Les athées, une espèce en voie de disparition ? est le titre d’un article paru sur le « Les Inrocks » le 30 avril 2016 et qui a été publié dans le magazine Usbek et Rica N°9 (mars, avril, mai 2016)
C’est un superbe article qui dresse l’état des lieux du fait religieux en France et en Europe et qui met en exergue qu’être libre-penseur n’est pas chose facile de nos jours !
Extrait : Les libres-penseurs sont de plus en plus menacés par le retour du religieux. Quand on sait que les croyants font plus d’enfants, il est légitime de s’interroger sur la survie, à terme, des athées. Vont-ils péricliter sans résistance ou bien s’organiser en communauté transnationale pour faire entendre leur voix ? Portrait par Usbek et Rica.
Début mars 2016, le citoyen russe Viktor Krasnov était poursuivi par un tribunal du sud du pays pour avoir nié l’existence de Dieu sur un réseau social local. Après un mois d’observation psychiatrique forcée, il encourt un an de prison, sa profession d’irréligion étant considérée par les juges russes comme relevant du blasphème.
Front anti-blasphème
Quelques semaines plus tôt, les médias saoudiens se faisaient l’écho de la condamnation d’un jeune homme de 27 ans à dix années de détention et deux mille coups de fouet pour avoir fait part de ses convictions athées sur Twitter. Une décision prise par le Comité pour la promotion de la vertu et la répression du vice, la police religieuse du royaume, par ailleurs grand allié des puissances occidentales. Dans le même temps, à Malte, pays membre de l’Union européenne, un fort mouvement d’opinion s’opposait à la suppression des lois sur le blasphème au nom de la lutte contre “l’athéisme politique”. Au Bangladesh, l’année 2015 a aussi été marquée par les lynchages en série de blogueurs athées.
Autant d’actualités qui confirment que l’époque est hostile aux libres-penseurs, où qu’ils se trouvent. Au-delà du blasphème, mobile du massacre de Charlie Hebdo en janvier 2015, c’est bien la croyance en l’inexistence de Dieu qui est visée. Si la persécution de l’athéisme gagne logiquement du terrain dans des régions travaillées par un profond retour du religieux ou par de puissants mouvements fondamentalistes, les nations de tradition séculière tendent quant à elles à répondre aux malaises identitaires qu’elles traversent par une analyse d’ordre communautaire, définie par l’appartenance religieuse des uns et des autres. En Europe occidentale et en Amérique du Nord, l’idéal d’une société harmonieuse semble se limiter à l’image d’une tolérance entre différents groupes religieux, et non plus à la construction d’une appartenance commune et neutre. Au pire, les athées font figure de cibles toutes désignées. Au mieux, ils ne sont pas pris en compte dans une vision de la société qui pourrait se résumer à une mosaïque religieuse, où les institutions étatiques feraient figure d’arbitre. Face à cet horizon, l’avenir des athées se résume à une alternative radicale : disparaître ou s’institutionnaliser, devenir une antiquité du temps lointain des idéologies séculières ou alors se structurer en communauté spirituelle pour traiter d’égal à égal avec les religieux de tous bords.
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