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Lorsque la Franc Maçonnerie frappe à votre porte !

« Lorsque la Franc-Maçonnerie frappe à votre porte » est un article de Patrick Forges paru sur « AgoraVox : le média citoyen » en août 2006.

Cette article est intéressant car il retrace tous les questionnements que nous avons eu, que sommes aménés à avoir lorrsque l’on nous propose d’entrer en maçonnerie.

Patrick Forges est « Chef d’entreprise passionné d’histoire demeurant sur la Cote d’Azur (Var), il passe une bonne partie de mon temps libre à la collection de revues ( l’Illustration, le Voile d’Isis, l’Initiation, etc..) et le reste du temps à l’étude des nouvelles sciences.« 

Source : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/lorsque-la-franc-maconnerie-frappe-12515

Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu’un soir un de mes proches amis me demanda, avec un clin d’œil complice, si j’avais déjà entendu parler de la franc-maçonnerie et si, dans l’affirmative, j’avais déjà pensé à y adhérer.

Surprenantes questions, car si la presse nous abreuve régulièrement d’articles sur le sujet, je ne m’y étais intéressé que par simple curiosité sans y apporter un intérêt particulier. Je pensais que la franc-maçonnerie était un milieu très fermé, secret, réservé à une « élite » politico-intellectuelle ou politico-économique. J’étais donc loin de penser qu’un de mes amis viendrait un jour me « solliciter ».

Mais en fin de compte, n’avais-je pas été influencé par ces articles de presse aux titres provocateurs ? La bonne démarche n’était-elle pas de me renseigner correctement sur le sujet en reprenant l’Histoire mais aussi en se posant la question de la motivation qui pousse un individu à demander son adhésion à la franc-maçonnerie.

Qu’est ce que la franc-maçonnerie ?

Le Petit Larousse nous donne la définition suivante : « Association initiatique universelle qui n’est pas secrète mais fermée, fondée sur la fraternité et visant à réunir les hommes par delà leurs différences…. La franc-maçonnerie spéculative (moderne) est apparue en Grande Bretagne au XVIIe siècle, en France au XVIIIe siècle. Elle se veut l’héritière de la franc-maçonnerie opérative, dont les membres étaient bâtisseurs de cathédrales. Par analogie, les francs-maçons spéculatifs travaillent à la construction du « Temple de l’humanité ».

Cette définition me semble très vague et même peut être quelque peu réductrice compte tenu de la « publicité » régulière dont cette association fait constamment l’objet dans la presse française.

En effet, si la franc-maçonnerie n’est qu’une « simple » fraternité d’hommes, elle n’est pas la seule à bénéficier de ces qualificatifs et d’autres associations dans le monde en bénéficient aussi comme l’Ordre Martiniste, la Rose+Croix et autres associations Théosophiques.

Alors d’où vient donc cet intérêt sans cesse croissant pour la franc-maçonnerie ? De son histoire peut être qui semble coller constamment aux grands moments de l’Histoire de France dessinés par de grandes personnalités ayant adhéré à un moment de leur vie à cette association.

Histoire et histoires de la franc-maçonnerie en France

Il est vrai que la franc-maçonnerie s’enorgueillit d’avoir eu parmi ses membres des hommes et des femmes aussi importants que Voltaire (initié à la loge « Les neuf sœurs »), Mozart (initié le 14 décembre 1784 à la loge « Zur Wohltatigkeit » de Vienne), Goethe (initié le 23 juin 1780 à la loge « Amélia » de Weimar), Louise Michel ( initiée en 1903 à la loge « la Philosophie Sociale » et beaucoup plus près de nous, Peter Sellers (initié le 16 juillet 1948 à la loge « Chelsea n° 3098 » de Londres), pour ne citer qu’eux. Mais la franc-maçonnerie ne doit pas être réduite à simple une liste de personnalités.

En effet, la franc-maçonnerie a été « partie prenante » dans plusieurs grands évènements contemporains de l’Histoire de France. On pouvait aisément remonter très loin dans le temps (ne parle t’on pas de la construction du temple de Jérusalem dans certains rituels maçonniques trouvés sur internet ?) mais certains évènements proches de nous restent encore dans nos mémoires.

Nous sommes au printemps 1871. Appuyée sur les milieux ouvriers, « la Commune », gouvernement insurrectionnel, s’est installé à Paris après la levée du siège de la ville par les Prussiens. Le gouvernement de Thiers, fixé provisoirement à Versailles, tente de le renverser. Les massacres sont très importants. Plusieurs tentatives de conciliation eurent lieu dont celle du 22 avril 1871 avec l’appui cette fois de la franc-maçonnerie.

L’ouvrage paru aux Editions Nationales sur la Commune indique : « Les francs-maçons étaient moins optimistes, et, le même jour, ils déclarent à la Commune qu’ils avaient l’intention de planter leurs bannières sur les remparts de Paris et que, si une seule balle les atteignait, ils marcheraient d’un seul élan contre Versailles ». Le 30 avril, le feu avait repris, atteignant ces fameuses bannières. Les francs-maçons fidèles à leur promesse, entrèrent à leur tour, en rébellion contre Versailles, revêtus de leurs insignes et décorations.

Ces francs-maçons du XIXè siècle, en mettant leur « poids » dans la balance ont cru pouvoir forcer le gouvernement de Thiers à négocier, à rechercher des points de convergence et non de divergence, à rassembler ce qui était épars. Tous les ans, une manifestation maçonnique a lieu à Paris au « Mur des Fédérés » en souvenir de ce choix, une tentative de construction du « Temple de l’humanité ».

Nous sommes au tout début du XXe siècle et la fameuse « affaire des fiches », qui fit tomber le gouvernement d’Emile Combes, est loin d’être glorieuse pour la franc-maçonnerie. J’oserai même dire que cet espionnage des officiers de l’armée française pour savoir s’ils étaient catholiques ou athées, demandé par le Général Louis André, franc-maçon anticlérical virulent, est très loin des idéaux maçonniques affichés. Ces fiches furent vendues au Figaro et publiées le 27 octobre 1904. Le scandale qui en découla amena la démission forcée quelques jours plus tard du fameux général.

A la décharge de la franc-maçonnerie, tout était en place pour chauffer les esprits « à blanc ». Il faut en effet, se souvenir qu’à cette époque nous évoluons en plein milieu de la promulgation des textes sur la « Séparation de l’Eglise et de l’Etat », des divagations d’un Léo Taxil dont on ne sait même plus ce qu’il était ou représentait, des journaux satiriques comme l’« assiette au beurre » qui ne faisaient rien pour calmer les esprits, bien au contraire. Mais ceci peut-il faire oublier cela ? Je ne crois pas ! Dans ces conditions quelles peuvent donc être les motivations pour entrer en franc-maçonnerie ?

Pourquoi rentrer en franc-maçonnerie ?

Deux questions nous viennent concomitamment à l’esprit : pourquoi rentrer en franc-maçonnerie et pourquoi moi ?

Si nous reprenons la définition du Petit Larousse, il peut paraitre intéressant à une personne d’entrer dans une association « fraternelle » dont le but est de poursuivre la « construction du Temple de l’Humanité ». En revanche, quelles sont les propositions de la franc-maçonnerie pour mettre en place cette « construction » car même si nous comprenons qu’il s’agit d’une construction symbolique, il faut d’abord se mettre d’accord sur la définition de ce fameux « Temple de l’humanité ». Puis une fois cette définition établie et acceptée, il faut trouver les moyens à mettre en place pour sa construction : moyens physiques, moraux, intellectuels, financiers ? Nous n’en savons absolument rien, c’est le secret maçonnique !

De plus, cette définition n’est elle pas un « trompe l’œil » lorsque nous reprenons tous les évènements historiques cités plus haut car d’un coté on nous montre ce que j’appellerai une « très belle utopie » et de l’autre des faits très loin des idéaux maçonniques affichés allant à l’encontre de la plus élémentaire morale.

Alors ? Faire confiance à la définition du dictionnaire et adhérer à cette association au risque peut être de se « bruler les ailes » surtout que pour simplifier la décision, la franc-maçonnerie compte une bonne dizaine d’« obédiences » différentes qui, pour certaines, ne se reconnaissent pas entre elles, sans parler des fameux « rites » devant représenter la façon de « travailler » des francs-maçons !

La seconde question nous gratte l’esprit : Pourquoi moi ?

Comprenons que le fait que cette question vienne concomitamment à la première ne peut pas être anodin. En effet, aucune personne censée ne peut demander son adhésion dans une quelconque association sans avoir un minimum d’informations sur celle-ci. La seule façon de « forcer » l’adhésion dans ce cas n’est-elle pas de flatter l’égo de la personne en indiquant complaisamment la liste des francs-maçons illustres de notre histoire en se disant que quoiqu’il en soit, « c’est bon pour lui ! ».

Ce comportement irresponsable de certains « parrains » doit-il nous surprendre, la presse à scandales nous montre que non !

En conclusion

Si l’adhésion à une quelconque association est strictement personnelle, elle doit être murement réfléchie surtout lorsqu’il s’agit de la franc-maçonnerie compte tenu de son passé glorieux malgré quelques erreurs, des nombreuses obédiences la composant et surtout des ambitions philosophiques qu’elle affiche ouvertement.

Il est d’ailleurs profondément désolant de lire régulièrement des articles dans la presse « spécialisée » dénonçant des scandales politico-financiers dans lesquels serait mouillée telle ou telle obédience notamment sur la Côte d’Azur.

La « vieille dame » devrait faire un peu plus souvent le ménage dans sa maison si elle veut retrouver un peu de calme et permettre à ses enfants de travailler sereinement à la construction de ce Temple symbolique et peut être un jour………

A.S.: