« Les initiations » est la première partie d’un texte de Alain Vanet qui présente cette planche de la façon suivante : Pour bien comprendre le sens de l’initiation dans une société traditionnelle symbolique, il est nécessaire connaître un minimum des objectifs et des procédures des initiations dans les sociétés dites primitives.
Cet article a été rédigés à partir d’une documentation essentiellement recueillie dans l’Encyclopédia Universalis et les oeuvres de René Guénon. Chacun de ces articles est suivi d’une bibliographie largement suffisante pour ceux qui souhaiteraient se cultiver davantage. »
L’auteur nous retrace brièvement les initiations au travers de la tradition : concept universel.
Les Initiations
Abstract : Qu’est ce qu’une « initiation » ? Types d’initiations (passage, religieux, magique) et formes diverses Déroulement : purification, marge et enseignement Origine et explications diverses de l’initiation
Il y a quelque temps je souhaitais visiter les temples de Louxor : j’ai dû faire un grand voyage, et sur place m’adresser à un spécialiste pour me faire expliquer ce que je découvrais.
Il y a quelque temps l’un de mes amis a voulu devenir prêtre : il a dû entrer dans une école spécialisée, qui se nomme un séminaire, et s’adresser à des anciens pour apprendre ce qui était nécessaire à son futur état.
Bien sûr, ce qui précède n’est que métaphorique. Mais cela indique bien, que pour acquérir une connaissance ou pour passer d’un état à un autre, il faut suivre un certain chemin. Ce chemin est destiné à connaître « des choses » qui ne sont pas accessibles à tous ; pour le parcourir il est nécessaire d’avoir un guide qui, lui, connaît déjà « ces choses ». La plupart du temps ce chemin est parcouru par un groupe de personnes qui ont le même objectif ; et toujours, les impétrants son reçus et admis dans un groupe de personnes déjà initiées.
Pour bien comprendre le sens de l’initiation dans une société traditionnelle symbolique, il est nécessaire connaître un minimum des objectifs et des procédures des initiations dans les sociétés dites primitives.
Le fait de mettre au courant un individu aussi bien d’une science, que d’un art ou d’une profession est souvent désigné par le mot initiation. En effet dans le temps les pratiques de divers métiers étaient gardées secrètes par les maîtres qui ne les révélaient que peu à peu à leurs apprentis. Mais primitivement ce mot désignait surtout des cérémonies par lesquelles on était admis à la connaissance de certains « mystères ». On a été amené à distinguer trois types d’initiation : les initiations tribales (celles qui font entrer les jeunes gens dans la société des adultes), les initiations religieuses (celles qui donnent accès à des sociétés secrètes par exemple), et les initiations magiques (celles qui permettent d’accéder à la possession de pouvoirs surnaturels).
Le premier type comporte une partie religieuse et se fonde sur des rituels archétypiques mythiques. Mais ce n’est qu’un rite de passage profane : ils intègre en effet l’individu dans la société. Le troisième type au contraire sépare l’individu de la société. Quant au second, c’est un rite de passage également, mais non profane. Mais de toutes les façons l’initiation est toujours un processus destiné, sur le plan psychologique, à réaliser le passage d’un état inférieur de l’être à un état supérieur.
Ce que nous ne connaissons pas revêt toujours un certain caractère mystérieux, surtout quand il s’agit des choses de l’esprit. C’est pourquoi, dans un autre article, nous parlerons des « mystères », car il est important de posséder un certain savoir à ce sujet quand on veut s’informer sur l’initiation. De même il faut savoir établir ce qui différencie le « sacré » du profane : sans cela il est difficile de se situer et l’on risque d’avoir une démarche difficile et inutile. Nous parlerons donc du « sacré » dans un autre article.
Dans les sociétés archaïques et historiques les initiations, quelles que soient les ethnies envisagées, se déroulaient en trois étapes et toujours dans le même ordre. La première étape était constituée par des rites préalables de purification. L’initiation proprement dite se faisait dans le secret d’un sanctuaire et comprenait des épreuves ; chaque moment de la cérémonie pouvait avoir une pluralité de sens symbolique. La troisième étape était une sorte de représentation théâtrale de mythes et l’enseignement d’un secret. Ces trois étapes consistaient à tuer l’individu pour le faire ressusciter à une vie nouvelle (pensez à Osiris…). Généralement une cérémonie de clôture publique existait afin d’attester vis-à-vis des profanes et de se réjouir avec eux du nouvel état de l’initié.
Les rites d’initiation accompagnent l’admission des individus d’un groupe à un autre (du groupe des enfants à celui des adultes, de celui des guerriers à celui des responsables politiques par exemple), mais également l’introduction dans une société secrète ou dans une confrérie religieuse. Ils marquent toujours un changement de statut social. Mais pour bien comprendre il faut dire deux mots sur les plus importants : ceux qui font accéder l’enfant au statut d’adolescents. Ce sont les initiations tribales. Celles-ci comprennent comme tout cérémonial de passage, des rites de séparation, de marge et d’agrégation.
Les rites de séparation : l’enfant est séparée du groupe et il s’agit là d’une mort symbolique (car à la fin, l’enfant renaîtra). Les rites de marge comprennent tout un ensemble de brimades dont il reste encore des traces dans la société contemporaine (arrivée à l’armée ou bizutage dans certaines écoles). Mais à côté de ces brimades il y a tout une re-socialisation de l’enfant, une éducation morale et l’instauration d’une certaine fraternité entre les candidats. Les éléments sacrés de la tribu sont également présentés et expliqués. Quant aux rites d’agrégation, ils comprennent des séquences de réapprentissage de la vie quotidienne ; ce retour, avec un statut supérieur, est en outre une fête qui se marque par des chants, des danses et un certain nombre de solennités.
Les initiations religieuses marquent le passage du domaine profane au domaine sacré. On y retrouve les mêmes séquences rituelles de point de rupture avec le monde profane, acquisition de connaissances, réintégration dans le monde initial.
Les initiations magiques visent à compléter ou à provoquer une personnalité qui peut obtenir des pouvoirs surnaturels et ne sera plus soumise à la condition humaine. Mais l’acquisition de ce pouvoir ne peut se réaliser que par l’abandon des règles qui définissent l’humanité normale (d’où un certain nombre d’actes destinés à mettre l’impétrant véritablement en marge de la normalité). Bien entendu il existe également un apprentissage de secrets. Les séquences de ces initiations reprennent le modèle habituel de la mort de l’homme ancien et de la naissance d’un nouvel individu. Les cérémonies publiques qui suivent cette initiation sont des cérémonies de reconnaissance par la société de la nouvelle personnalité du sorcier ou du chaman.
Mais l’existence de telles initiations pose un certain nombre de problèmes. Et notamment celui de leur interprétation.
Les analogies repérées entre les trois types d’initiation, soit dans la séquence de leurs rites, soit dans leur symbolisme (mort et résurrection) pose le problème de leurs relations historiques : est-ce que les initiations religieuses et magiques ne proviennent pas des initiations tribales ? Certains arguments vont dans ce sens d’autres, non. Actuellement on a tendance à un écarter une évolution linéaire qui conduirait de l’initiation tribale à l’initiation religieuse ; on pense qu’il s’agit de toute une série de déstructuration d’anciennes cérémonies et de restructuration de nouvelles au cours des temps. Parmi les explications les plus célèbres il faut citer la psychanalyse, pour laquelle les rites d’initiation exprimeraient l’hostilité du père ou de ses substituts envers le fils. Les tenants de cette explication ont, en même temps, insisté sur la nature compensatoire du rituel car si une « chose » est retirée (existence de tabous), une autre « chose » est donnée (un nouvel état). Cependant des chercheurs, plus récemment, se refusent à donner dans leur interprétation une place aussi grande à la liquidation du complexe d’Oedipe. C.G. Jung, notamment, voit dans l’initiation une volonté délibérée visant à séparer l’individu de la nature pour le faire entrer dans la culture. Toutes ces explications restaient hypothétiques et problématiques.
Les sociologues ont mis en lumière les diverses fonctions de l’initiation : perpétuation des valeurs éthiques, forme primitive de l’école, apprentissage de l’autodiscipline et de la fraternité, mise en valeur des devoirs familiaux, etc. mais certains veulent aller plus loin : l’initiation consisterait à enlever au jeune homme son âme pour la faire passer dans son totem et ils lui infusaient une vie nouvelle et qui est celle de ce dernier. Cette conception et sans doute valable en partie pour les initiations religieuses et magiques. R.Caillois insiste sur l’importance de la nouvelle naissance et met en parallèle le rituel de l’initiation avec limites de la création cosmique douce rituelle ne serait qu’un double. J. Cazeneuve voit dans les deux premières formes d’initiation une revivification de la condition humaine au contact du sacré selon des archétypes fondateurs tandis que l’initiation magique consisterait au contraire à en prendre le contre-pied (l’individu n’existe vraiment que s’il est initié rituellement par sa mise en relation avec le sacré de sa propre civilisation). Cette dernière interprétation mais en évidence les racines religieuses de l’initiation tribale.
Mais on avait surtout insisté jadis sur les rites de passage et le côté « introduction à la connaissance ésotérique » de l’univers avait été laissé de côté et même parfois
nier. Or au fur et à mesure que l’on apprend à mieux connaître ces mécanismes on s’aperçoit que l’initiation a pour mission de révéler, peut-être essentiellement, les significations secrètes des « choses » : tout, dans le cosmos comme des le social, et « signe » ou « symbole » d’une autre réalité. Il est donc nécessaire d’apprendre à lire le monde si on veut le comprendre et agir sur lui sans le ramener au chaos ou au désordre.
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Très intéressant
des fautes de frappe, dommage pour la compréhension de ce texte intéressant :
R.Caillois insiste sur l’importance de la nouvelle naissance et met en parallèle le rituel de l’initiation avec limites de la création cosmique douce rituelle ne serait qu’un double. ( ? )
Actuellement on a tendance à un ? écarter une é