Pour une fois que l’on ne parle de « fraternelles » d’intérêts je pense qu’il convient d’encourager et de souligner ce type d’initiative.
« Les enfants de Cambacérès » « Les Enfants de Cambacérès » est une fraternelle inter-obédientielle maçonnique qui se veut un espace de liberté, de paroles et d’échanges pour les Frères et les Soeurs gay et lesbiennes en France. Elle travaille sur différentes réflexions et propositions afin de promouvoir ses idées de progrès et de tolérance .
La lecture de la « déclaration des enfants de Cambacérès » ne m’a pas laissé insensible comme leurs intentions profondément humanistes.
Tout comme leur livre blanc « »Franc-maçonnerie et homosexualité » : Les valeurs initiatiques à lʼépreuve des préjugés qui peut être téléchargé depuis leur site.
Site « Les enfants de Cambacérès »
Déclaration des enfants de Camabacérès
Depuis quelques années, un nombre grandissant de francs-maçon(ne)s recherchent un lieu d’échange et de parole, où ils pourraient aborder ce qui les touche dans leur vie privée et dont ils ne peuvent parler qu’avec difficulté au sein de leurs Loges respectives : l’homosexualité.
En effet, soit la structure même des Obédiences n’est pas conçue pour évoquer d’autres thèmes que symboliques et le sujet n’a pas sa place, soit celles-ci font preuve d’un ostracisme plus ou moins larvé au moment d’aborder cette question et ce qui lui est connexe.
Le monde profane, lui, a rapidement évolué sur ces sujets au cours des dernières années et il n’hésite plus à en parler de manière résolument ouverte. Le citoyen a été – et continue d’être – largement informé des débats sur le PACS, l’homoparentalité et tous les sujets particuliers qui préoccupent les homosexuel(le)s.
Dans nos Obédiences, le silence règne sur ces sujets comme s’ils étaient encore tabous. Pourtant, depuis la création de la Franc-maçonnerie spéculative, de nombreux Frères puis Soeurs ont été ou sont homosexuel(le)s. Rien ne sert de le nier. Au contraire, la Franc-maçonnerie peut et doit s’ en enorgueillir, car de tous temps ces Frères et ces Soeurs ont étés à la pointe du combat pour les libertés et la tolérance, parfois même au péril de leur vie.
Ils sont aujourd’hui présents dans toutes les organisations de lutte contre le Sida, preuve que leur engagement personnel est à la hauteur de leur engagement spirituel et du serment qu’ils ont contracté en entrant dans la Franc-maçonnerie. C’est ainsi qu’ils pratiquent au plus haut niveau cette Vertu maçonnique que les rituels définissent, comme préférant à tout la Justice et la Vérité. C’est leur lumineuse Victoire sur les ténèbres de l’ignorance et de l’exclusion.
Ce lieu d’échange réclamé par ces Frères et ces Soeurs a donc été créé en dehors des Obédiences en 1999. Il s’agit de la fraternelle « Les Enfants de Cambacérès ».
Jean-Jacques Régis de Cambacérès était Archichancelier de l’Empire, Administrateur Général puis Grand Maître-Adjoint du Grand Orient de France, Souverain Grand Commandeur du Suprême Conseil du Rite Écossais Ancien et Accepté, Grand Maître des Chevaliers Bienfaisants de la Cité Sainte, mais également rédacteur du code Napoléon. En choisissant cette figure emblématique dont l’intervention dépénalisa l’homosexualité et fit qu’elle ne fut plus considérée comme un délit dans les versions successives du code civil, nous avons voulu rendre hommage à ce Frère admirable qui ne cacha jamais son homosexualité et dont la figure reste un modèle pour les francs-maçons du monde entier.
Notre fraternelle, la première au Monde de ce genre, est composée de Frères et de Soeurs de diverses Obédiences, qui ont décidé de ne pas rester en retrait de la société civile mais de se rencontrer mensuellement afin de parler librement entre eux de sujets jamais abordés dans leurs ateliers respectifs. Elle s’est dotée d’un bureau de dix membres et d’une charte très proche des exigences éthiques voulues par toutes les Obédiences en matière de fonctionnement de ce type de structure inter-obédientielle.
Les Enfants de Cambacérès sont nourris des valeurs de tolérance et de progrès, d’élévation d’esprit et de spiritualité, qu’ils ont reçues dans leurs Loges et qui honorent les formes modernes et traditionnelles de la Franc-maçonnerie. Nous sommes fiers d’en être les dépositaires et les héritiers.
Nous recevons, lors de nos dîners mensuels, des intellectuels, des hommes et des femmes politiques, des journalistes, des magistrats, des responsables d’ associations diverses, qui viennent échanger avec nous un grand nombre d’ idées, afin de faire reculer le fléau de l’homophobie.
Notre fraternelle a fonctionné d’une façon extrêmement confidentielle jusqu’au jour où un magazine ayant révélé notre existence, en termes élogieux toutefois, nous nous sommes retrouvés involontairement sous les feux de la rampe médiatique.
De par notre appartenance doublement minoritaire – choisie comme la maçonnerie, involontaire mais assumée comme l’ homosexualité – nous formons également un laboratoire d’ idées que nous savons combiner de façon originale. Nous réfléchissons à un ensemble de concepts nouveaux, auxquels nos Obédiences se trouveront confrontées tôt ou tard en raison de l’ évolution des moeurs dans le monde profane où se recrutent leurs membres.
Soyons concrets. Comment expliquer à ses Frères et Soeurs, que l’homophobie n’est qu’une des formes du racisme et qu’ elle n’ a pas sa place dans un Ordre qui prêche la tolérance ? Une Loge pourra-t-elle refuser l’ entrée en maçonnerie à un(e) profane pacsé(e) et mettre ainsi son Obédience hors la loi de la République, alors même qu’au jour de leur initiation elle déclare à ses membres se soumettre à ces mêmes lois ? Nous connaissons déjà des cas de refus dans des Loges pour cette raison. L’ homosexualité a en outre été, comme le prouvent de nombreux exemples, un frein, voire un empêchement à l’ accession au Vénéralat ou aux responsabilités dans les Obédiences, comme si le fait d’être différent allait jeter l’opprobre sur l’Atelier ou l’Ordre tout entier. Or, l’exemple de Jean-Jacques Régis de Cambacérès nous prouve assurément qu’être homosexuel ne gêne en rien d’assumer pleinement d’importantes responsabilités !
Cependant, de nombreux Frères et Soeurs se sentent souvent isolés à l’intérieur de leurs Loges alors qu’ils sont venus y chercher Fraternité et Tolérance. Ils sont déçus de constater que les principes mêmes de la Franc-maçonnerie ne sont parfois que des vains mots dont se gargarisent pourtant des ateliers incapables de les mettre en pratique pour cause d’homophobie, latente ou exprimée. La détresse de certains francs-maçons cesse d’ être un cas d’ école pour devenir une dure réalité.
Nous sommes persuadés, que vous avez d’ ores et déjà saisi l’ intérêt de notre association, si justement qualifiée de « fraternelle », et que vous comprenez sa raison d’être pour une communauté qui a payé et paye toujours au prix fort son existence, des camps de concentration à l’ hécatombe du Sida.
Ne doutons pas que c’est là aussi, de façon originale, la manière pour des Frères et des Soeurs de bonne volonté, d’ apporter leur pierre à l’ édifice de la maçonnerie, afin que sa qualité d’ Universelle ne soit pas usurpée, afin d’ être en plein accord avec cette belle affirmation au sujet de la Franc-maçonnerie, relevée sur un site Internet d’une obédience française : « Qu’ est-ce qui caractérise son universalisme ? C’ est l’ expression de notre ‘ »savoir être », qui rejetant les préjugés et l’ intolérance, s’ exprime par une reconnaissance et un accueil de « l’ autre » en faisant abstraction de ses spécificités spirituelles, culturelles et sociales, car en fait ce qui est important, c’ est que tout simplement il soit un Frère. »