« Les responsabilité du franc-maçon » est une planche de la loge « Post Tenebras Lux » à l’orient de Zurich de la Grande Loge Suisse Alpina.
Franc-maçon est non seulement une qualité mais également à ce titre une responsabilité qui va au-delà du Temple, qui se doit de rayonner discrètement dans la monde profane.
Cette magnifique planche nous propose une introspection dans ce que nous sommes, aspirons à être et devrions être…« Les responsabilités du Franc-maçon »
Le thème des responsabilités du Franc-maçon est un thème délicat, susceptible de soulever des passions et des controverses que la franc-maçonnerie, selon la constitution d’Anderson, doit éviter. Ainsi dans notre discussion, nous nous limiterons au fondement philosophique et à l’ESPRIT profond de la franc-maçonnerie spéculative UNIVERSELLE. Dans ce cadre, les constitutions des loges ou des grandes loges, les statuts, les idées de citoyenneté, de devoirs et d’obligations nous paraissent avoir une orientation particulière à la position de la loge dans le monde ou du pays dans lequel elle se situe, et toute proposition basée sur ceux-ci devrait être écartée si nous voulons parler de la franc-maçonnerie universelle et de ce qui la différencie des autres organisations de citoyens ou de bienfaisance.
La responsabilité est un terme qui accepte plusieurs définitions. Les plus courantes : a) Si nous avons causé un dommage, nous sommes responsables vis-à-vis de la loi et de la personne lésée. C’est ainsi que si nous conduisons une voiture, nous avons l’obligation de contracter une assurance responsabilité civile. b) Si nous remplissons une charge nous sommes, en général responsable du résultat obtenu, comme par exemple le Vénérable Maître en chaire est responsable du travail de la loge et de son bon fonctionnement. c) Si nous nous sommes engagé, par une promesse, écrite ou orale, notre responsabilité est d’exécuter ce que nous avons promis. Devant la loi, une promesse est un contrat et nous sommes tenus d’y correspondre pour autant qu’elle ne contrevienne pas à la loi elle-même ou à son esprit. Si la promesse n’est pas tenue, une réparation, pour autant qu’il y ait eu dommage, peut être exigée. d) La responsabilité est aussi souvent l’expression d’un sentiment, d’une émotion ou d’un appel du coeur, comme par exemple « avoir le sens des responsabilités » ou « se sentir responsable », comme se sentir responsable de nos décisions, de nos actes et de nos paroles, sans qu’il y ait référence à la loi et aux obligations que celle-ci pourrait imposer. Dans le contexte franc-maçonnique profond et universel, il nous semble, que seule la proposition d) puisse être retenue parce qu’elle émane de la « conscience du franc-maçon » et est théoriquement indépendante du monde profane. Bien sûr, on peut se demander : « Qu’est-ce que c’est que la conscience, d’où vient-elle et comment se forme-t-elle ? », « Est-elle d’origine profane ou non ? » Les spécialistes nous disent qu’elle se forme en partie dans la petite enfance par les interdits que l’enfant n’arrive pas à « rationaliser ». Ceci expliquerait que certaines personnes se sentent, par rapport aux mêmes faits, responsables et d’autres pas du tout. Lors de l’initiation franc-maçonnique, la purification par l’air, l’eau et le feu fait partie du rite d’évacuation symbolique des acquis du monde profane. Plus tard, au fur et à mesure de la progression du franc-maçon et de son travail en loge, la conscience profane sera peu à peu remplacée par une nouvelle conscience, dont le fondement ne sera plus les interdits, mais la sagesse, la force et la beauté. L’initiation étant la première manifestation de l’hermétisme franc-maçonnique et de son isolement du monde profane.
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La franc-maçonnerie spéculative n’est pas, par définition, opérative c’est-à-dire qu’elle s’attache à la théorie sans se préoccuper de la pratique ni de l’expérience, elle est donc une « démarche intellectuelle » d’accompagnement au développement de l’être sensoriel intelligent et conscient. Les lois, les principes et les événements, externes et profanes, ne doivent pas polluer cette démarche ou avoir une emprise sur elle. En terme philosophique on peut dire que la franc-maçonnerie n’est pas « contingente » mais « nécessaire », c’est-à-dire qu’elle ne dépend pas d’événements externes et qu’elle se suffit à elle-même. Les expressions symboliques de ce fait en sont la couverture du temple et la loi du silence, c’est-à-dire la totale séparation du monde profane. La franc-maçonnerie étant « nécessaire », les responsabilités profondes du franc-maçon le sont aussi, et en tant que tel, il lui sera difficile de s’identifier à des obligations ou des devoirs au sens profane de ces termes, ou à subir une influence, de quelle que manière que ce soit, d’origine externe, l’espace franc- maçonnique étant hermétique.
Quelles sont les responsabilités du franc-maçon ? La réponse à cette question ne peut se trouver que dans la franc-maçonnerie spéculative elle-même et sa symbolique.
Alors, la franc-maçonnerie universelle qu’est-ce que c’est, et qui donc est le franc-maçon ? Si nous pouvons répondre à cette question, nous aurons trouvé ce que sont les responsabilités profondes du franc-maçon. Dans notre tentative, il faudra scrupuleusement respecter l’ÉTANCHÉITÉ de la franc-maçonnerie par rapport au monde profane sans quoi notre recherche serait biaisée et peut- être même contre l’esprit lui-même de la franc-maçonnerie.
Essayons. La franc-maçonnerie interdit le dogme, et les définitions galvanisées sur des modèles profanes ne peuvent pas en faire partie. Par contre, par sa symbolique, elle parle de valeurs humaines, de tolérance, de fraternité, d’union, de recherche, de perfectionnement, de développement PERSONEL, de lumière, de rectitude, de précision, de justice, de liberté et de beaucoup d’autres valeurs essentielles à une vie harmonieuse et intelligente, tout en laissant à chaque franc-maçon le soin d’en comprendre le sens et la portée. Le franc-maçon est donc un chercheur qui n’a PAS de concept prédéfini, ET QUI NE DOIT PAS ESSAYER D’EN ETABLIR (souvenez-vous : le franc-maçon ne trouve jamais la lumière, il la cherche). On pourrait penser que, par exemple, la morale et les lois doivent sans aucun doute faire partie de la franc-maçonnerie spéculative. Si c’est peut-être vrai sur le plan individuel, il serait faux de vouloir définir, globaliser ou intégrer « une morale » et des « lois » dans la franc-maçonnerie spéculative car il nous faudrait alors dire ce qu’est la morale universelle, comment l’appliquer, à qui, pourquoi, dans quel cas, quelles en seraient ses limites et pourquoi. Or la franc-maçonnerie spéculative universelle ne permet pas ce type démarche « intégriste ». Le franc-maçon est un être qui se remet lui-même en question, qui analyse ses propres pensées et améliore sans cesse son comportement, son esprit, sa relation à lui-même et aux autres. Il accepte la critique et l’utilise à bon escient pour son propre développement, il ne s’attache pas aux définitions profanes mais à celles de la franc-maçonnerie
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formative qui émane des profondeur du cosmos et de la conscience, il s’attache à la construction du temple de l’Univers en commençant par sa propre construction personnel au moyen du maillet et du ciseau. Ne sont-ce pas là les principales responsabilités du franc-maçon? Nos rites et symboles nous renseignent amplement, et selon eux, la responsabilité du franc-maçon est de deux sortes : a) travailler à son développement personnel et b) construire le temple de l’humanité. Disons encore une fois, que les statuts et constitutions spécifiques à la loge ou à la grande loge ne peuvent pas dans leur totalité faire partie de l’essence de la pensée franc-maçonnique car ils définissent des propositions particulières construites selon les besoins opératifs et profanes du moment, du lieu et de sa culture. Ils ne peuvent donc pas être considérés comme universels.
Si la franc-maçonnerie est « nécessaire » et donc une entité indépendante, intouchable et étanche au monde profane, comment le franc-maçon pourrait-il construire le temple de l’humanité ? La réponse est simple : par la transcendance ! Si, de par sa définition et son système de symboles, l’esprit de la franc-maçonnerie ne peux pas être transcendé par le monde profane, la franc- maçonnerie, elle, peut transcender son esprit dans le monde profane; et c’est bien là, sa mission spéculative quant à la construction du temple de l’humanité. Comment alors éviter les faux pas qui ne feraient du temple de l’humanité qu’une maison de profanes mal construite ? Par l’antidogme, la loi du silence du franc-maçon retiré dans le monde profane, et l’utilisation du langage symbolique ! Les lois sont-elles des dogmes ? La réponse est presque certainement OUI. Ainsi un temple maçonnique parfait serait un temple transcendé par l’esprit franc-maçonnique dans lequel les lois, les règles et toute forme de contrainte auraient été remplacés par l’amour fraternel, la probité, les bonnes moeurs, les valeurs humaines, le partage et l’absence des métaux. Un espace dans lequel régnerait la sagesse, la force, la beauté et la lumière. Plus globalement, c’est le remplacement des LOIS et des règles contraignantes par l’amour du prochain. Et nous avons trouvé ici, l’une des premières et plus importantes responsabilités du franc-maçon : AIMER…, au-delà des lois et des règles. Il y a deux mille ans, le fondateur de notre civilisation occidentale l’avait déjà dit.
Y a-t-il pour le franc-maçon une autre responsabilité importante ? La pierre cubique nous renseigne ! Elle nous dit, par l’intermédiaire de son symbole, que nous devons travailler sur nous- même et donc CHANGER jusqu’à atteindre la perfection de la pierre parfaitement polie qui s’ajustera avec précision dans le temple de l’humanité. Ici aussi, le fondateur de notre civilisation occidentale nous l’avait déjà dit : « Repentez-vous ! » ont écrit certains traducteurs. Les traducteurs plus précis ont traduit : « Changez de comportement » en lieu et place de : « Repentez-vous ». Ce qui rend le message beaucoup plus intelligible et pour le franc-maçon, beaucoup plus percutant. Donc, en résumé et considération du cadre de réflexion que nous nous sommes fixé, deux responsabilités essentielles à la « démarche » franc-maçonnique, surgissent : a) AIMER les autres autant que soi-même, b) CHANGER (de comportement ou se changer). Ces deux « responsabilités » ne sont pas banales si l’on se souvient qu’elles sont contraires à notre culture actuelle de globalisation « déshumanisante » dont le moteur est d’opposer de l’homme à l’homme. Y aurait-il une autre responsabilité ? Nous l’avons dit : c) TRANSCENDER l’ESPRIT et les
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VALEURS FRANC-MAÇONNIQUES dans le monde profane, et participer à la construction du temple de l’humanité, aujourd’hui encore complètement utopique, mais dont le Grand Architecte de l’Univers a certainement les plans !
MP