Humanisme
Doctrine qui privilégie l’homme et sa dignité par rapport à toute autre préoccupation. Né à la Renaissance, en particulier avec Érasme, surnommé le « prince des humanistes », en réaction contre la scolastique médiévale et la prévalence théologique, l’humanisme renoue avec la civilisation gréco-romaine pour promouvoir une nouvelle forme de curiosité à l’égard du savoir et des joies de l’existence. Au XVIIe siècle, se faire « honnête homme » à la fois par son goût de la vie, ses bonnes mœurs et son érudition savante, résume l’idéal humaniste. Mais cette vision de l’homme finit par être jugée trop réductrice, voire paternaliste, en particulier au XIXe siècle où Feuerbach, Marx et Nietzsche cherchent à faire de l’homme un être libéré des anciennes valeurs. L’humanisme devient alors l’objet de différentes critiques : Sartre, tout en affirmant que l’existentialisme est un humanisme, rejette la vision essentialiste de l’homme ; Foucault annonce la mort de « l’homme » comme on avait décrété celle de Dieu un siècle auparavant ; Sloterdijk s’interroge sur « le parc humain » et la sélection dont l’homme serait aujourd’hui victime. L’antihumanisme (mot inventé par Jacques Maritain, penseur chrétien) est lui-même dépassé par le posthumanisme qui, s’appuyant sur les progrès technologiques, veut légitimer une nouvelle vision de l’espèce humaine, celle de « l’homme augmenté ». Comme l’attestent les nombreuses querelles qui ont jalonné son histoire récente, l’humanisme, qu’il soit athée ou pas, est donc un courant fluctuant qui oscille entre la nostalgie d’une humanité perdue et l’espoir d’une humanité enfin accomplie.