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L’OUVRIER ET LE GRAND OFFICIER DE LA LOGE


Chaque fois qu’un ouvrier d’une Loge est élu ou désigné Grand Officier, c’est une satisfaction pour cette Loge et ceux qui la composent. De plus, c’est une reconnaissance de la valeur du travailleur et cela résulte aussi du travail de la Loge. Mais, par conséquent, tant l’ouvrier que la Loge doivent être conscients que cette situation implique la nécessité de quelques ajustements, que ce soit en termes de disponibilité de l’ouvrier par rapport à la Loge, ou surtout en termes de relation entre le nouveau Grand Officier et les autres éléments de votre Store.

Quant aux conséquences sur la disponibilité de l’ouvrier par rapport à sa Loge, elles dépendent du type de fonction qu’exercera le Grand Officier. Il y aura peu de contraintes s’il s’agit d’un office avec une activité essentiellement rituelle et réalisée en séances de Grande Loge. Dans ce cas, l’ouvrier pourra maintenir sa disponibilité pratiquement totale pour sa Loge, car il n’en sera empêché que lors des séances rituelles de la Grande Loge et n’aura qu’à rendre ses tâches dans la Loge compatibles avec l’étude et la préparation de son intervention ou performance en tant que Grand Officier. Si la fonction dans la Grande Loge est de nature administrative ou implique une certaine consécration de temps, inévitablement, la participation et la collaboration dans la Loge du Grand Officier qui a assumé ce type de responsabilité seront inévitablement ressenties.

Cette nécessité de consacrer du temps à l’accomplissement du rôle de Grand Officier doit toujours être présente à l’esprit du travailleur, afin qu’il veille au juste équilibre entre sa disponibilité et l’accomplissement de ses obligations et de sa performance, que ce soit devant le Grand Magasin, ou avant le Magasin. Jouer trop d’instruments en même temps signifie qu’aucun d’entre eux n’est joué avec la qualité appropriée… Par conséquent, l’ouvrier doit toujours être conscient des limitations découlant de l’exercice de sa fonction dans une Grande Loge par rapport à sa Loge et à ses besoins. d’utiliser, plus souvent qu’il ne le souhaiterait, le mot « non ». Ne pas accepter des tâches que, parce qu’elles sont en conflit avec le travail en Grande Loge ou avec le temps que vous devez y consacrer, vous ne pouvez pas accomplir avec qualité et efficacité est une imposition du bon sens. À leur tour, la Loge et ses dirigeants doivent toujours garder à l’esprit les limites imposées au travailleur, résistant à la tentation d’essayer de le convaincre de « trouver une voie ». Que cela vous plaise ou non, la qualité, l’exactitude ou l’efficacité de l’exécution de la tâche en seront toujours affectées. Ou bien l’accomplissement complet de ses devoirs en tant que Grand Officier sera affecté… L’accumulation insensée pourra finalement être soutenue, sans aucun problème majeur, pendant un certain temps, avec un effort accru de la part du Grand Officier en activité. Mais, en plus de l’injustice que constitue la surcharge infligée au travailleur, le risque augmente toujours que, tôt ou tard, il échoue dans quelque chose qu’il n’échouerait pas sans cette surcharge.

Cependant, aussi important soit-il – et ça l’est ! – la considération de la disponibilité, la question essentielle concerne la relation entre la Loge et son Grand Officier. Être un Grand Officier a certaines implications qui conduisent à des écarts par rapport à la relation correcte entre la Loge et son Grand Officier. Après tout, nous sommes tous humains et aucun d’entre nous n’est parfait… Le Grand Officier porte un magnifique tablier, tout plein de froufrous et d’or (et aussi de carote, qu’on le sache…). Le Grand Officier a le droit de prendre place à l’Est, aux côtés du Vénérable Maître et, lorsqu’il est présent, du Grand Maître lui-même. Le Grand Officier a naturellement droit à la courtoisie d’une salutation spécifique. Tout cela procure un sentiment « d’importance », de « pouvoir », d’« autorité », de différence entre le Grand Officiel et les autres ouvriers de la Loge. Cela peut fournir tout cela, mais la Loge ou le Grand Officier qui tombe dans l’un de ces pièges a besoin d’un rappel de sa compréhension de ce qu’est la Franc-Maçonnerie et de ce que signifie être Franc-Maçon !

A cet égard, et pour éviter désagréments et erreurs, il est important que la Loge et le Grand Officier gardent toujours à l’esprit deux principes qui, tels qu’ils sont, sont par nature non négociables : (1) être Officier de la Loge ou être Grand Officier n’est pas un honneur, c’est un service ; (2) tous les francs-maçons, depuis l’apprenti le plus récent jusqu’au Grand Maître, en passant par tous les ouvriers qui, avec discrétion, s’efforcent chaque jour d’être un peu meilleurs qu’ils ne l’étaient la veille, sont essentiellement égaux.

Être Officier de Loge ou Grand Officier n’est pas un honneur, ce n’est pas un privilège, ce n’est pas un titre. Être Officier de Loge ou Grand Officier, c’est simplement exercer une fonction, une tâche. L’officier de magasin n’est pas comparable au capitaine ou au major d’une compagnie ou d’un bataillon. Être un grand officier n’a, à proprement parler, rien à voir avec le fait d’être un général d’armée. Le terme « Officier » n’a rien à voir avec la nomenclature militaire. En Franc-Maçonnerie, un Officier est celui qui assure une charge, celui qui remplit une tâche. Tellement seul !

À Loja, tout le monde, strictement tout le monde, est essentiellement égal et ne peut être traité que sur un pied d’égalité. Toute déférence est due au rôle et non à la personne qui l’exécute. Le Grand Officier n’a plus la moindre importance pour en être un. C’est exactement comme ça que c’était jusqu’au moment où vous avez commencé à exercer le travail et comment ce sera après que vous aurez arrêté de le faire. Il n’a donc pas d’importance supplémentaire par rapport aux autres travailleurs. Vous continuez à être l’un d’eux et c’est ainsi que cela devrait être et ainsi que vous devriez vous sentir à l’aise. Votre parole a le même poids qu’avant de devenir Grand Officier, elle a la même importance que celle de tout autre Maître de Loge.

L’ouvrier peut être un Grand Officier. Mais dans votre magasin, c’est juste – et c’est tellement le cas ! – un autre égal parmi ses pairs. Dans sa Loge, le Grand Officier peut porter un tablier intégral, il peut s’asseoir à l’Est, il peut faire tout ça. Mais il continue d’être, de se comporter et d’être traité de la seule manière qui a du sens de l’être dans sa Loge : comme Frère, un de plus dans le groupe, un de plus parmi tous. Et c’est beaucoup ! Et surtout, c’est ce qui compte !

L’ouvrier peut être un Grand Officier. Mais avant tout, et surtout, continuez à être un ouvrier dans votre Loge.

Rui Bandeira
publié sur le blog « From Stone »

A.S.: