Grand secrétaire de l’ordre. « Nous affirmons la croyance en Dieu, grand architecte de l’univers et notre mode d’organisation est pyramidal, les Grandes Loges régulières de tous les Etats, et notamment celles des pays anglo-saxons fonctionnent sur le même système. Notre seule préoccupation est d’offrir à chaque frère une voie de réalisation morale et spirituelle personnelle grâce au travail symbolique mené en fraternité au sein de chaque loge ». Reste quand même que la position d’un Grand Maître qui s’obstinerait à refuser un audit des comptes de l’ordre deviendrait rapidement intenable. D’autant que François Stifani a toujours plaidé en faveur d’une politique de communication plus forte… A Tours, où tous les pouvoirs hébergent des francsmaçons : de la mairie à la CCI en passant par le CHU, les élites locales qui s’efforcent d’agir toujours en bonne intelligence, toutes obédiences confondues, voudraient bien que la paix revienne à la GLNF. Mais rien n’est moins sûr, car pour l’heure, chaque partie campe sur ses positions.
Laurent Rouault