Deux grands historiens éclairent les mystères des hauts grades de la franc-maçonnerie.
L’apparition du grade de Maître, vers 1725, a conduit la jeune franc-maçonnerie spéculative organisée vers d’autres destins que ceux d’une simple confrérie de métier : avec la légende d’Hiram on avait introduit, en réalité, le premier des hauts grades. Presque aussitôt, vers 1730, apparaît aussi le grade de Scots Master qui a longtemps suscité la perplexité des historiens anglais et français. Ce grade mythique ne fut lui-même que l’ancêtre, le pilier fondateur d’une longue série de » grades écossais » – ne devant, malgré leur nom, à peu près rien à l’Écosse – qui devaient illustrer toute la franc-maçonnerie en Europe au XVIIIe siècle.
Les Premiers Hauts Grades écossais – L’énigme des origines (1730-1800)
de Roger Dachez (Auteur), John Belton (Auteur), Pierre-Yves Beaurepaire (Préface) – Editions Dervy – juin 2024 – 512 pages
Reprenant de fond en comble ce dossier, exploitant des sources déjà connues mais relues à nouveaux frais, et des sources moins connues – voire méconnues –, deux historiens chevronnés, John Belton, membre de la célèbre loge londonienne de recherche Quatuor Coronati 2076, et Roger Dachez, directeur de la revue Renaissance Traditionnelle et auteur de nombreux ouvrages depuis trente ans, ont conjugué leurs efforts. Pour la première fois, ils proposent une histoire des premiers hauts grades qui prenne en compte la réalité commune de la franc-maçonnerie de part et d’autre de la Manche, au moins jusque dans le courant des années 1750. Beaucoup d’énigmes anciennes se résolvent alors.
Retraçant le parcours de francs-maçons pionniers entre Londres, Paris et Berlin, de 1730 à 1750, rapprochant les plus anciens rituels des grades écossais, tant en anglais qu’en français, les auteurs nous invitent à revisiter entièrement la genèse des premiers hauts grades, à démasquer leurs propagateurs, à découvrir les motifs qui les ont inspirés. Nous faisant assister ainsi, pas à pas, et de manière limpide, à la naissance de la complexité dans la franc-maçonnerie, au siècle des Lumières, ce livre marquera une étape nouvelle de l’historiographie maçonnique européenne.
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Merci à GADLU.INFO d'après propsoé ce livre à notre sagacité...
En effet, l’ouvrage "Les premiers hauts grades écossais – L’énigme des origines (1730-1800)" est une contribution majeure à l’historiographie maçonnique, s’inscrivant dans une tradition d’enquêtes rigoureuses sur l’émergence et le développement des hauts grades maçonniques. Roger Dachez et John Belton, deux grands auteurs, conjuguent leurs expertises pour éclairer l’obscure genèse des hauts grades écossais au XVIIIe siècle, offrant ainsi une vue d’ensemble des mutations maçonniques en Europe. Cet ouvrage a d’abord été publié en anglais sous le titre Exploring the Vault : Masonic Higher Degrees 1730–1800 (Westphalia Press), avant d’être traduit en français par Roger Dachez lui-même.
Le livre, divisé en vingt-neuf chapitres, traverse des périodes charnières de l’histoire maçonnique, allant des premières difficultés de la Grande Loge d’Angleterre après 1730 à l’apparition et à la propagation des grades écossais en France, en Angleterre, et en Europe continentale. Le contexte de chaque développement est minutieusement exploré, s’appuyant sur des sources anciennes et récentes, certaines déjà connues mais réinterprétées, et d’autres méconnues, dévoilant ainsi des aspects inédits de l’histoire maçonnique.
La préface de Pierre-Yves Beaurepaire joue un rôle fondamental servant non seulement d’introduction contextuelle mais aussi d’éclairage critique sur l’importance de l’étude entreprise par Roger Dachez et John Belton. Historien émérite et spécialiste des Lumières, Pierre-Yves Beaurepaire inscrit cette recherche dans une perspective historiographique plus large, en soulignant à quel point l’histoire des hauts grades écossais constitue un chaînon manquant dans la compréhension globale de la franc-maçonnerie européenne.
Dès les premières lignes, Pierre-Yves Beaurepaire met en exergue la complexité et la richesse des sources exploitées dans cet ouvrage. Il insiste sur le fait que Roger Dachez et John Belton ne se contentent pas de rassembler des documents historiques, mais qu’ils réinterprètent ces sources à la lumière des découvertes récentes, tout en intégrant des éléments inédits. Selon Beaurepaire, cette méthode historiographique rigoureuse, qui associe le dépouillement d’archives à une réflexion critique sur les interprétations antérieures, permet de renouveler notre compréhension des origines des hauts grades écossais.
L’ouvrage commence par une introduction posant les fondements de la jeune franc-maçonnerie spéculative et l’apparition du grade de Maître vers 1725, lequel ouvre la voie à une série de grades dits écossais, malgré leur manque de lien direct avec l’Écosse. Le grade de Scots Master, apparu vers 1730, est exploré en profondeur, révélant sa nature complexe et son rôle de précurseur dans l’évolution des grades écossais.
L’analyse de Roger Dachez et John Belton est ici d’une rare profondeur, mettant en lumière les raisons pour lesquelles ce grade, longtemps entouré de mystère, est essentiel pour comprendre la genèse des hauts grades maçonniques. Les auteurs décryptent le symbolisme et les légendes associées à ces grades, en particulier la légende d’Hiram, qui transcende son rôle initial pour devenir le pilier fondateur d’une nouvelle dynamique maçonnique.
Les chapitres suivants se concentrent sur l’évolution des grades de maître et de Scots Master, en particulier dans le contexte de la Grande Loge d’Angleterre. Les deux auteurs documentent avec une précision historique remarquable la diffusion des hauts grades, leurs modifications et adaptations, d’abord en Angleterre, puis en France, en Allemagne, et au-delà.
Ils retracent le parcours des francs-maçons pionniers qui ont propagé ces grades à travers l’Europe, avec une attention particulière aux interactions entre les loges de Londres, Paris, et Berlin entre 1730 et 1750. Le rôle des rituels, tant en anglais qu’en français, est examiné, révélant comment ces textes ont façonné la maçonnerie continentale.
Le chapitre dédié à « Les « autres grades » entre Paris et Bordeaux », ainsi que la naissance du Royal Arch – Arc Royal et son introduction en France (1760-1765) – et des Templiers, apporte un éclairage nouveau sur la diversité des pratiques maçonniques et la complexité croissante de l’organisation maçonnique au XVIIIe siècle. Les auteurs montrent comment ces grades, malgré leur diversité apparente, partagent un socle symbolique commun qui a contribué à la création d’une maçonnerie véritablement européenne.
La conclusion de l’ouvrage synthétise les découvertes des auteurs, réaffirmant l’importance des hauts grades écossais dans l’évolution de la franc-maçonnerie. Roger Dachez et Belton proposent une lecture transnationale de ces phénomènes, transcendant les frontières nationales pour offrir une vue d’ensemble des dynamiques maçonniques en Europe.
Le livre, par son érudition et sa profondeur d’analyse, marque une étape nouvelle dans l’historiographie maçonnique. Il ouvre des perspectives pour de futures recherches, notamment sur les interactions entre les différents courants maçonniques en Europe et l’influence des hauts grades écossais sur la maçonnerie moderne.
Cet ouvrage, en revisitant les énigmes historiques des hauts grades écossais, ne se contente pas d’apporter de nouvelles réponses. Il ouvre également la voie à une compréhension plus nuancée et complexe de la franc-maçonnerie au siècle des Lumières. Par la richesse des sources exploitées et l’acuité des analyses proposées, le livre s’impose comme une lecture indispensable pour quiconque souhaite comprendre les racines et les développements de cette institution énigmatique qu’est la franc-maçonnerie.