Même en vacances profanes et maçonniques, la Lettre du Dimanche continue de paraître, afin de garder un contact avec cette Fraternité qui nous est chère en nos cœurs. (https://www.ritefutura.fr/)
‘’ Un seul être nous manque et tout est dépeuplé ‘’ écrivait Alphonse de Lamartine.
La sensation de solitude nous tombe dessus comme un couperet. La clé est de tenir le coup en acceptant nos propres limites. Un ami qui prend des nouvelles, un sourire dans la
journée, la nature qui nous entoure…il existe toujours quelque chose de beau autour de nous pour nous aider à faire face à cette situation difficile que la distance rend plus dure à gérer.
La distance est une ennemie dans n’importe quelle relation. Elle crée des ponts de plus en plus difficiles à traverser, et surtout elle ôte l’envie de les traverser.
Il ne s’agit pas de se voir tous les jours, d’avoir besoin du contact de l’autre pour se sentir uni. Car parfois la distance ne se mesure pas en kilomètres. Parfois ce n’est pas une question d’éloignement corporel.
On peut être proche, se toucher et se sentir loin l’un de l’autre.
Mais est-ce la personne qui nous manque réellement ? Sentir que des souvenirs nous manquent signifie que nous avons la nostalgie des moments parcourus ensemble. Les relations qui impliquent des kilomètres de distance (relations amoureuses ou familiales) rendent les échanges plus difficiles.
Le fait d’être loin et d’avoir uniquement la possibilité de converser sans contact physique est un défi. Il faut faire des efforts de communication malgré la technologie qui a fait faire des avancés dans le domaine relationnel. (Pas toujours facile de se comprendre par message.)
J’ai toujours été très proche de ma famille. On n’a pas toujours eu les mêmes envies, ni les mêmes passions mais pour moi être là pour eux tout simplement c’est important. Partager des moments avec des personnes et partager le quotidien est différent.
L’éloignement ça veut dire qu’il va falloir lutter contre l’envie d’étreindre l’autre, de vouloir rester avec lui, contre la sensation de manque. L’éloignement c’est être là autrement. On ne peut pas faire des câlins, passer cinq minutes à papoter et repartir, pas possible de se prendre dans les bras, de réconforter ou se faire réconforter, le soutien se fait moralement (quand il se fait).
Habiter dans un autre pays ou à des kilomètres en France (pire) c’est finalement la même chose. A partir du moment où tu es à une certaine distance ça te fait manquer des moments.
Bien sûr il y a WhatsApp, les sms, les mails, qui te permettent d’échanger plus facilement, d’autant plus qu’ils nous permettent d’exprimer ce qu’on ne saurait pas dire de vive voix.
Et que dire des retrouvailles ? On se retrouve comme si on s’était quitté la veille, même à plusieurs mois voire plusieurs années de distance. Heureux de se sentir si proche. Tout passe tellement vite.
Les 15 premières minutes sont un vrai bonheur, puis on passe le reste du temps à redouter le moment ou on va se dire de nouveau aurevoir.
Et quand ce moment arrive enfin, on a beau faire bonne figure c’est toujours dur. La vie est si imprévisible que l’on voudrait profiter de ceux que l’on aime tous les jours.
Chaque séparation nous redit que nous sommes mortels. Ici-bas nous sommes sûrs de quitter un jour ceux qu’on aime, à l’heure du dernier adieu.
La liturgie du dernier adieu :
‘’Devant le corps, l’assemblée est invitée à faire silence. Elle sait venue l’heure, plus grave encore, de la séparation définitive et la mise à distance de ce corps qui est encore tout proche. Le silence se fait d’abord prière mais aussi pensée qui se souvient des jours et des évènements partagés avec le défunt. ‘’
Oui, c’est une question sérieuse. Pourquoi dans notre culture à évolution rapide, l’éloignement a-t-il un effet si fort sur le bonheur humain ? Il est essentiel de saisir que l’être humain est un être d’attachement.
Toutes les pertes sont douloureuses et peuvent être assimilé à un deuil (un divorce, la fin d’une relation, et bien sur l’éloignement de ceux qu’on aime).
La séparation ponctuelle, celle qui sera suivie par des retrouvailles assurées, occasionne, elle aussi une souffrance car nous ne sommes jamais sûrs de nous revoir.
Aucune séparation n’est heureuse sauf celle qui est vraiment désirée mais qui peut être vécue comme un abandon pour ceux qui restent.
Il y a environ 281millions de migrants dans le monde. Il y a ceux qui migrent parce qu’ils le veulent et ceux qui y sont contraints. Le syndrome d’Ulysse est une maladie qui touche les migrants.
Cette maladie du nom d’Ulysse héros très connu de la mythologie grecque, grand voyageur et explorateur, amène le migrant à se retrouver avec une perte d’identité.
Quand on parle d’éloignement tout dépend des liens que l’on entretient avec ceux que l’on quitte et comment on a vécu jusque- là.
Quelqu’un qui a toujours vécu des éloignements progressifs n’appréhendera pas la distance, de la même façon que quelqu’un qui sera coupé des siens brutalement au bout de 20 ans. Et celui qui reste ne vivra pas non plus cet éloignement s’il est entouré de
personnes (famille ou autre) ou s’il se retrouve seul. Nous ne sommes pas tous identiques. Pour certains l’éloignement va être synonyme de liberté, indépendance, pour d’autre peur de la solitude, même s’ils ne le montrent pas
L’éloignement peut causer des émotions très fortes chez certains.
‘’ Garde auprès de toi ceux que tu aimes ; dis- leur à l’oreille que tu as besoin d’eux, aime- les et soigne-les bien, prends le temps de leur dire ‘’je te comprends’’, pardonnes-moi’’,
‘’s’il te plait’’, ‘’merci’’, et tous les autres mots d’amour que tu connais.
GABRIEL GARCIA MARQUEZ – Lettre d’adieu.
Apprendre l’amour en absence : c’est une éducation et c’est possible.