Jacques Fontaine , l’un de nos illustrissimes blogueurs : « Les empêcheurs de maçonner en rond , vient partager un texte qui PIQUE véritablement :
Les deux Testaments, supports reniés par la Voie maçonnique
J’entends d’ici les hurlements : « Ce titre est provocateur, sans aucun fondement, contraire à la Tradition » Et j’entends aussi tous les maçons qui dévorent les livres érudits sur les origines de la Franc-maçonnerie crier : « À l’imposteur ! depuis longtemps les historiens ont minutieusement détaillé toutes les origines bibliques qui, prouvent, sans discussion, que la Maçonnerie est bien fille de la culture judéo-chrétienne inscrite dans ces livres sacrés ». J’ai bien entendu et je parie, mon Frère, ma Sœur que tu es probablement un de ces croyants. Même si notre Frère à la pensée si profonde Jean Mourgues a déclaré : « La Franc-maçonnerie n’a pas d’histoire puisqu’elle est universelle ».
J’ajouterai,
que dans sa lignée libérative, celle de demain,la Voie maçonnique s’est
échappée des emprises culturelles vieillottes des livres dits
« saints » Lesquelles ont eu et ont toujours des conséquences effrayantes
sur nos croyances . Certaines d’entre elles ne sont toujours pas mises en
examen, depuis la naissance de cette religion. Pas meilleures que dans d autres
religions, parfois pires cependant. Des croyances, des a priori, des préjugés
mais si arrangeants pour la nébuleuse
doctrinaire et autoritaire des masses. Et si déculpabilisants !
Il est temps que je m’explique
sur mon blasphème. Et pour cela je vais recourir à deux de mes concepts-clés 1)
la nature-culture et )2 l’amourhaine. (J. Lacan avait formulé le mot hainamour
bien avant que je ne le réinvente). Et, à chaque fois, bien sûr, je me
resserrerai sur notre Voie Maçonnique. Je dégagerai ainsi ses gènes libertaires
qui devraient – c’est mon avis- nous inspirer.
- La nature et la culture.Les hominidés, par prétention, entre mille autres, biblique, se croient le centre du monde et se nomment l’ « humanité » . De ce fait ils confondent depuis toujours ce qui chez eux, ressortit à la nature et ce qui dépend de la culture qui habille cette nature. Quelques philosophes depuis l’Antiquité avaient pressenti cette confusion. Elle devint une croyance centrale à l’époque classique et particulièrement au siècle des Lumières : Une bonne éducation, de la conscience, de la raison, de la bonne volonté…bref de la vertu et le tour est joué pensait-on alors. Les Francs-Maçons en particulier qui n’ont guère suivi l’évolution culturelle de l’humain s’accrochent toujours à cette conception qu’ils considèrent comme une évidence., la fameuse Tradition. En outre, ils repoussent (je me rappelle les réactions outrées quand, dans les conférences, j’évoquais Freud et ses successeurs !) la puissance considérable de l’inconscient. Résultat : des valeurs et des principes dépassés et des interrogations, enfin, sur l’évolution de l’Ordre.
Cette confusion entre ce qui ressortit à la nature et ce qui tient à la culture nous a fait croire et écrire des bêtises, à mon sens. C’est ainsi que le support de notre voie initiatique est d’abord la Bible, livre sacré de beaucoup d’entre nous. Des historiens se sont échinés à interpréter et à réinterpréter les moindres détails qui trouveraient leur origine dans ces pages qui, à d’autres titres, sont effectivement un beau témoignage dépassé d’une période de l’humanité..
Mais, en complément d’autres articles que j’écrirai sur les relations entre la chrétienté et la franc-maçonnerie, je vais centrer le propos sur un des problèmes majeurs, sinon LE problème des hominidés : l’agressivité logée dans le complexe « amourhaine », une de nos spécificités animales. Il n’est pas une voie, religieuse, initiatique, occulte…qui ne propose, mezzo voce, sa vision de la chose innommable souvent, nécessaire pourtant. Je vais me limiter à la comparaison entre les Évangiles et la Voie maçonnique. Comment chacune d’entre elles, traite-t-elle, dans sa culture, cet « amour-haine » naturel ?Et je montrerai que dans cette comparaisons, à mon avis, les deux chemins religieux et initiatique sont radicalement différents. Quoiqu’en pensent les historiens patentés, aveuglés par leur propre culture chrétienne, même s’ils se déclarent athées. La cruauté chrétienne est annoncée dès les premières pages de la Bible quand Abraham, le père, s’apprête à sacrifier son fils Isaac. Blanc-seing pour les Évangiles comme nous allons l’examiner maintenant, en comparaison avec la doxa maçonnqie.
- L’« amour-haine » selon les deux chemins
Commençons
par la Voie maçonnique. La haine se déploie dans le meurtre perpétré par les
trois « mauvais » compagnons . A priori ils vénèrent, s’ils n’aiment,
Hiram Abi, Hiram le père que l’hagiographie maçonnique ne cesse de nous
présenter comme un surhomme, modèle de vertu. Voilà pour l’amour. Mais ils sont
dévorés comme beaucoup de mâles humains par ce que Daniel Béresniak appelait
« la cratophilie », l’amour du pouvoir. Plus précisément le désir
d’avoir plus que le voisin, à savoir les autres compagnons. Les expériences, depuis 20 ans, montrent bien
que l’humain est, en partie, mu par le désir d’avoir plus que son voisin qu’il
estime comparable. La jalousie a désormais des preuves scientifiques mais je
n’entre pas dans les détails sauf à préciser que, bien entendu, beaucoup
prétendent qu’ils ne sont en aucune façon jaloux. Ce que démentent les actes
des trois compagnons qui ont pour vocation, puisque nous sommes dans un mythe,
d’être généralisables. En bref, ils tuent donc, non pas parce qu’ils détestent
Hiram Abi, mais pour lui arracher un mot qui leur permettra d’avoir plus que
les autres. Pas de ressort meurtrier au premier plan. C’est, je crois clair et
simple.
C’est une toute autre histoire
avec les Évangiles qui recèlent une des pires horreurs de l’histoire des
hominidés. Le mélange amourhaine est d’une hypocrisie monstrueuse. En effet,
après la description de la vie de Jésus, surtout dévolue au bien ; à
l’amour donc, à l’exception près des marchands du temple, arrive la fin de
l’Homme juste : Un florilège de tortures : le jugement, la
flagellation, la couronne d’épines, la montée au calvaire et, l’abominable à
hurler, la crucifixion de cet homme vivant. Raffinement des raffinements dans
la cruauté : le sadisme à faire souffrir lentement, en déchirant les
chairs.
Les plus
curieux est que, dans notre société chrétienne, personne, à ma connaissance, ne
semble s’être ému de cette abomination. Comme si cela, au fond, arrangeait et
déculpabilisait chacun de la haine qu’il porte. Et personne ne dénonce
l’entourloupe : si Jésus souffre atrocement dans ses chaires pantelantes
et ruisselantes c’es par amour pour nous. En bref, allons-y, au nom de l’amour
hypocrite, soyons cruels. On sait ce les conséquences d’une telle position où l’amour est un vêtement de soie
artificielle posée sur le désir noir de la cruauté. Tuer abominablement l’autre
pour préserver la « pureté » de ses blanches intentions. Blanc-seing
au racisme. Le XXème siècle fut un chef
d’œuvre des fresques abominables de la geste humaine. Il ne s’agit pas
simplement de se débarrasser de son voisin, de son esclave, d’un peuple, d’une
ethnie par convoitise mais du désir de faire souffrir.
Il est incroyable que cette
évidence de la jouissance sadique soit
acceptée par les plus bigots et, généralement, par le peuple des bien-pensants,
quasiment nous tous, et nos philosophes les plus incroyants, les premiers. Y
trouvent-ils également leur jouissance intérieure ? Je le crois
volontiers. Les Francs-maçons ne sont pas les derniers , en prêchant la tolérance
des religions mais en occultant soigneusement l’horreur de la chair déchirée,
au nom de l’amour, de Jésus.
Cette combinaisons amour-haine atteint, avec le christianisme, une ampleur moins hurlante dans maintes autres religions. C’est le cœur en paix, que nous condamnons ceux qui, aujourd’hui, ne font que reprendre, dans leur idéologie, la cruauté de la torture. Quelles que soient les arguties des bien-pensants du genre : ‘il faut lire la crucifixion différemment ; c’est une autre époque ; c’est par amour pour le père… » Bonjour la mise en acte du complexe d’Œdipe !
Quelle morale personnelle ? une des plus grandes forfaitures humaines est passée sous silence car elle assouvit nos désirs les plus noirs et naturels. Les victimes mêmes (je songe aux juifs) n’y font guère allusion. La Voie maçonnique propose une autre lecture de l’amourhaine : Nous sommes tous capables de tuer pour avoir plu et nous l’admettons souvent en tenue. C’est paradoxalement un progrès sur l’ignorance, l’hypocrisie et le fanatisme. Mais, si je me rappelle bien le 9ème degré du REAA ne préconise-t-il pas de chatouiller un peu les trois mauvais compagnons en leur coupant la tête et en l’exposant aux coins de la ville ?
La nature c’est l’amour-haine. La culture, c’est la cruauté ;Sauvons la Franc-maçonnerie ! Revenons aux fondamentaux naturels et abandonnons notre morne complaisance à la très pieuse crucifixion..
- Jacques Fontaine
Jacques Fontaine est né au Grand Orient de France en 1969.Il se consacre à diffuser, par ses conférences, par un séminaire, l’Atelier des Trois Maillets et par une trentaine d’ouvrages, une Franc-maçonnerie de style français qui devient de plus en plus, chaque jour, « une spiritualité pour agir ». Il s’appuie sur les récentes découvertes en psychologie pour caractériser la voie maçonnique et pour proposer les moyens concrets de sa mise en œuvre.
Ouvrages de Jacques Fontaine :Page Jacques Fontaine