Qui suis-je ?
Où vais-je ?
D’où viens-je ?
Questions sans réponse prouvant le néant dans lequel plongent nos âmes. Et pourtant, nous avons un triple but :
– ouvrir les yeux sur l’ignorance et l’erreur universelles ;
– rendre les hommes meilleurs en les éclairant ;
– leur permettre de trouver le chemin du bonheur.
La voie du bonheur étant dans l’accomplissement du devoir, vérité méconnue de la plupart.
Mais quelles sont donc les causes de cette méconnaissance qui éloigne les hommes du but auquel, pourtant, tous aspirent si ardemment ?
Elles sont nombreuses ces causes mais la principale est incontestablement l’ignorance dans laquelle ils sont de leur propre nature. Que sont-ils donc en effet ? D’éminents philosophes et moralistes ont répondu à cette question.
Montaigne, dans ses « Essais » a essayé de se peindre lui-même, convaincu que tous les caractères de l’espèce se trouveraient dans son propre portrait. Qu’a-t-il observé ? Que personnellement il était rempli de contradictions et il en a conclu que l’inconstance est le signe même de l’humanité. Il a constaté, d’autre part, que nous sommes le jouet de nos sens comme de notre raison, lesquels nous trompent sans cesse et il a dressé un répertoire des erreurs humaines qui ne laisse plus aucun point solide où s’appuyer. Devant l’incertitude générale il a donc été amené à se demander : « que sais-je ? » Et sa philosophie se résume, en dernière analyse, en cette sentence que l’on peut encore déchiffrer sur les poutres du plafond de sa tour : « Notre esprit erre dans les ténèbres et, aveugle, ne peut connaître le vrai. Tout principe a son contraire, etc. »
Pascal nous invite à réfléchir sur l’énigme de notre nature, étrange composé de misère et de grandeur et se demande avec angoisse « Quelle chimère est-ce donc que l’homme ? ». Or, il constate que la sagesse humaine n’a pu l’expliquer.
D’autres groupes de philosophes, comme Epictète et les Stoïciens, ont connu sa grandeur mais se sont perdus dans la présomption et une « superbe diabolique ». Ceux, dont Montaigne, ont bien vu sa faiblesse mais l’ont ravalé trop bas.
En désespoir de cause, Pascal se réfugie dans la religion chrétienne qui, elle, donne l’explication qu’il n’a pu trouver dans la philosophie. Malheureusement, ne reposant sur aucune preuve, cette explication n’a d’autre fondement que la foi.
La Bruyère, un autre Penseur, après avoir lu Pascal, La Rochefoucauld et Malebranche et avoir écouté les Sermonnaires, se borne, non sans résignation, à relever après eux les travers de l’humanité : « Ne nous emportons point contre les hommes en voyant leur dureté, leur ingratitude, leur injustice, leur fierté, l’amour d’eux-mêmes et l’oubli des autres, ils sont ainsi faits, c’est leur nature, c’est ne pouvoir supporter que la pierre tombe et que le feu s’élève. »
Malgré son pessimisme apparent, La Bruyère ne semble pas écarter tout espoir de les rendre meilleurs, car il croit à la bonté, à la charité, à l’héroïsme spontané.
Par ailleurs, voici comment, Voltaire, dans ses romans philosophiques, apprécie les hommes et plus particulièrement les philosophes et les savants :
Micromégas, un personnage de ses romans, conversant avec les philosophes, leur demande : « Vous devez passer votre vie à aimer et à penser, c’est la véritable vie des esprits. Je n’ai nulle part vu le vrai bonheur, MAIS IL EST ICI SANS DOUTE ? »
Tous les philosophes secouèrent la tête et l’un d’eux, plus franc que les autres, avoua de bonne foi que, si l’on excepte un petit nombre d’habitants fort peu considérés, tout le reste est un assemblage de fous, de méchants et de malheureux.
Micromégas demande encore : « Puisque vous savez si bien ce qui est en dehors de vous, sans doute vous savez encore mieux ce qui est en dedans. Dites-moi ce que c’est que votre âme et comment vous formez vos idées. »
Les philosophes parlèrent tous à la fois mais furent tous de différents avis. Finalement, ils durent confesser leur ignorance et avouer qu’ils ne savaient pas davantage ce que c’est que la matière.
En les quittant, Micromégas leur remit un livre où, leur dit-il, ils verraient « le bout des choses ». Mais ce livre était tout blanc, en symbole du néant de la philosophie.
Voltaire, par la bouche d’un vieux Bramin, développe les mêmes appréciations sur l’ignorance des savants : « J’étudie, déclare-t-il depuis quarante ans, ce sont quarante années de perdues ; j’enseigne les autres et j’ignore tout ; cet état porte dans mon âme tant d’humiliation et de dégoût que la vie m’est insupportable. Je suis né, je vis dans le temps et je ne sais pas ce que c’est que le temps ; je me trouve dans un point entre deux éternités et je n’ai nulle idée de l’éternité. Je suis composé de matière, je n’ai pu m’instruire de ce qui produit la pensée ; j’ignore si mon entendement est en moi une simple faculté, comme celle de marcher, de digérer et si je pense avec ma tête comme je prends avec mes mains. Non seulement le principe de ma pensée m’est inconnu, mais le principe de mes mouvements m’est également caché. Je ne sais pourquoi j’existe. Cependant on me fait chaque jour des questions sur tous ces points, il faut répondre et je n’ai rien de bon à dire ; je parle beaucoup et je demeure confus et honteux de moi-même après avoir parlé. C’est bien pis encore quand on me demande si Brahma a été produit par Vichnou ou s’ils sont tous deux éternels. Dieu m’est témoin que je n’en sais pas un mot et il y paraît bien dans mes réponses. « Ah mon révérend père me dit-on, apprenez-nous comment le mal inonde la terre. » Je suis aussi en peine que ceux qui me font cette question : je leur dis quelquefois que tout est le mieux du monde, mais ceux qui ont été ruinés et mutilés à la guerre n’en croient rien, ni moi non plus ; je me retire chez moi accablé de ma curiosité et de mon ignorance. Je lis nos anciens livres et ils redoublent mes ténèbres. Je parle à mes compagnons : les uns me répondent qu’il faut jouir de la vie et se moquer des hommes, les autres croient savoir quelque chose et se perdent dans des idées extravagantes et tout augmente le sentiment douloureux que j’éprouve. Je suis prêt quelquefois de sombrer dans le désespoir quand je songe qu’après toutes mes recherches, je ne sais d’où je viens ni ce que je suis, ni où j’irai, ni ce que je deviendrai. »
De ce qui précède, il ressort avec évidence que nos connaissances vis à vis de nous-mêmes, comme du temps de Montaigne (an 1500 à 1600), se bornent uniquement à la structure physique de notre corps et aux modalités de notre caractère, c’est-à-dire ce qui est apparent de notre individu. Par contre, nous ne savons rien des forces mystérieuses qui président à nos activités physiques et mentales. À cette constatation, il faut ajouter que tant que les hommes persévéreront dans la voie où ils se sont engagés, leurs recherches demeureront absolument vaines, car ils s’opiniâtrent à les faire porter par la matière. Or, ce qu’il importe de découvrir c’est non la constitution de la matière – expression vague, imprécise et indéfinie – mais le principe qui l’anime et qui, contrairement à ce qu’ils pensent, en est distinct.
En nous révélant le mystère de la constitution et des propriétés de la matière, la chimie et la physique nous ont donné la maîtrise de presque tout ce qui se trouve à la surface de la terre, À L’EXCEPTION DE NOUS-MÊMES. »
La vérité est que la Science, en son état actuel, n’est pas mieux renseignée à l’égard de la matière et des phénomènes de la nature qu’en ce qui concerne l’homme. Jamais elle n’est parvenue à reproduire un seul des corps organiques de la nature et l’énigme des êtres vivants en général lui échappe aussi totalement que celle de l’homme.
De plus, les connaissances et découvertes accumulées depuis l’origine des temps ont été « volontairement » détruites par l’homme même et cette autodestruction suicidaire, il faut déjà en payer le prix.
Une troisième partie « La destruction des Connaissances » est prévue, mais celle-ci, issue de très troublantes découvertes récentes, notamment en archéologie, presque cachées au grand public, ne se justifiera que dans le cas où les réactions seront suffisamment conséquentes, en d’autres termes, si votre intérêt ainsi suscité appelle cette autre réponse.
Bien à Vous Tous et que l’Amour du Tout-puissant baigne vos vies, à la condition expresse que vous ne soyez plus « obsédés » par l’argent, appât du Malin s’il en est et qui vous éloignera ostensiblement, irrémédiablement et à tout jamais.
Membre de l’association Esprit d’Alliance