Les étapes d’une relation amoureuse
Que se passe-t-il chez les couples qui durent?
Susan Campbell a enquêté auprès de ces couples dont elle rend compte dans son livre
« Changer ensemble», Editions de l’Homme, 1988.
Les résultats: à sa grande surprise, la plupart de ces couples qui durent ont un objectif spirituel commun. Pas spirituel au sens de «pratiquer une religion», spirituel au sens de s’inscrire dans un plan d’ensemble plus grand qu’eux-mêmes et de prendre de plus en plus de distance (d’y être plus «contemplatifs») par rapport à leurs drames personnels et leurs failles de leur personnalité actuelle.
Autre chose: tous les couples sont passé grosso modo par les mêmes étapes. L’ordre de ces étapes varie, de même que leur durée dans le temps, mais chaque étape représente un passage délicat ou l’on rechoisit de vivre ensemble ou de se séparer.
Voici succinctement les cinq étapes :
1. L’étape romantique
Vision idéaliste de la relation: le partenaire possède quelque chose d’unique dont on a toujours rêvé. Sentiment confus de ne faire qu’un. Les partenaires nient toute impression de différence et créent diverses dépendances. «Je ne peux pas vivre sans toi. » C’est l’époque d’une vision tout à fait stéréotypée et idéale du partenaire.
L’apprentissage de cette étape: la fusion, la capacité de faire un, de reconnaître la totale beauté d’une personne.
L’illusion de l’étape romantique: croire que les rêves peuvent devenir réalité pourvu qu’on le veuille vraiment, que la vie est un jardin de roses et que les gens vivent naturellement en harmonie,
L’étape prend fin lorsque les choses se gâtent et que les partenaires se rendent compte que leurs attentes sont irréelles.
2. La lutte de pouvoir
La reconnaissance du fait: «TU n’es pas celui que je croyais » ou « Nous sommes différents de ce que nous croyions être » La vision est remplacée par la division: on expérimente sa différence, on prend sa place. La relation n’a pas comblé nos attentes, On se sent déçu, en colère,
C’est l’étape de la lutte de pouvoir. On pousse son partenaire a être ce qu’il est supposé être, ou ce qu’il promettait d’être.
La «bataille des sexes» peut en grande partie dominer la scène à cette étape, les partenaires imputant à leurs différences sexuelles la plupart de leurs problèmes: « T’es insensible, comme tous les hommes!» «T’es hystérique, comme toutes les femmes …»
Cette étape peut durer des années, comme c’est le cas de George et de Martha dans « Qui a peur à Virginia Wolfe? » C’est l’étape où l’on doit affronter des aspects de nous-mêmes difficiles à regarder en face.
L’apprentissage de cette étape: je suis différent et c’est OK.
L’illusion de la lutte de pouvoir: que nous pouvons obtenir ce que nous voulons par la menace, la force, la manipulation ou la domination, même subtile.
3. La stabilité
Clémence des partenaires. On renonce à tout pour que « ça marche » et on tolère davantage les faiblesses de l’autre. On finit par se reconnaître et par s’aimer pour ce qu’on est. Les conflits servent à grandir plutôt qu’à, souffrir. Chacun concentre davantage son attention à l’extérieur du couple ou sur lui-même: On a compris que la relation, même si elle est importante, ne comblera jamais tous les besoins.
C’est l’époque du «couple marié». L’apprentissage de cette étape: le réalisme amoureux.
L’illusion inhérente à la stabilité: la paix et l’attachement au détriment de la nouveauté et du changement. Une paix durement gagnée. On est confortable, on risque de moins en moins, on s’endort un peu.
4. L’engagement
Ici on renonce à «remodeler» le partenaire et à lui être agréable à tout prix. On est réaliste et on accepte les faiblesses de la relation. On est capable d’aimer l’autre tout en détestant parfois ce qu’il fait. On s’aime oui, mais sans, nécessairement se plaire à chaque instant.
Cela donne la liberté de se remettre en question sans verser dans la lutte de pouvoir. Cela permet aussi à chacun d’être responsable de ce qu’il fait.
À cette étape ci on est souple, moins rigide, et en cas de conflit on peut adopter des attitudes positives. L’apprentissage de cette étape: la responsabilité de ses actes.
L’illusion de l’engagement: «Nous avons tout fait pour harmoniser nos différences en tant que couple, nôtre travail est terminé… Plus besoin de nous inquiéter du reste du monde. »
5. La cocréation
A cette étape, on exerce souvent ensemble une activité créatrice qui représente notre contribution à l’univers. L’erreur: concentrer presque toute l’attention sur les relations extérieures et négliger de «nourrir» la relation amoureuse.
L’apprentissage de cette étape: interdépendance avec les autres êtres humains. Besoin de faire sa contribution sociale.
Développement d’une sorte de vision spirituelle commune…