La situation sociale est en pleine turbulence en 2018 et la vie démocratique semble bien fragilisée. La storytelling du jeune Président indique qu’il parle seul au peuple et, seul, il le comprend. Il en est le porte-parole et celui qui sait traduire sa volonté en termes politiques. Il se passe aisément des structures intermédiaires. Alors le Président Macron entend opérer des changements sociaux aux forceps. Cette voie autoritaire conduit Emmanuel Macron à tenter de « scalper » l’esprit, les valeurs et les méthodes de notre fondement social. Une « démocrature « est en marche qui fissure souterrainement le tissu social et les rapports des français au Pouvoir. Il importe de comprendre les mécanismes qui font la situation présente et de percevoir les dangers d’une telle évolution : est-ce le bien du peuple français qui est en jeu ou la maximalisation du profit pour un capitalisme financier totalitaire ?
LES CINQ SCALPS : OBJECTIFS IMPLICITES DU POUVOIR POLITIQUE
Selon des observateurs, dès le début de l’année, une petite rumeur courait dans les coulisses de la Présidence : Emmanuel Macron voulait le « scalp » de Martinez le leader de la CGT et si possible, dans la foulée, celui des cheminots !! À partir de ces « scalps » consécutifs obtenus d’une défaite claire des opposants, il serait bien plus facile d’aborder prochainement des changements très sensibles telle que la disparition des régimes particuliers de retraite dans le cadre d’une harmonisation générale des systèmes.
On perçoit actuellement cinq scalps en jeu qui se déclinent ainsi :
S comme Syndicalisme
C comme Concertation
A comme Agora
L comme Laïcité
P comme Partis politiques
Quel élément de culture politique engendre cela ?
Pour le sociologue Michel Wieviorka qui évoque* : “Les dérives autoritaires du gouvernement d’Emmanuel Macron » sur Youtube
Il faut un pouvoir fort et presque autoritaire car c’est ce que réclame une partie de la population et par voie de conséquences le pouvoir écarte toute structure de médiation qui existe ou qu’il pourrait créer. « Jupiter » se comportant ainsi, il tord le bras aux syndicats et aux partis politiques, quitte à les humilier au passage, en pratiquant notamment de la fausse concertation et des débats stériles au Parlement. La culture « racines chrétiennes » de Emmanuel Macron lui fait écarter Athènes l’Agora et la démocratie. L’ADN des français a également pour source, Rome, la philosophie des Lumières et la Révolution et ce n’est pas la Bible qui guide le peuple de France.
*Michel Wieviorka, docteur d’Etat ès Lettres et Sciences Humaines, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, est le Président du directoire de la Fondation de la Maison des Sciences de l’Homme (FMSH). Il a été directeur du Centre d’analyse et d’intervention sociologiques (CADIS, EHESS-CNRS) entre 1993 et 2009.
POPULISME D’EN HAUT ET NATIONAL-POPULISME D‘EN BAS
Ainsi d’après ses communicants le jeune candidat Macron en 2017 s’est imposé par la volonté du peuple qui voulait un dirigeant sans faiblesse. Il « comprend « le peuple et s’est affirmé en être le porte-parole sachant traduire sa volonté en termes politiques. Le Président « vertical » se passe donc des structures intermédiaires classiques : partis, syndicats, suscitations. Or ce lien direct avec le peuple est une caractéristique première du populisme. Les électeurs de Macron sont les profiteurs du libéralisme, les gagnants de la mondialisation. Diplômés, techniciens, cadres supérieurs, entrepreneurs. Ils sont sensibles aux notions de libéralisme, de profit, de compétition et ils sont la base d’un populisme d’en haut. À ce type de populisme se présente en concurrence un national-populisme venu de la France des périphéries, des perdants de la mondialisation sous qualifiés, de la bourgeoisie catholique provinciale, des électeurs lepénistes et de la droite traditionnelle, partisans de l’ordre, opposés à la mondialisation, à l’Europe. Ils ont ce désir populiste du chef sans faiblesse vis à vis de tout ce qui fait la « chienlit » de la France : immigrés, terroristes, grévistes, profiteurs des allocations sociales etc. Il y a donc un problème pour le Président qui, perdant des électeurs potentiels de gauche opposés à sa politique sociale, doit gagner sur les électeurs du « national-populisme » tout en conservant la base initiale de ses électeurs. Le Président n’est pas certain, à terme, de gagner sur tous les tableaux du fait de ce clivage entre ces deux populismes aux valeurs et profils opposés d‘électeurs.
LES TECHNOCRATES AU SERVICE DES FINANCIERS ET DE LEURS PROFITS
« Telle est la moralité du monde moderne : la seule chose que demande St Pierre à ceux qui se présentent au Paradis c’est de savoir ce qu’ils ont fait pour accroître le P.N.B ». Cette affirmation est extraite de l’ouvrage de John Kenneth Galbraith « Le nouvel Etat industriel. Essai sur le système économique américain ». Cet ouvrage de 1967 offre une grille de lecture de la société industrielle américaine essentiellement des grandes entreprises pour la période des Trente Glorieuses, mais il perd de sa pertinence à partir des années 1980. Galbraith a théorisé sur le management de ces entreprises par « tous ceux qui apportent des
connaissances spécialisées, du talent ou de l’expérience au groupe de prise de décisions » et qui constituent « la technostructure ». De fait à cette époque ces technocrates détiennent le pouvoir. Ils privilégient la croissance qui permet notamment de verser des dividendes « suffisants » aux actionnaires et les tenir éloignés des décisions à prendre. L’augmentation de la taille de l’entreprise permet de faire croître la technostructure et permet aux managers d’obtenir des promotions (en termes de rémunération et de carrières) qui permettent une mobilité ascendante. Mais à partir des années 80 des évolutions fondamentales vont modifier la vie économique et financière mondiale avec l’essor des multinationales et de la puissance industrielle et financière de la Chine ainsi que le développement des délocalisations et le développement des technologies. Mais également le pouvoir des actionnaires va l’emporter sur la technostructure exigeant notamment la maximalisation des profits à court terme avec augmentation de la valeur des actions et des dividendes. Les technocrates deviennent les serviteurs au service de groupes financiers puissants. Enfin les technocrates passent aisément de la technostructure des entreprises à la technostrucure des pouvoirs étatiques portant avec eux leur culture libérale et leurs méthodes pour influencer les décisions gouvernementales dans le sens de la croissance des profits des entreprises, de la dérégulation comme celui des réductions des charges. Le gouvernement français actuel est composé ainsi de beaucoup de ces « technos » choisis pour leurs compétences, leur charisme d’abribus et leur manque d’ambitions politiques afin de ne pas faire d’ombre au Prince.
D‘autres personnalités plus brillantes illustrent également cela :
Mario Draghi était présent chez Goldman Sachs comme vice-président pour l’Europe, chargé des Etats souverains et des grandes entreprises italiennes de 2002 à 2005 au moment où sa banque d‘affaires avait conseillé la Grèce dans l’utilisation de produits dérivés pour masquer ses déficits budgétaires et pour obtenir ainsi des aides de l’UE. La banque américaine a accepté de payer 5,1 milliards de dollars d’amende pour clore l’affaire des subprimes qui avait contribué à la crise financière de 2008. Mario Draghi dirige la BCE qui depuis des années, déverse des dizaines de milliards d‘euros par mois dans les circuits financiers au profit des banques et des bourses mondiales.
Draghi n’a jamais dénoncé les pratiques de son ancien employeur.
Christine Lagarde, est avocate et femme d’affaires, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) depuis 2011 après avoir été ministre des Finances sous la Présidence Sarkozy. Avant cela elle a fait carrière au sein du cabinet d’avocats d’affaires international américain Baker & McKenzie.
Parmi les Présidents français chacun favorise son milliardaire.
C’est Bernard Arnault parti à Washington dans l’avion présidentiel de Macron et qui déjeunera à côté de Melania Trump alors que Nicolas Hulot était resté à son ministère pour manger son chapeau. B Arnault habille gratuitement par prêt, selon Closer, Brigitte Macron en vêtement LVMH.Il a vu sa fortune augmenter de 30 milliards de dollars en 2017. Est-ce grâce aux conseils que de Bernadette Chirac qui siège à son Conseil d’Aministration ?
C’est Vincent Bolloré qui, lorsqu’il ne promenait pas Sarkosy sur son yacht, partait en voyage en Afrique avec lui comme Président et faisait des affaires dans un style « France-à-fric » dans la mouvance Kouchner, Guéant, Hortefeux, Robert Bourgi-l’homme-qui-offrait-des-costumes-à-Fillon.
Mercredi 25 avril 2018, Vincent Bolloré a été mis en examen pour corruption d’agent public étranger, complicité d’abus de confiance et de faux et usage de faux. Bolloré est soupçonné de corruption dans l’attribution de concessions portuaires en Guinée et au Togo.
Serge Dassault est lui l’ami de tous les Présidents français de ce siècle.
On voit comment la technostructure depuis plus de 50 ans et certains hommes politiques agissent pour favoriser une mondialisation de la finance totalitaire qui se moque des États et des frontières et de toutes règles contraignantes qu’elles soient d’ordre fiscal ou social. Et lorsque les règles sont encore trop fortes ils demandent à leurs serviteurs politiques et technocrates gouvernementaux, ou à ceux de Bruxelles de les éliminer.
John Kenneth Galbraith pourrait à ce jour actualiser sa formule ainsi :
« Telle est la moralité du monde moderne : la seule chose que demande St Pierre à ceux qui se présentent au Paradis c’est de savoir ce qu’ils ont fait pour maximiser le profit de la caste des gens fortunés « .
LE « SCALP » DE LA LAÏCITÉ
Les associations, obédiences maçonniques, partis politiques et autres groupes qui défendent les valeurs de la Laïcité perturbent les ententes que veut avoir le Président avec les communautés religieuses. Ces structures sont écartées dans le débat sur les lois de bioéthiques. Des réunions des États Généraux sont organisés par département où viennent s’exprimer en masse les cathos tradis contre « la PMA pour toutes » et la révision de la loi de fin de vie. Parce que cela correspond à sa culture chrétienne et qu’il ne veut pas voir par ailleurs, de manifestants de la « Manif pour Tous » défiler en masse, le Président va trouver le moyen de donner satisfaction aux évêques de France. Pouvant se targuer qu’il a pratiqué la consultation avant décision il indiquera celle qu’il a prise en fait depuis longtemps et qui pourrait être un troc avec l’Église de France : « je vous donne satisfaction en refusant la révision de la Loi Léonetti, vous acceptez la Loi sur « la PMA pour toutes » et vous retenez vos chiens de garde conduits par de La Rochère ». La concertation à travers les États Généraux est assurément de la poudre aux yeux.
EN MARCHE VERS LA DÉMOCRATURE… MAIS QUELLE DÉMOCRATURE ?
À l’opposé de sa pratique jupitérienne, en 2011 le futur président publiait dans la revue d’idées « Esprit » un texte consacré à la pratique du pouvoir intitulé « Les labyrinthes du politique. Que peut-on attendre pour 2012 et après ? ». Voici notamment ce qu’il disait « Loin du pouvoir charismatique et de la crispation césariste de la rencontre entre un homme et son peuple, ce sont les éléments de reconstruction de la responsabilité et de l’action politique qui pourraient être utilement rebâtis« . Devant les parlementaires du Congrès américain le 25 avril 2018 il a déclaré : « je ne partage pas la fascination pour l’homme fort ». Nous non plus ! Nous ne croyons ni à César, ni à Jupiter mais à la démocratie.
Or on peut donc partager le diagnostic de Michel Wieviorka « d’une dérive autoritaire du gouvernement d’Emmanuel Macron ». Ainsi ce gouvernement est en marche pour imposer une « Démocrature » à l’État français. Mais quel contenu donner à ce néologisme ? il y a l’acceptation admise qui résulte de l’association des mots« démocratie » et « dictature » et qui signifie « dictature camouflée sous l’apparence de la démocratie ». Il y a cette formule que je propose qui découle de ce qui a été développé ci-dessus et qui est l’association de « démocratie » et « technostructure ». Libre à vous de choisir le contenu qui vous plaira en essayant de prévoir ce qui est « en marche ». Au delà de la symbolique des mots, cette société française est, 50 ans après Mai 68, aux antipodes de celle que prônaient les étudiants en révolte et les salariés en grèves : une société libre, humaine aux vertus sociales et non soumise au marché. On a envie de rappeler ces paroles d’un Homme debout : « Prenez le relais, indignez-vous ! Les responsables politiques, économiques, intellectuels et l’ensemble de la société ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionner par l’actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie.” – Stéphane Hessel
« COMMENT PEUT-ON PENSER LIBREMENT À L’OMBRE D‘UNE CHAPELLE ? » – Slogan de Mai 68
Les obédiences maçonniques affichent un objectif d’amélioration de la société sur un plan moral et matériel. Le GM Charuel affirmait par exemple que les membres de la GLDF « vont avoir une action beaucoup plus concrète vers l’extérieur. Aujourd’hui, nous travaillons sur le transhumanisme, sur la fin de vie, sur le handicap, entre autres sujets. ».
Ceci relève plus de la communication que de la réalité. En fait les évolutions de la démocratie française et de la laïcité laissent de marbre la grande majorité des maçons dit « spiritualistes ». Par leur silence collectif face aux atteintes envers la démocratie et la laïcité, ils sont en marche pour être des dévots de la macronnie. En fait bon nombre d’institutions maçonniques considèrent que leur réelle finalité ne concerne que la relation mystique de leurs membres avec la transcendance. Elles laissent ainsi à la disposition des altruistes et/ou aux non croyants, la formule d‘Albert Camus dans « L’Homme révolté «
« L’avenir est la seule transcendance des hommes sans Dieu. ».
Comment se fait-il que le fait d’être contre le principe d’une union européenne soit ipso-facto assimilé à l’extrême-droite? Il s’agit pourtant de l’exact contraire!
La République française, tout comme la franc-maçonnerie française, a vocation à l’international par la promotion de ses idéaux de fraternité à travers la planète entière. Au nom de quoi devrions-nous limiter ces échanges au seul espace continental européen?
Une piste: cette marche forcée dans la construction européenne associée aux USA est la concrétisation de la théorie du choc des civilisations bien décrite dans l’ouvrage de Samuel Huntington. Il s’agit en fait de favoriser une union entre blancs et chrétiens dressée comme un rempart civilisationnel face aux barbares du reste du monde et plus particulièrement le monde arabo-musulman, asiatique et orthodoxe slave cantonnés dans un rôle de productions industrielles pour le compte des riches blancs dans le cadre economique de la « mondialisation ». Cet « empire euro-atlantiste » est en réalité un apartheid planétaire qui ne dit pas son nom!
Se faisant, la « construction européenne » force la France à tourner le dos à ses peuples amis à travers le monde, à la francophonie, à ses valeurs de défense de la Liberté des peuples à disposer d’eux-mêmes, pour nous forcer au mariage avec des pays bien éloignés de nous sur beaucoup de thèmes mais se trouvant sur le continent européen.
Et puisqu’il faut parler d’extrême-droite, chaque année en séance plénière de l’ONU la Russie dépose un projet de résolution condamnant l’apologie du nazisme. Chaque année cette résolution est adoptée par une écrasante majorité des états mais pas à l’unanimité, raison pour laquelle la Russie y revient tous les ans. Pourquoi cette résolution? Parce que la Lettonie, membre de l’UE, célèbre en grandes pompes chaque année ses vétérans de la seconde guerre mondiale qui ont courageusement et vaillamment défendus la mère patrie contre l’armée rouge dans les rangs de la waffen-ss! Les USA votent systématiquement contre au nom de leur constitution qui assure la totale liberté d’opinion et d’expression, quand bien même il s’agit de penser et d’exprimer le pire. Un petit nouveau a voté contre en 2017: l’Ukraine, dont les chefs de milices banderistes disposent de postes au gouvernement ukrainien. Gouvernement ukrainien qui encaisse les 350 millions d’euros, via l’UE et son FEDEX, que les contribuables français lui ont versé en 2017. Toute l’UE, dont la France, s’abstient de voter cette résolution au nom de la « solidarité européenne ». Entendez-bien: la France, pays de la collaboration vichyste et de la honte mais aussi pays d’Oradour, de Félix Eboué et Jean Moulin, refuse de voter une résolution de l’ONU condamnant l’apologie du nazisme et verse de l’argent à un état dont les accointances avec le néonazisme sont plus que troublantes.
Comment pouvons-nous passer sous silence de telles forfaitures?
#frexit #patriamrecuperare
Très bonne analyse, bien triste ………
Dans ce nouveau monde qui se prépare mais qui en fait n’est pas si nouveau que cela puisqu’il nous ramène petit à petit aux conditions du XIXème siècle, Victor Hugo revient ils sont devenus fous.
Il est intéressant de constater ce qui se passe à l’Etranger, actuellement en Espagne il ne se passe pas une semaine sans une manifestation de retraités et autres pensionnés. La tactique a été subtile. D’abord au nom de la justice et de l’équité la suppression de quelques régimes spéciaux au nom de l’égalité des régimes, louable intention, puis dans un second temps lorsque tout le monde a été au régime général baisse des retraites pour tous. C’était plus facile avec un régime unique.
A méditer.