Cette lettre ouverte a été publié sur le blog de l’association « F.M.R. : Franc-Maçonnerie Régulière » le 29 juin 2010 et est signé de la main de Jacques PERRET, ancien Grand Maître Provincial de Paris Grande Arche.
Cette missive est adressé à François Stifani, Grand Maître de la Grande Loge Nationale Française : l’auteur devant comparaître devant « le conseil de discipline » de l’obédience s’adresse de la sorte ainsi pour se défendre, et pour inviter François Stifani à partir…
Une lettre des plus directe et des plus franche …
Source : http://fmrfrance.over-blog.fr
Monsieur,
Si je m’adresse à vous sous cette forme inhabituelle en Maçonnerie, c’est qu’il m’est impossible aujourd’hui de vous reconnaître comme Grand Maître d’une obédience que je sers pourtant depuis plus de trente années. Je récuse en effet totalement votre autorité sur la GLNF, comme je récuse la légitimité de ce prétendu « conseil de discipline » devant lequel votre courrier du 17 juin 2010 me cite à comparaître.
Il va sans dire que je me présenterai pas devant une instance qui tient de la mascarade, tant elle n’est constituée que de vos courtisans, partisans et affidés sans honneur.
Pour autant, je profite de l’occasion que vous m’offrez pour expliquer publiquement ce qui me conduit, avec des milliers d’autres Frères, à la contestation radicale du système que vous représentez.
Il m’est reproché d’avoir « sciemment et gravement troublé le bon déroulement de la réunion du Souverain Grand Comité, le 4 décembre 2009, et d’avoir ainsi violé les dispositions de l’article 16.1 du Règlement intérieur ».
Il faut ici rappeler que le Souverain Grand Comité du 4 décembre comportait, dans son ordre du jour, la lecture du rapport de la Commission des Affaires Intérieures du SGC. Vous m’aviez confié la présidence de cette commission et m’aviez chargé de rédiger un rapport sur l’état de notre obédience.
Mais les conclusions que je vous ai remises, au lieu de susciter un salutaire questionnement sur l’avenir de la GLNF, vous ont amené à me demander de rectifier ce rapport, puis, devant mon refus, à me démettre de mes fonctions et enfin à faire rédiger par un homme de paille un nouveau et faux rapport.
Je dois dire que j’éprouve encore, en me remémorant cet épisode, une profonde honte pour vous-même et pour tous ceux qui autour de vous se sont prêtés à cette manœuvre déshonorante.
Or que disait le rapport de la Commission des Affaires intérieures du SGC ? Que notre obédience perdait ses repères, qu’un recrutement massif et des formations maçonniques hâtives portaient le germe de la déliquescence et représentaient à terme un danger mortel pour la GLNF. Hélas, vous avez voulu étouffer la vérité et aujourd’hui, par un triste mais juste retour des choses, ce que vous avez voulu nier est exposé à la vue de tous. Oui, par votre faute, la GLNF est en danger de mort.
Donc, si j’ai bien – avec quelques autres Frères courageux – déposé mon tablier lors du Souverain Grand Comité du 4 décembre, c’était pour protester contre votre aveuglement, votre honteuse manipulation de la vérité et contre l’incroyable violence faite ainsi à la Maçonnerie française.
Vous me citez à comparaître en vertu de l’article 16.1 qui dispose que «tout membre de la GLNF dont le comportement serait contraire à l’éthique maçonnique s’expose à des mesures de suspension à titre conservatoire et/ou disciplinaires ».
Reprenons ces accusations :
« Manquement à l’honneur » : Qu’avez-vous fait, Monsieur, de l’Honneur de la GLNF ? Savez-vous que c’est aujourd’hui la première fois depuis sa création voici un siècle, que notre obédience, sous votre férule, est l’objet de la dérision et de l’opprobre public ?
« Manquement à la délicatesse » : venant de vous, cette accusation prêterait à rire, si nous avions le cœur à cela : Tous ceux qui, stupéfaits et abasourdis, vous ont entendu injurier copieusement les hauts dignitaires du Souverain grand Comité, savent à quoi s’en tenir en matière de « délicatesse ».
« Manquement à la probité et à la dignité » : Que dire de votre train de vie somptuaire, de la mégalomanie qui transparaît dans tous vos propos ? Croyez-vous, Monsieur, que la taille de votre tablier ou la largeur de vos cordons suffisent à vous grandir ?
« Manquement au respect des statuts et au règlement intérieur ». Tout le monde sait, Monsieur, que vous violez méthodiquement la règle en 12 points de la GLNF : trahison du secret maçonnique et trahison de la neutralité politique de l’obédience ne sont que deux exemples de votre totale désinvolture vis-à-vis de règles dont vous deviez être le gardien.
Comme vous pouvez le constater, Monsieur STIFANI, ces griefs s’appliquent bien plus à votre personne qu’à ceux que vous déférez devant la « justice maçonnique ». J’irais même jusqu’à dire que là est désormais votre vrai place : devant la Commission de Discipline, pour y rendre compte de vos scandaleux agissements.
Depuis l’Assemblée générale civile de décembre dernier, les Frères vous ont clairement retiré leur confiance, ce qui ne s’était jamais vu de mémoire de Maçon régulier.
J’en appelle donc à ce qui vous reste de sens de l’Honneur et de sens de la Fraternité : Partez ! Partez ! Admettez honnêtement que vous aurez été inadapté aux fonctions de Grand Maître, libérez la GLNF de votre funeste emprise, partez et vous aurez enfin rendu à la GLNF un véritable service. A l’instar de la République de Venise qui effaçait, dans la galerie de portraits de ses Doges, le visage de ceux dont l’influence sur la Cité avait été funeste, nous tournerons la page déplorable que vous avez écrite et retrouverons le chemin de nos valeurs et de la fraternité.
Je ne vous salue pas, Monsieur, car j’ai, voyez-vous, l’honnêteté de mes opinions et n’éprouve pour vous aucune considération.
A mes Frères enfin, qui lirons cette « lettre ouverte » et qui sont tentés – nombreux – de quitter notre Ordre pour retrouver ailleurs la sérénité et la joie du Travail, je dis : restez, ne quittez pas la GLNF, bientôt le soleil de la Fraternité se lèvera à nouveau à l’orient !
Jacques PERRET, ancien GMP Paris Grande Arche