MISCELLANÉES MAÇONNIQUES par Guy Chassagnard
En franc-maçon de tradition, attaché à l’histoire de ce qui fut jadis le Métier de la Maçonnerie avant que de devenir la Maçonnerie spéculative des Maçons libres et acceptés, notre frère Guy Chassagnard met en chroniques ce qu’il a appris dans le temple et… dans les textes ; en quarante et quelques années de pratique maçonnique. Ceci selon un principe qui lui est cher : Apprendre en apprenti, comprendre en compagnon, partager en maître.
Chronique 133
1741 – Lettre d’un roi à un pape
Lettre adressée en 1741 au pape Benoît XIV (1675-1758) par Frédéric II (1712-1786), roi de Prusse :
« Révérends Pères, j’ai appris de divers côtés, et notamment par les journaux, avec quelle ardeur vous brandissiez le glaive du fanatisme contre des hommes paisibles, vertueux et respectables, contre les dénommés Francs-Maçons.
« Comme je fais également partie des chefs de cette respectable association, j’ai le devoir de repousser, dans la mesure de mes forces, la calomnie qui s’adresse à ceux-ci et de lever le voile épais qui fait paraître, comme un lieu de réunion de tous les péchés, le Temple érigé à toutes les vertus.
« Quoi donc ! Révérends Pères, voudriez-vous faire renaître ces siècles d’ignorance et de sauvagerie qui sont la honte de la raison humaine ? Ces siècles de fanatisme auxquels notre pensée ne peut se référer sans horreur ?
Ces temps où l’hypocrisie assise sur le trône des tyrannies, entre la superstition et l’humanité, tenait le monde dans les chaînes et vouait au bûcher, sans aucune distinction, quiconque était seulement capable de savoir lire ?
« Vous ne vous contentez pas d’appliquer aux Francs-Maçons l’épithète de saltimbanques, mais vous les accusez d’être des brigands, des scélérats, des suppôts de l’Antéchrist et vous excitez le peuple entier à exterminer cette engeance maudite.
« Les brigands, Révérends Pères, ne sont pas ceux qui reconnaissent, comme nous, le devoir de secourir les pauvres et les orphelins ; les brigands sont ceux qui les dépouillent, qui souvent captent leur héritage et se repaissent de leur butin au sein de l’orgueil et de l’hypocrisie ; les brigands sont ceux qui trompent les hommes, alors que les Francs-Maçons cherchent à les éclairer. »
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© Guy Chassagnard – Auteur de :
- La Franc-Maçonnerie en Question (DERVY, 2017),
- –Les Constitutions d’Anderson (1723) et la Maçonnerie disséquée (1730) (DERVY, 2018),
- –Le Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie (SEGNAT, 2016).
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Bravo pour cette publication.
Deux réflexions sur cette publication.
L’excommunication des FFMM, prononcée par Clément XII et réitérée par Benoit XIV est bien la preuve que l’église considère la FM comme un mouvement politique qui contexte les monarchies absolutistes soutenues par l’église. Jamais les corporations médiévales n’ont été excommuniées du fait même de leur activité. Ce qui montre la novation qu’elle représente vis à vis du « craft » authentique.
En 1752, quand il rejoint la cour du roi de prusse, Voltaire montre ainsi sa proximité avec la FM. N’a-t-il vraiment été initié qu’en 1778 aux neufs soeurs ou l’était-il déjà secrètement depuis son séjour en Angleterre?