Question de foi …
Fin février, l’épiscopat togolais a refusé de célébrer des obsèques catholiques au grand maître des francs-maçons de ce pays d’Afrique de l’Ouest.
Ce nouveau refus fait suite à plusieurs réitérations récentes par les épiscopats africains de l’interdiction d’appartenance à la franc-maçonnerie, sur fond d’inquiétude d’infiltrations des sociétés secrètes au sein de l’Église.
Source : « Les Églises d’Afrique confrontées à la question de la franc-maçonnerie » – Site de l’actualité religieuse La Croix Africa
Côte d’Ivoire, République du Congo, Togo, Cameroun… Les épiscopats africains ne manquent pas de traiter dans leurs lettres pastorales la question de la franc-maçonnerie et plus largement des courants dits « ésotériques ». La question de l’incompatibilité entre la franc-maçonnerie et le catholicisme est également régulièrement abordée dans des livres et conférences à travers le continent tandis que les familles de francs-maçons notoirement connus se heurtent au refus des diocèses de célébrer des obsèques religieuses à leur parent décédé.
Le refus d’obsèques catholiques
Le cas le plus récent et qui défraie actuellement la chronique se déroule au Togo. Dans une circulaire datée du 13 mars adressée, l’archevêque de Lomé, Mgr Nicodème Anani Barrigah-Bénissan, a annoncé l’impossibilité pour l’Église de célébrer les obsèques d’Ignace Anani Kokouvi Clomegah notamment connu comme étant le grand maître des francs-maçons du pays mais également fidèle paroissien de la paroisse Cristo-Risorto-de-Hedzranawoé.
Pour justifier cette décision, l’ordinaire de Lomé fait référence à une lettre pastorale de la Conférence épiscopale togolaise publiée le 25 mars 2011 « sur la franc-maçonnerie et les autres sectes, factions séditieuses, assemblées, réunions, agrégations, conventicules para-maçonniques ».
En Côte d’Ivoire, la même question s’est posée en février 2017 quand le cardinal Jean-Pierre Kutwa, archevêque d’Abidjan, a refusé des obsèques catholiques à Magloire Clotaire Koffi, publiquement connu comme étant le grand maître des francs-maçons du pays à l’époque. S’en était suivi, en mai de la même année, une déclaration de la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire (Cecci), appelant les catholiques à « résister à la franc-maçonnerie », puis en 2018, la publication d’une lettre pastorale sur l’incompatibilité entre la doctrine catholique et la franc-maçonnerie. « Les fidèles qui appartiennent aux associations maçonniques sont en état de péché grave ; ils ne peuvent accéder à la sainte communion ; ils ne peuvent, non plus, bénéficier des honneurs des funérailles chrétiennes », affirmaient alors les évêques ivoiriens.
En novembre 2017, leurs homologues du Congo-Brazzaville adoptaient une attitude tout aussi tranchée sur la question des groupes ésotériques et du syncrétisme religieux. « L’évêque, le prêtre ou le chrétien catholique qui appartient ou milite dans les associations ésotériques s’expose à l’interdiction de recevoir la sainte communion et les autres sacrements », prévenaient-ils se montrant catégoriques concernant la célébration d’obsèques religieuses catholiques pour les personnes appartenant à cercles ésotériques.
De leur point de vue – reprenant le code de droit canonique – de telles personnes devraient être privées de funérailles religieuses « à moins d’avoir montré quelques signes de repentance ou de pénitence avant la mort ». Une posture également adoptée au Bénin, en novembre 2017, au décès de José Dominique Loko, consul honoraire de la Côte d’Ivoire au Bénin et dignitaire d’une loge maçonnique. « La paroisse saint-Michel de Cotonou a décidé de ne pas célébrer d’obsèques religieuses pour José Dominique Loko à cause de son appartenance avérée à une loge maçonnique », annonçait laconiquement sous couvert d’anonymat, une source du diocèse de Cotonou, jointe par La Croix Africa.
Des francs-maçons qui financeraient des chantiers d’Église ?
Dans les discours de ces épiscopats africains, si la question de l’incompatibilité entre franc-maçonnerie (et autres courants dits ésotériques) et foi catholique est abordée en mettant en exergue les mêmes arguments (1), le point qui attire le plus l’attention concerne l’existence d’un groupe de pression franc-maçon qui aurait infiltré l’Église – ou qui chercherait à le faire – par le biais de ses moyens financiers. « Nous en appelons à la vigilance et au discernement des curés de paroisses, des responsables d’institutions et des communautés nouvelles face à certaines offres pour la réalisation de vos différents projets », mettait ainsi en garde l’épiscopat ivoirien dans sa lettre pastorale de 2018, une idée reprise par l’épiscopat camerounais dans sa lettre pastorale datant de 2019 sur la franc-maçonnerie et la Rose-Croix.
« En ce moment, dans certaines paroisses de nos diocèses, dans les conseils paroissiaux et même dans certains organismes diocésains, l’on trouve de plus en plus présentes et à des postes de responsabilité, des personnes appartenant à la franc-maçonnerie, à la Rose-Croix ou s’adonnant à la sorcellerie et à qui l’on administre sans scrupule les sacrements que Jésus-Christ a confiés à notre Sainte mère l’Église », déploraient avec assurance les évêques camerounais.
Pourquoi les chrétiens d’Afrique intègrent-ils la franc-maçonnerie et les cercles ésotériques ?
Un dirigeant d’un groupe de prière catholique, abordant cette question avec La Croix Africa, estime que la conception négative de l’« Évangile de la prospérité » est une cause du désintérêt de certaines personnes pour la doctrine catholique au profit d’autres courants religieux. « Le problème, dans l’Église catholique en Afrique, c’est que l’on a diabolisé l’argent et la richesse. Du coup, les catholiques n’ont pas une culture de la recherche des biens matériels. C’est dommage parce que nous sommes obligés, après, de solliciter des francs-maçons et autres rosicruciens pour financer nos chantiers d’Église », commente-t-il.
À ses yeux, le développement personnel promu par les communautés nouvelles issues du Renouveau charismatique et leur regard décomplexé sur les biens matériels est aussi moyen de retenir les chrétiens dans l’Église catholique.
Pour sa part, dans une interview accordée à la Croix Africa, réalisée en février 2019, le père Maurice Hounmènou, prêtre du diocèse de Cotonou au Bénin, auteur d’un livre sur l’ésotérisme et la foi chrétienne (1), évoquait trois raisons qui pourraient justifier l’attrait des chrétiens d’Afrique pour les cercles ésotériques. D’abord la perte de la symbolique rituelle chrétienne, avec des liturgies de plus en plus « bavardes et bruyantes » alors que le peuple est en quête d’intériorité. Ensuite, les réponses de l’Église aux préoccupations de ses membres manquent, selon lui de mordant. « Les jeunes, par exemple, n’ont pas toujours l’impression que leurs pasteurs les écoutent et les comprennent. Ils sont donc attirés par toutes formes de cercles ésotériques qui privilégient la fraternité, l’entraide, la libre-pensée, le dialogue franc et vrai » et enfin une théologie et des catéchèses trop cérébrales avec « une prédominance du discours “moralisateur” sur l’expérience rituelle, d’où la tendance de certains chrétiens à aller naturellement vers les théories du développement personnel qui semblent plus concrètes et plus actuelles ».
Évidemment que la doctrine catholique et la vision maçonnique du monde sont incompatibles. L’Eglise affirmant que la vérité repose sur les textes évangéliques tandis que la franc maçonnerie a pour fondamentale l’idée que chacun porte en lui une vérité différente…
Incompatibilité ne signifiant nullement opposition destructrice ! Mais idées diamétralement opposées…
Il faut raison garder et surtout, continuer à se respecter mutuellement : même si les chemins sont différents ( et encore…)
Que ce soit à la gloire de Dieu pour les chrétiens où au progrès de l’humanité pour les autres, les travaux étant finalement les mêmes…
Rendre cette vie plus douce le long de ce pèlerinage sur la terre..