– Les francs-maçons entrouvrent la porte
– Entre secret et discrétion
– Jean-Robert Ragache, ancien Grand Maître et historien
Source : http://www.lunion.presse.fr/article/societe/les-francs-macons-entrouvrent-la-porte
Une conférence publique pour mieux se faire connaître… Les francs-maçons du GOF estiment qu’il y a un malaise dans la société française.
LES francs-maçons sont environ trois cents dans les Ardennes. En très grande majorité des hommes puisqu’il a fallu attendre le début 2010 pour que se crée à Charleville-Mézières une nouvelle loge dépendant de la Grande Loge Féminine de France (notre édition du 14 janvier) ; mais les femmes sont encore si peu nombreuses dans la franc-maçonnerie française que cette loge ardennaise rassemble non seulement des Ardennaises, mais aussi des Axonaises et des Marnaises.
Dans le département, la première loge maçonnique a été créée en 1740, c’est-à-dire très tôt, dès les premières décennies durant lesquelles apparurent les plus anciennes loges maçonniques en France.
Position dominante du GOF
Comme pour la presse pamphlétaire, dont l’historien Gérald Dardart raconte la vivacité dès le milieu du XVIIIe siècle dans sa récente Histoire de la presse ardennaise, les Ardennes n’étaient pas en retard.
Sur les trois cents « frères » ardennais, répartis en cinq obédiences différentes, environ la moitié appartient au Grand Orient de France qui se trouve majoritaire avec une loge sedanaise (Egalité Justice et Progrès) et deux loges carolos (Saint-Jean Les Amis Réunis des Ardennes et La Fraternité Georges-Corneau) ; cette dernière fondée en 1880 est la plus ancienne loge maçonnique ardennaise encore en activité.
47.000 membres pour 1.150 loges
Le temple maçonnique où ont lieu les « tenues » (réunions), 32 rue de Tivoli, a d’ailleurs été construit par Georges Corneau, humaniste radical-socialiste, fondateur du journal Le Petit Ardennais.
Le Grand Orient de France jouit de la même position dominante dans toute l’Europe continentale et particulièrement en France avec 47.000 membres et 1.150 loges.
P.F.
Source : http://www.lunion.presse.fr/article/social/entre-secret-et-discretion
Un franc-maçon, ancien vénérable maître de l’une des deux loges carolos du Grand Orient de France (souhaitant conserver l’anonymat), a bien voulu répondre à nos questions. Il est kinésithérapeute à Charleville-Mézières.
Pourquoi vouloir conserver l’anonymat ?
« Quand on voit la présentation qui est faite de la franc-maçonnerie dans les médias, notamment les hebdos nationaux, les journalistes parlent de réseaux et il y a toujours une consonance négative là-dedans. Régulièrement, Le Point, par exemple, lâche quelques noms du bottin mondain. S’il s’agissait de catholiques, on ne parlerait pas de réseaux ! Dans les Ardennes, je ne connais aucun système qui consiste à placer des francs-maçons à tel ou tel poste important. En revanche, si un frère est au chômage, celui qui peut l’aider à retrouver du travail le fera. Alors oui, dans ce cas-là, si vous voulez, on peut parler de réseau ! Il existe même un fonds de solidarité au GOF pour aider les membres qui se trouveraient en difficulté. »
N’est-ce pas parce que les francs-maçons entretiennent une certaine culture du secret autour de leurs rites d’initiation et de leurs réunions ?
« Je peux vous dire que le secret maçonnique est d’abord un secret individuel. Chaque frère a une totale liberté de dévoiler ou pas son appartenance, mais seulement la sienne. Le cadre symbolique de la franc-maçonnerie est simplement fait pour nous aider, lors de nos réunions, à nous échapper du quotidien… afin de mieux y revenir. La plupart des francs-maçons que je connais sont des gens qui s’engagent. Les offices sont dirigés par le vénérable maître qui est élu par tous. En ouvrant nos travaux, on arrête le temps ! Une seule personne parle à la fois et toutes les paroles sont égales. »
Pourquoi organiser une conférence publique maintenant ?
« C’est vrai que ce n’est pas une habitude. Nous avons dû en organiser pas plus de trois depuis les vingt dernières années. Nous pensons qu’il y a actuellement un malaise dans la société française. Beaucoup de gens sont de plus en plus à la recherche d’une spiritualité laïque. La loi de 1905 sur la laïcité est très malmenée et on assiste à une montée des communautarismes. Le GOF a toujours été en pointe dès que la République est attaquée. Il est temps aussi pour nous de réfléchir à notre appartenance à une citoyenneté mondiale. »
Quelle est la composition sociale de vos loges ?
« Des professions libérales mais pas seulement, des commerçants, des enseignants, des syndicalistes, des élus locaux… En revanche, peu d’ouvriers et peu d’agriculteurs car nous n’arrivons pas à les joindre. »
Comment êtes-vous vous-même devenu franc-maçon ?
« Je n’ai été contacté par personne. C’est moi qui ai parlé de mon souhait à une personne dont je savais que c’était un franc-maçon. Mais vous pouvez tout simplement écrire au Grand Orient de France à Paris qui répercutera sur la loge la plus proche de votre domicile ! »
Propos recueillis par Patrick FLASCHGO
Les loges ardennaises du Grand Orient de France organisent une conférence publique le lundi 8 mars à 20 heures, à l’auditorium de la médiathèque Voyelles. Elle sera animée par Jean-Robert Ragache, historien et ancien Grand Maître du GOF, sur le thème « La franc-maçonnerie face aux défis du monde actuel », avec la participation des conseillers de l’ordre du GOF.
Natif de Charleville, Jean-Robert Ragache a 71 ans. Agrégé d’histoire, il a longtemps enseigné en Ecole normale d’instituteurs puis en IUFM à Rouen. Il fut plusieurs années président du Conseil de l’Ordre (Grand Maître) du Grand Orient de France, jusqu’en 1992.
Jean-Robert Ragache a publié plusieurs ouvrages historiques, dont un sur la franc-maçonnerie. Dans sa conférence, il mettra en perspective les principes et les valeurs humanistes de la franc-maçonnerie avec ce qui fait changer la société actuelle : mondialisation, modernisme, individualisme, temporalité…
Contact : les Loges ardennaises, 32 rue de Tivoli, 08000, Charleville-Mézières