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LE TEMPLE DE SALOMON ET JERUSALEM A L’EPOQUE ROMAINS EN 3D

Article paru sur le site de GEO le 24/02/2020 : Jérusalem : dans les coulisses de la construction du nouveau Temple

Hérode, despote sanguinaire à la solde des Romains, avait beaucoup à se faire pardonner. C’est donc pour gagner la faveur des masses que « l’usurpateur », comme le nommait le peuple, entreprit d’agrandir et d’embellir le cœur même du judaïsme. Son projet était colossal : il voulait tripler la surface occupée par l’ancien sanctuaire. Devant l’incrédulité des prêtres, Hérode employa les grands moyens : il engagea une partie de son immense fortune et recruta 18 000 ouvriers. La plateforme du mont du Temple était en effet située sur une colline naturelle. D’épaisses murailles venaient soutenir l’édifice, aussi large que vingt-cinq stades de football. Illustration simultanée de la puissance d’Hérode et de la grandeur du judaïsme, le mont du Temple représentait, au temps de Jésus, le plus grand chantier du monde antique. En effet, les travaux engagés en 19 avant J.-C. ne s’achevèrent vraiment que quatre-vingts ans plus tard.

Des conditions d’accès à chaque cour strictes

Comme n’importe quel pèlerin de son époque, il a dû suivre un parcours hautement ritualisé pour parvenir jusqu’au sanctuaire. La première cour – la plus vaste, dénommée « cour des Païens » (ou des Gentils) – était bornée par un avertissement en grec et en latin aux accents menaçants : « Défense à tout étranger de franchir la barrière et de pénétrer dans l’enceinte du sanctuaire. Quiconque aura été pris sera lui-même responsable de la mort qui s’ensuivra. » Au-delà de cette limite, la cour des Femmes constituait le dernier espace autorisé aux croyantes et aux enfants de moins de 12 ans. Les Juifs de sexe masculin, eux, pouvaient pénétrer jusqu’à la très étroite cour d’Israël accessible par la porte de Nicanor. La dernière cour, enfin, dite « cour des Prêtres », était réservée aux seuls officiants du Temple. Là, enveloppée des volutes de fumée émanant des autels sacrificiels, se dressait la façade tapissée d’or du sanctuaire. L’édifice flambant neuf atteignait la hauteur d’un immeuble de quinze étages. Sa partie basse, appelée le Saint – qui abritait le Chandelier à sept branches, la Table des pains et l’Autel des parfums –, précédait le Saint des Saints, lieu de séjour supposé de Yahvé, où une dalle de pierre du temps des prophètes avait remplacé l’Arche perdue. Dans cette pièce aveugle, isolée par un rideau, seul le Grand Prêtre avait le droit d’entrer à l’occasion du Kippour.

La cour des Païens, un espace ouvert à tous

Ce lieu de recueillement était environné d’une incessante clameur. Pour remercier Dieu ou lui adresser une requête, vaches, chèvres ou moutons étaient périodiquement immolés sur l’autel de pierre situé dans la cour des Prêtres. Selon la tradition, Marie et Joseph, trop pauvres pour s’offrir une bête à corne, auraient célébré la naissance de leur premier enfant mâle, Jésus, avec un simple couple de tourterelles. Pour la seule fête de la Pâque, des milliers d’agneaux étaient sacrifiés chaque jour à quelques mètres de l’édifice sacré. Mais c’est sur l’esplanade centrale, dans la cour des Païens, que l’agitation était à son comble. A l’époque des pèlerinages, cet espace ouvert à tous – hommes, femmes, hérétiques, infirmes – se transformait en un gigantesque bazar. Si le règlement imposait aux marchands de s’établir hors de l’enceinte, notamment sous les galeries du Portique royal situé le long du mur méridional, nombre d’entre eux contrevenaient à la règle dans l’indifférence générale. Dès le matin, quêteurs, rabatteurs et vendeurs à la sauvette arpentaient le parvis pour appâter le chaland.

Au temps des splendeurs d’Hérode

Vassal des Romains, le souverain qui dirigea la Judée de 37 à 4 avant J.-C. fut un roi tyrannique mais aussi un grand bâtisseur. Visite guidée de sa capitale.

photo 1/7© Gaël Elegoët

Du haut de son palais fastueux, le monarque dominait la capitale

Tout comme le Temple, le palais d’Hérode était construit sur une plate-forme de plus de 50 m de haut. Sur la face nord se trouvaient les tours qui, à la mort du roi, servirent à accueillir les appartements des administrateurs romains. On estime que c’est ici que Jésus fit face à Ponce Pilate lors de son procès.

Non loin du palais, on accédait à l’esplanade du Temple par une rampe en pente, large de 32 coudées (16 m), comme le raconte l’historien de l’époque Flavius Josèphe dans La Guerre des Juifs.

En 23 avant J.-C., Hérode fit bâtir un grand palais. Il était situé à l’ouest, en hauteur, près de l’actuelle porte de Jaffa. De la muraille, le roi pouvait profiter de la vue sur les monts de Judée… et surveiller à distance les travaux du Temple.

Ce palais était doté d’appartements somptueux et de salles de réception capables d’accueillir des centaines de convives. Les vestiges du palais abritent aujourd’hui un musée d’histoire sur Jérusalem.

photo 2/7© Gaël Elegoët

Un édifice qui fait débat

Parmi les nombreux monuments qu’Hérode a fait bâtir, il y aurait cet hippodrome. Selon certains historiens, il aurait été édifié au sud de Jérusalem, près de la synagogue des Affranchis. Mais d’autres en contestent l’existence.

photo 3/7© Gaël Elegoët

Entrez dans le nouveau temple !

La rénovation de l’édifice, à partir de 19 avant J.-C., constitua le plus vaste chantier du monde antique. Il n’en reste aujourd’hui que le mur des Lamentations.

photo 4/7© Gaël Elegoët

Les conditions d’accès à chaque cour étaient strictes

En haut des quinze marches en demi-cercle, la splendide porte de Nicanor ouvrait sur la cour d’Israël, une sorte de «sas» à l’entrée de la cour des Prêtres, accessible seulement aux hommes de plus de 12 ans, qui avaient accompli les rites de purification. Erigée avant même la restauration du sanctuaire, la forteresse Antonia fut probablement la résidence royale d’Hérode avant que celui-ci ne fasse édifier un autre palais. Par la suite, elle servit de poste de guet aux Romains pour le contrôle du Temple. La cour des Femmes constituait le tout premier espace religieux alloué aux croyantes dans un temple du Moyen-Orient. Elle abritait la Chambre des Nazirs, dédiée aux ascètes, et la Chambre des Lépreux, destinée aux anciens malades.

photo 5/7© Gaël Elegoët

La masse monolithique du sanctuaire dominait la cité

Dans le sanctuaire, le Saint, partie du temple affectée au culte, était accessible aux prêtres, tandis que derrière un rideau, le Saint des Saints, pièce de 10 m de côté dépourvue de fenêtre, était réservé au seul Grand Prêtre qui venait y accomplir le rite du Grand Pardon. Dans la cour des Prêtres, l’autel du sacrifice, d’une hauteur de 5 m, était constitué de pierres mal taillées. Vaches, chèvres, moutons sacrificiels y étaient immolés avant d’être suspendus à des crochets, puis dépecés.

Pour aller plus loin

Dossier complet spécial Jérusalem paru dans le magazine GEO Histoire de décembre 2019 – janvier 2020 (n°48).

A.S.: