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L’ORGUEIL EST-IL UNE VERTU MAÇONNIQUE

Voici une planche extraite du remarquable site « LES CHEMIN DE L’ORIENT« 

L’orgueil est- il une vertu maçonnique ?

Selon le philosophe Théophraste, l’orgueil correspond au « mépris de tout excepté de soi-même ». Le petit Larousse définit ainsi l’orgueil : « Sentiment exagéré de sa propre valeur, estime excessive de soi-même, qui porte à se mettre au-dessus des autres ». Être bouffi d’orgueil. Pour Wikipédia, l’orgueil, Superbia en latin, est une opinion très avantageuse de soi-même, le plus souvent exagérée qu’on a de sa valeur personnelle aux dépens de la considération due à autrui à la différence de la fierté qui n’a nul besoin de se mesurer à l’autre ni de le rabaisser ; manque ou absence d’humilité.

Dans la religion, il désigne un péché capital, celui qui donne le sentiment d’être plus important et plus méritant que les autres, de ne rien devoir à personne, ce qui se traduit par un mépris pour les autres et pour le reste de l’humanité. Il faut d’ailleurs noter que l’orgueil est pour l’église le péché qui est à l’origine de tous les vices et le socle commun des six autres péchés capitaux…

Relation Orgueil / Vanité

L’orgueil fait que l’individu s’estime lui-même bien au-delà de ce qu’il est réellement ; il se caractérise par l’importance que le sujet attache à son propre jugement et en cela, l’orgueil isole. La vanité quant à elle, fait que l’individu veut être estimé d’un maximum de personnes et faire l’unanimité autour de lui… Pour Henry Bergson, « La vanité est une admiration de soi fondée sur l’admiration qu’on croit inspirer aux autres ». On saisit mieux la nuance qu’il y a entre orgueil et vanité si on s’amuse à mettre ces deux concepts en opposition :

  • La vanité s’appuie sur l’opinion, l’orgueil sur sa force personnelle
  • La vanité a besoin d’approbation, l’orgueil de domination
  • La vanité a rapport au social, l’orgueil a rapport à la liberté individuelle
  • La vanité reste une valeur subjective, l’orgueil se nourrit de l’objectivité

Ce qui unit l’orgueil et la vanité ; l’égocentrisme, l’égotisme, le nombrilisme, le narcissisme… La vanité et l’orgueil sont tous deux également « quête de SOI pour SOI ». Paul Valéry résume très bien la différence entre orgueil et vanité, je cite : « Plaire à soi est orgueil, plaire aux autres est vanité ».

Parler de l’orgueil nécessite d’évoquer ses opposés, à savoir l’humilité et la modestie. A ce sujet, je me souviens d’un Frère à l’égo surdimensionné qui avait soutenu en Loge, avec force et vigueur, que l’humilité n’était pas une qualité maçonnique mais qu’au contraire, le Maçon se devait d’être fier d’appartenir à notre vénérable institution. Ce Frère aux qualités et connaissances exceptionnelles par ailleurs, assimilait presque l’humilité à la pleutrerie, à la bassesse, à la lâcheté. Comme quoi, on peut être pétri de connaissances et ne pas avoir le « sens des choses »… Et comme quoi l’instruction n’a pas grand-chose à voir avec l’intelligence. « L’homme humble ne se croit pas inférieur aux autres, il a cessé de se croire supérieur ». Je ne sais plus de qui est cette citation mais elle résume très bien le sens général de mon propos. Car si l’humilité n’est pas une qualité ni une valeur maçonnique en soi, un peu de modestie de temps en temps, ça ne peut pas vraiment nuire à l’harmonie d’une loge…

Mais se contenter de dénigrer l’orgueilleux ne serait ni juste ni objectif, il faut aussi le plaindre… En effet, le sujet atteint congénitalement de ce travers n’a pas toujours la vie facile et son parcours dans la société n’est pas toujours un long fleuve tranquille ; on peut résumer ainsi le chemin des déboires de l’orgueilleux : Orgueil = mépris de l’autre = suffisance = arrogance = isolement = repli sur soi = souffrance = incompréhension = dou… , là, j’allais écrire doute… Mais l’orgueilleux ne connaît pas le doute ; il ne peut pas douter de lui puisqu’il est le meilleur en tout et il ne prend même pas la peine de douter de l’autre puisqu’il l’ignore superbement. Alors pour terminer le mot que j’ai commencé par DOU, j’écrirais douleur… Car l’orgueilleux ressent de la douleur ; celle de ne pas être suffisamment écouté, coucouné, adulé, félicité, congratulé à la hauteur de sa personne. Généralement, l’orgueilleux sait s’entourer d’une petite cour d’adeptes inconditionnels, de toutous irréductibles. Mais à propos de toutous, revenons à nos moutons… Nous en étions à la douleur ; celle que ressent parfois l’orgueilleux. Je préfère d’ailleurs parler de souffrance plutôt que de douleur car celle-ci se manifeste le plus souvent de deux manières distinctes : la souffrance morale et la souffrance physique : – La souffrance morale ou spirituelle est plus subjective qu’objective car si le corps sent, l’esprit ressent. – La souffrance physique s’explique chez certains sujets par l’exacerbation des terminaisons nerveuses. (si l’esprit ressent, le corps sent) De ces souffrances, l’humble s’en protège naturellement alors que l’orgueilleux s’y expose constamment. D’autre part, l’orgueil peut prédisposer à certaines maladies mentales telles que la paranoïa, la dépression et différentes affections comme les angoisses nocturnes ou les crises d’autorité mégalomaniaques.

Et l’amour dans tout çà ?

Si l’humilité est une vertu qui ouvre à l’amour, l’orgueil l’en détourne naturellement et il n’est pas rare de voir les orgueilleux finir leur vie dans la solitude ; généralement, ils cherchent la compensation à leur solitude dans la vie associative qui peut aller des restos du cœur au Rotary en passant par la chorale de quartier, les pêcheurs plaisanciers ou le Lyon’s Club… Il y en a même qui entrent en Franc-maçonnerie… Que voulez-vous ? Il faut exister, exister à tout prix. Resplendir devant son miroir, çà va un moment. Ce qu’il faut à l’orgueilleux, en plus de sa suffisance personnelle, c’est un public, un auditoire, quelqu’un qui l’admire… C’est la face vanité de la montagne orgueil. Flattez-moi mon bon Salustte. « L’orgueil a ceci de bon qu’il préserve de l’envie » disait Victor Hugo tandis que Gustave Flaubert estimait qu’ « on peut se sauver de tout par l’orgueil ».

Comme on le voit, le sujet est vaste… Et nombreuses sont les citations concernant l’orgueil. Je précise que même si ceci ressemble à une planche, ce n’en est pas une… A peine une petite lame de parquet ou de lambris. Si le sujet de cet article est l’orgueil, son objet est de faire passer un message à tous mes frangins qui se désespèrent en voyant le comportement d’un ancien Frère de la loge et le mauvais exemple que cela représente pour eux. Et au-delà de çà, dire au lecteur de ce blog qu’il ne faut pas se décourager en observant le comportement de certains frangins ou frangines. Car si j’ai été quelques fois déçu par des Frères, jamais je n’ai été déçu par la Franc-maçonnerie… L’orgueil est-il compatible avec l’esprit de la Maçonnerie ? A vous de voir…

Salut et Fraternité ! ! !

A.S.:

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  • Un difficulté à ce travail, cependant : la perception de l'orgueil, son acceptation sociale et sa définition varie d'une société à une autre, d'une époque à une autre et d'un contexte à un autre. Prenez les japonais, les romains et les mêmes nazies, autant de sociétés où l'orgueil étaient érigés en normes sociales et le déshonneur devait se laver par le suicide. Dans ces sociétés, l'orgueil ne menait point à l'isolement, mais à l'estime. Donc l'isolement est la conséquence d'un orgueil exprimé dans une société où cette valeurs est défavorisé. La perception de l'orgueil et l'acceptation sociale de son expression varie donc d'une société à une autre.
    Enfin si l'on parle d'époque, pour définir les variances dans la perception de l'orgueil, je peux vous donner un exemple, celui de Cheryl Araujo: un américaine, d'origine portugaise, qui un jour subit un viol par tournante; dans un bar de nuit où elle s'était rendue pour s'acheter des cigarettes. Elle a osée portée l'affaire devant les tribunaux, alors que le viol demeurait alors, aux États-Unis un tabou. L'affaire fut très médiatique. Elle a obtenue des condamnations à du fermes (des peines moindre par rapports à ce qui serait donné aujourd'hui). Pourtant, elle aussi a finie isolée dans sa commune, où les faits avais eu lieu. On lui a reproché son orgueil, elle qui avait aussi se plaindre, d'un crime que beaucoup de femmes acceptaient en silence à cette époque. Oui, pour les hommes comme les femmes de sa commune, sa démarche était orgueilleuse... Exiger justice, tout simplement... Il a fallut qu'elle déménage, à l'autre bout des États-Unis, là où elle pourrait retrouver l'anonymat, car chez elle, l'affaire avait laissée des traces, et elle vivait en autarcie. Elle est morte quelques années après dans un accident de voiture, à 22 ans, en état d'ébriété. Alors, orgueilleuse pour avoir refuser à son outrage à son corps ? Orgueilleuse, qui préféra le tribunal que la résignation ? Orgueilleuse jusqu'à obtenir justice . Orgueilleuse jusqu'à être rejeter par les autres. Mais orgueilleuse qui a bien plus servit son temps que tout les autres, malgré sa courte vie.
    Souvent l'humilité est une valeur exploité pour mieux d'autres à ses bas instincts et leurs infliger au delà de ce que leurs droits peuvent accepter. L'humble est un dominé. L'orgueilleux est un égal. Et le vaniteux quelqu'un qui aspire à la supériorité.

  • Chapeau bas et pieds à l'équerre pour ce très beau travail...enrichissant et drôle; superbement écrit ...
    jacques guijarro

  • Bel exemple de critique de l'orgueil maçonnique, dans cet extrait du "Discours sur la flatterie maçonnique et ses dangers" publié en 1835 par "l'Univers maçonnique" :

    "A nous entendre parler pompeusement d'équerre, de niveau, de perpendiculaire, de compas ; à voir le sens allégorique que nous attachons à nos saints emblèmes, il semblerait que les Maçons sont un peuple de demi-dieux, comme le sénat romain était aux yeux de Cynéas une auguste assemblée de rois. Discours, cantiques, planches, tous nos monuments paraissent avoir été jetés dans le même moule. Si vous en retranchez les trophées que nous nous élevons les uns aux autres, les éloges dont nous nous payons réciproquement, les tributs d’encens dans lesquels nous enivrons notre puérile vanité, que restera-t-il qui puisse satisfaire un vrai sage ?"

    https://books.google.be/books?id=JquayXGHfVoC&hl=fr&pg=RA1-PA504#v=onepage&q&f=false